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Crédit photo : segolene fausten - Sous licence Creative Commons
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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
route de Roseneau
68680 Kembs - France
Code Insee de la commune : 68163
Haut Rhin [68] - Colmar - Alsace (Grand Est)
Description :
En établissant l’avant-projet général du Grand Canal d’Alsace, René Koechlin était parti de trois principes majeurs. Tout d’abord, la chute totale disponible entre l’extrémité du remous (frontière suisse) et Strasbourg devait être partagée, autant que possible, en chutes à peu près égales. Ensuite, la différence de niveaux entre le plan d’eau maximum dans les canaux et le sol ne devait en aucun cas être supérieure à 9 mètres. Pour finir, les bâtiments des turbines devaient être situés autant que possible près du Rhin de manière à raccourcir les canaux de fuites provisoires rendant l’eau au Rhin. Le canal de Kembs, qui constitue la première des huit sections du Grand Canal d’Alsace, s’embranche sur le Rhin au kilomètre 5,0 de la rive française, c’est-à-dire à 5 kilomètres de la frontière suisse. Un grand barrage mobile est établi au kilomètre 5,5 où il relève le niveau du Rhin d’environ neuf mètres en basses eaux, le seuil du barrage étant établi au niveau moyen du Rhin. Le canal d’amenée sert à la navigation et à l’alimentation des turbines. Avant d’arriver à l’usine, il se sépare en deux branches, l’une réservée exclusivement à la navigation, l’autre exclusivement à l’amenée d’eau aux turbines. L’usine de Kembs comporte six turbines-alternateurs à axe vertical et deux turbines Kaplan qui produisent en moyenne 920 millions de kWh. Le bâtiment dans lequel sont logés les turboalternateurs et qui forme séparation entre la canal d’amenée et le canal de fuite a une longueur entre rives d’environ 130 mètres. La largeur des maçonneries entre la grille amont et le parafouille du radier aval est de 96 mètres. Le bâtiment est prolongé sur la rive gauche pour permettre le passage des wagons de chemin de fer à voie normale sous le pont roulant. Dans l’aile de bâtiment ainsi formée sont disposés : dans les deux étages en sous-sol les batteries d’accumulateurs, les transformateurs et tableaux des services auxiliaires de la centrale et un atelier de réparation, au rez-de – chaussée le logement du concierge, et un magasin, au premier étage des bureaux, au second étage la salle de répartition des câbles de commande et de signalisation et le poste central téléphonique, au troisième étage le tableau des compteurs en enfin au quatrième étage la salle de commande qui centralise toutes les manœuvres et d’où l’on contrôle toutes les installations. Le bâtiment des turbines proprement dit est divisé par des cloisons principales transversales en six sections correspondant aux six groupes turbo-alternateurs. Trois cloisons verticales transversales et une cloison horizontale partagent chaque section en 8 canaux ; les quatre canaux inférieurs conduisant l’eau à la turbine après son passage par la grille, tandis que les canaux supérieurs sont fermés par deux vannes, la vanne du haut pouvant être abaissée pour le passage de la glace ou relevée, ainsi que la vanne inférieure, pour servir de déversoir. Les façades sont de style Art déco. L’usine est édifiée en béton. À l’intérieur, certains éléments de mobilier en bois, notamment des tables et un espace d’expositions portant sur les autres usines hydroélectriques de la région, sont probablement des modifcations des années 1960. Il est à relever également l’intérêt de l’usine de Vogelgrun. En complément de son intérieur de style Art déco, la centrale a fait l’objet d’une mise en valeur particulière : une fresque en façade extérieure éclairée la nuit, un poste électrique en couleurs avec des pylônes éclairés, un jardin typiquement rhénan ainsi que le « Jardin des Nixes » qui conduit à une passerelle-exposition aménagée pour que les visiteurs puissent voir la très belle salle des machines.
Historique :
Le Rhin, à sa sortie de la Suisse, est alimenté par un bassin de 35 930 km2 dont 700 km2 de glaciers et 1 000 km2 de lacs. L’idée d’utiliser la force motrice du Rhin entre Strasbourg et Bâle avait déjà été formulée dans la première moitié du XIXe s. par l’ingénieur hydraulicien Fourneyron, dans un mémoire qu’il présenta en collaboration avec Émile Koechlin1 à l’Académie des Sciences en 1837. Il se proposait de dériver du Rhin, à Huningue, 40 m3 d’eau par seconde et de les amener par un canal de 40 mètres de largeur et 130 kilomètres de longueur aux environs de Strasbourg, après avoir traversé les villes d’Alsace les plus manufacturières. La pente totale de 104 mètres était divisée en 30 chutes réparties convenablement le long du parcours, de manière à créer pour l’industrie une puissance totale de 40 000 CV ; le canal aurait servi à la navigation. Si intéressant que fut ce projet, il est complètement tombé dans l’oubli et n’eut aucune suite. C’est en 1893, soit un an après la loi déclarant d’utilité publique l’aménagement de l’usine hydroélectrique de Jonage sur le Rhône, que l’ingénieur René Koechlin conçut l’idée d’utiliser l’énergie du Rhin au profit de l’industrie mulhousienne. Mais ce ne fut qu’en février 1902 qu’il fut en mesure de présenter son premier projet d’utilisation à la Société industrielle de Mulhouse. À la suite de cette communication, les principaux industriels signèrent une pétition au gouvernement d’Alsace – Lorraine en faveur du projet. La procédure de concession s’est poursuivie pendant dix ans, entre 1902 et 1912, auprès des gouvernements d’Alsace-Lorraine et du Grand-Duché de Bade. Le projet a été remanié et modifié un grand nombre de fois, pour répondre d’une part à des exigences toujours nouvelles, d’autre part aux progrès que la science avait réalisés pendant cette période. La Commission centrale pour la navigation sur le Rhin avait également donné son assentiment avant la guerre. Suite à la Première Guerre mondiale, le commissaire général de la République en Alsace-Lorraine, Millerand, reconnaît l’importance de l’aménagement du Rhin et c’est sous ces auspices qu’est déposé, le 9 juillet 1919, par René Koechlin et par la Société des forces motrices du Haut-Rhin, le projet du canal latéral au Rhin, appelé ensuite Grand Canal d’Alsace. Ce projet comporte l’établissement d’un canal parallèle au feuve avec huit chutes successives. Les dispositions de ce projet ont servi de base au plan défnitif. En même temps que ce projet d’ensemble, les Forces motrices du Haut-Rhin déposèrent un projet détaillé pour l’exécution du premier tronçon du canal (avec son usine à Kembs), ainsi qu’une demande de concession en faveur de cette Société. Plus tard, la Société et René Koechlin fondent la société Énergie Électrique du Rhin qui est le maître d’ouvrage de cette réalisation. Le projet est définitivement adopté en 1922. L’usine hydroélectrique est inaugurée en 1932 par le président de la République Albert Lebrun. Par la suite, neuf autres installations hydroélectriques sont mises en service : Ottmarsheim (1952), Fessenheim (1956), Vogelgrun (1959), Marckolsheim (1961), Rhinau (1963), Gerstheim (1967), Strasbourg (1970), Gambsheim (1974) et Iffezheim (1977). La force motrice du Rhin, transformée en électricité à l’usine hydroélectrique de Kembs, provient pour 80 % du territoire français et pour 20 % du territoire suisse. EDF en assure l’exploitation depuis 1946 en vertu de deux contrats de concession complémentaires, l’un français, l’autre suisse, expirant le 31 décembre 2007.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Koechlin René (architecte)
Datation de l'édifice :
1928, 1932
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2015