Galerie du Grand passage à Tours

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
Grand-Passage
37100 Tours - France

Code Insee de la commune : 37261
Indre et Loire [37] - Tours - Centre (Centre-Val de Loire)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
7 Boulevard Heurteloup 37000 Tours

Description :
La Galerie du Grand Passage est la première galerie commerçante de Tours. À deux pas de la gare, elle relie le Boulevard Heurteloup à la rue de Bordeaux. C’est un lieu dédié principalement à la bourgeoisie fervente de lieux de consommation d’une nouvelle génération, qui accueille ses visiteurs dans un cadre chaleureux et lumineux. La Galerie se greffe à des immeubles existants sur les deux rues. C’est une accumulation de formes et de volumes qui vient créer un ensemble harmonieux. Les entrées du passage sont très discrètes. Aucune des deux n’est mise en valeur. Les architectes veillent à garder la lisibilité des façades sur rues. L’entrée du passage est signalée, côté boulevard Heurteloup, par une enseigne en drapeau dotée d’un néon et côté rue de Bordeaux par une enseigne en applique, toutes deux reprennent le motif de la vague que l'on retrouve sur la mosaïque du sol avec l’inscription « Grand Passage ». Les architectes Marconnet et Leseurre imaginent trois allées ondulantes. Deux extrémités relient les rues, la dernière fait la connexion avec le magasin Printemps. La galerie est conçue comme une rue intérieure. Les boutiques se succèdent de part et d’autre à l’image de façades à un étage. Elles sont largement vitrées, un bandeau filant permet l’apposition de l’enseigne et la délimitation du rez-de-chaussée et du premier étage. Cette composition des vitrines permet la création d’un espace homogène, spacieux et lumineux. Les courbes permettent l’animation du lieu, les visiteurs déambulent dans des plis. C’est une nouvelle écriture du passage, qui, traditionnellement, est composée de deux façades linéaires qui se font face. Le sol est recouvert de mosaïques blanches et bleues inspiré des motifs des trottoirs de la baie de Rio de Janeiro. C’est une invitation au voyage, une citation de l’influence des Amériques. Une dalle de béton fait office de toiture. Elle est en surélévation des boutiques latérales et ancrée dans l’îlot central formant comme le manche d’un parapluie. Ce dispositif permet un apport de lumière naturelle important amplifié par trois percements de formes ondulées. La sous-face de la toiture, peinte en blanc réfléchit la lumière plongeant ainsi la galerie dans une lumière diffuse. Au sein de la galerie, les passants peuvent trouver une vingtaine de boutiques à étage. Les commerces, tous de tailles différentes, disposent d’une mezzanine servant de réserve, de bureau ou d’espace commercial supplémentaire. La Galerie du Grand passage n’a pas été uniquement imaginée comme un lieu de consommation, elle propose divers services peu présents dans ce type de structure. Aux entrées, des garages à vélos sont créés. Dans le manche du parapluie est présent une banque d’accueil afin de renseigner les usagers, des sanitaires, un téléphone et une conciergerie. Deux étages de logements sont créés pour les commerçants au-dessus du noyau central. C’est le seul volume qui émerge de la grande dalle de béton. L’accès se fait par une porte grise entre deux boutiques. Au sous-sol, on trouve un système de chauffage centralisé. Il chauffe et alimente en eau chaude les commerces et les logements. La vidéo sur La construction du Grand Passage à Tours permet d’imaginer l’ampleur du chantier. Les accès ne sont pas aisés et le raccordement du nouvel édifice avec les anciens est délicat. Le renforcement de ces derniers est réalisé avec des poutres métalliques (annexe 10) alors que la structure nouvelle est conçue en béton armée permettant la création des lignes courbes inspirées de l’architecture brésilienne. La Galerie du Grand Passage est le résultat d’un travail minutieux inspiré d’ailleurs. Les lignes courbes sont mises en évidence par une peinture jaune. Les tranches des dalles sont, quant à elles, peintes en rouge afin de souligner l’horizontalité, la fluidité : la ligne s’évade dans les dédales de la galerie. Le travail de la couleur reste semblable à celui de Le Corbusier et d’Oscar Niemeyer. Il est là pour renforcer la structure de l’architecture et non pour la décorer. La couleur donne tout son sens à cet espace. Ce lieu, destiné aux commerces, est également un lieu de rencontres, de bien-être. Le Grand Passage est le levier d’une dynamique faisant de cet espace un lieu unique. En plus du syndicat, créé pour la gestion du bien, un groupement est mis en place pour l’animation de la galerie. Le Grand Passage est un immeuble qui a une âme, un caractère. L’architecture accompagne la volonté d’un lieu unique.

Historique :
Dans les années 50, la France, fortement dévastée par la Seconde Guerre mondiale doit se reconstruire rapidement. Le modernisme, l’hygiénisme, la construction sérielle sont de rigueur. Des architectes comme Le Corbusier et Henri Sauvage portent ces idées. En septembre 1947, la publication d’un numéro spécial du périodique Architecture d’Aujourd’hui (Fig. 1) consacré à l’architecture brésilienne bouleverse les convictions et les pratiques de nombreux architectes. C’est la première parution en France consacrée à un pays étranger. Il présente un vaste panorama de l’architecture au Brésil de 1935 à 1947 et consacre un dossier à la station balnéaire de Pampulha d’Oscar Niemeyer (Fig. 2). Une exposition, réalisée par l’architecte lui-même précède ce dossier. Elle présente tout le savoir transmis par Le Corbusier. En effet, ce dernier a eu une grande influence sur l’architecture brésilienne. En 1929, il donne plusieurs conférences à Rio de Janeiro. À cette époque, Oscar Niemeyer entre à l’école des beaux-arts de Rio et travaille avec Lucio Costa qui collabore avec Le Corbusier. Le courant brésilien est donc caractérisé par le modernisme, les relations importantes qui s’opèrent entre l’intérieur et l’extérieur de l’édifice mais aussi par ses lignes courbes. Tout comme chez Le Corbusier, le béton est le matériau principal des constructions. Il permet de réaliser toutes les formes envisagées. La publication du numéro 13-14 d’Architecture d’Aujourd’hui est donc un double mouvement d’idées entre l’Europe et les Amériques. Les répercussions de la publication ne sont pas immédiates. La reconstruction de la ville de Royan (1945-1950) est le premier exemple significatif. D’autres projets, d’ampleurs moins importantes sont également réalisés en France par la suite. La Galerie du Grand Passage de Tours en fait partie. C’est dans ce contexte architectural d’après guerre, que la ville de Tours doit se reconstruire. Violemment touchée, de nombreux immeubles du centre-ville sont détruits ou fortement endommagés. La municipalité, envisage donc un plan de reconstruction ambitieux qui vise à faire de Tours une ville moderne. Le projet global dit « Projet Dorian » est approuvé lors du conseil municipal du 23 juillet 1945. Il n’est pas réalisé en raison de sa démesure. La Galerie du Grand Passage fait partie des projets conçus par la suite de façon indépendante. C’est le début des Trente Glorieuses, la ville a besoin d’un nouveau lieu de commerces ; un lieu moderne, venu d’ailleurs, répondant aux attentes des Tourangeaux. Trois commerçants sont à l’initiative de la Galerie du Grand Passage : M. Riehl (commerce du Petit Louvre), M. Ropin (magasin Frigidaire) et M. Lefroid (magasin de meubles). Ils créent ensemble une société immobilière pour la construction de la galerie.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Marconnet Jean (architecte), Leseurre (architecte)

Datation de l'édifice :
1952

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2015