Station de pompage dite usine élévatoire de Clichy à Clichy

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Architecture Contemporaine Remarquable Station de pompage dite usine élévatoire de Clichy situé à Clichy

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
quai de Clichy ; rue Fournier
92110 Clichy-la-Garenne - France

Code Insee de la commune : 92024
Hauts de Seine [92] - Nanterre - Ile de France (Ile-de-France)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
34 Quai de Clichy - Charles-de-Gaulle 92110 Clichy

Description :
Le bâtiment principal de l’usine élevé en 1935-1937 est implanté à l’angle de la rue Fournier et du quai de Clichy, sur une parcelle fermée d’une grille en fer reposant sur un muret de pierres meulières. Il s’agit d’un édifice de plan rectangulaire, construit en béton avec un remplissage de briques. Des galeries techniques sont disposées au sous-sol. Elles sont surmontées au rez-de-chaussée par un vaste espace sans cloisonnement abritant les machines élévatoires. Cette salle bénéficie d’un important éclairage naturel produit par les larges baies qui rythment la façade, associées à l’utilisation de piliers quadrangulaires en structures portantes, une combinaison qui permet en outre d’accentuer l’aération d’un site susceptible de souffrir d’effluves incommodantes. Dans un coin de la salle, un escalier conduit à l’étage partiel. L’ensemble est couvert par deux toits en terrasses, l’un à l’arrière, étant légèrement plus bas que celui coiffant la partie du bâtiment côté Seine. L’édifice est traité dans un style Art déco associant la sureté des lignes architecturales à une décoration extérieure sobre et efficace. A l’origine, les façades ne sont pas recouvertes des carreaux blancs visibles aujourd’hui, ce décor étant apparu entre 1983 et 1996, tout comme la peinture bleue des poteaux extérieurs. Loin de la bichromie actuelle, les photographies anciennes laissent deviner des façades à la tonalité probablement plus grise, avec un béton laissé nu ou enduit, et des pilastres côté Seine pourvus pour la plupart de cannelures désormais disparues. Les ornements en fer forgé ont en revanche survécu, tant la grille et le portail le long de la rue Fournier, que les éléments décoratifs marquant l’entrée principale côté Seine et constitués du blason de la Ville de Paris, daté de 1937, surmontant l’inscription « USINE ELEVATOIRE DE CLICHY ». Un jardin d’agrément doté de pergolas, de hauts vases et de bancs, dont quelques traces subsistent encore, précède originellement cette façade sur le fleuve. Derrière cet édifice principal, au sud-est, s’étalent aujourd’hui d’importants bâtiments en béton, brique et revêtement métallique, construits à l’emplacement où jusqu’en 1975 s’élevaient les restes de l’ancienne usine de 1890, conservés lors des travaux de 1935-1938. On trouvait alors, dans les extrémités sud-est et sud-ouest de la parcelle, un logement de fonction et des ateliers. En 1938, de l’autre côté de la rue Fournier, il existe deux bassins de dégrossissage où aboutissent les trois collecteurs d’égouts parisiens dits d’Asnières, Marceau et de Clichy, que la nouvelle usine a pour mission de traiter. Ces deux bassins (60 x 15 x 2,50 m pour l’un, 102 x 32 x 4,50 m pour l’autre) sont longés d’un canal de fuite d’où les péniches peuvent charger puis évacuer les matières lourdes destinées à servir d’engrais. Les pompes abritées dans la salle principale du nouveau bâtiment aspirent les eaux résiduelles, qui après filtrage sont renvoyées vers la plaine de Gennevilliers ou l’usine de Colombes, par l’intermédiaire d’un siphon franchissant la Seine puis d’un aqueduc.

Historique :
En 1890, une usine élévatoire des eaux est construite par la Ville de Paris à Clichy, à l’angle de la rue Fournier et du quai de Clichy, sur un site où depuis les travaux haussmanniens du Second Empire aboutissent les conduits des principaux collecteurs des égouts de Paris. Pourvue de pompes à vapeur et d’un bassin de décantation en lien direct avec la Seine, l’usine a alors pour vocation de traiter environ 4/5e des eaux usées de la capitale. Celles-ci se déversent dans le bassin de dégrossissage, au fond duquel les matières lourdes se déposent, puis les eaux résiduelles sont aspirées par des machines élévatoires et envoyées par l’intermédiaire d’importantes canalisations dans les champs d’épandage de Gennevilliers ou à l’usine de Colombes, qui les rejette à son tour vers les plaines maraîchères d’Achères, Pierrelaye et Triel-sur-Seine. Les matières lourdes sont quant à elles hissées sur des péniches avant d’être transformées en engrais, tandis que le surplus des eaux ne pouvant être absorbé par les terrains d’épandage est reversé dans la Seine par le biais d’un canal de fuite. L’exceptionnelle crue de la Seine de janvier 1910 met en évidence les limites d’un tel système et la nécessité de transformer l’usine : les pompes ne parvenant pas à aspirer le trop-plein d’eau du bassin vite submergé, une grande partie des eaux d’égout reflue directement vers le fleuve et les collecteurs. En 1919, un nouveau bassin est construit de l’autre côté de la rue Fournier, puis en 1927, l’extension de l’usine est décidée. Les 13-14 juillet 1927, un premier projet de construction d’usine est approuvé par le Conseil municipal de Paris. Un concours est alors ouvert, mais aucune proposition n’apportant satisfaction, le programme est ajourné. Finalement en février 1932, le Conseil municipal décide la construction d’une nouvelle usine, et le 10 avril 1933, le cahier des charges du concours est arrêté. Celui-ci prévoit le remplacement de l’usine élévatoire par un établissement moderne doté de puissantes pompes électriques et de pompes Diesel, capable, en temps de crue, d’isoler les bassins de dégrossissage de la Seine. Le cahier des charges précise en outre qu’ « en ce qui concerne le bâtiment des machines proprement dit, toute latitude est laissée aux concurrents pour les dispositions à adopter, étant entendu qu’il s’agit de réaliser une construction soignée, d’un aspect satisfaisant, répondant aux conditions que doit remplir une usine moderne. L’esthétique de la façade sur le quai de Clichy sera particulièrement étudiée. » Une partie des bâtiments de l’ancienne usine, implantée au sud-est de la parcelle, doit néanmoins subsister. Le 27 juin 1934, le projet de la société Beaudrey et Bergeron, spécialisée dans les pompes élévatoires, et de ses sous-traitants Alsthom (installations électriques), Sulzer (groupes Diesel de crue) et Zublin-Perrière (construction des bâtiments) remporte le concours, à condition notamment que la façade soit « retouchée de concert entre les soumissionnaires, M. l’architecte en chef Lefol et M. l’ingénieur en chef Koch ». Il semble donc que la conception du volet architectural de l’usine soit due au bureau d’études des « Anciens Etablissements Ed. Zublin et Cie et A. Perrière et Cie », sous la surveillance de l’architecte en chef de la Ville de Paris Gaston Lefol (1874-1940) et de l’ingénieur en chef de la section assainissement de la Seine, Pierre Koch. Le chantier, auquel participe également pour une part difficile à cerner la « Société auxiliaire d’entreprises électriques et de travaux publics », ouvre au cours du premier semestre de 1935. En avril 1936, les travaux d’infrastructures sont encore en cours ; en août de la même année, les piliers de la façade sur le quai commencent à être dressés. L’essentiel du bâtiment de l’usine est terminé en 1937, date inscrite sur la façade principale. Le chantier se poursuit néanmoins l’année suivante, avec l’achèvement des installations techniques, liées notamment aux bassins, aux conduits et aux pompes, qui sont testées en juin 1938. En février 1939, l’usine était déjà en fonctionnement et les travaux terminés, à l’exception de la clôture en cours de modification et de plantations à prévoir.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Anciens Etablissements Ed. Zublin et Cie (entrepreneur), Perrière et Cie A. (entrepreneur)

Datation de l'édifice :
1935, 1938

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2018