Cinémathèque française (ancien American Center) à Paris 12e Arrondissement

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
"43-51 rue de Bercy ; 1-9 rue Jean-Renoir ; 50-56 rue Paul-Belmondo ; 1-7 rue Léonard-Bernstein"
75012 Paris 12e Arrondissement - France

Code Insee de la commune : 75112
Paris [75] - Paris - Ile de France (Ile-de-France)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
53 Rue de Bercy 75012 Paris

Description :
Le programme initial de Gehry abritait, sur 17 000 m², une grande mixité de fonctions puisque l’American Center fait office d’ambassade culturelle américaine à Paris. Il doit aussi être un lieu d’accueil et de formation en proposant 26 logements, un restaurant, une cafétéria, une librairie, une agence de tourisme et d’information, une école de langue, une salle de spectacle de 400 places réparties sur trois niveaux, ainsi qu’une salle de cinéma de 100 places, des équipements informatiques et audiovisuels, des ateliers, des salles de répétition, des espaces pédagogiques, des salles d’exposition et des bureaux pour l’administration de l’association American Center. La partie culturelle occupait plus de la moitié des surfaces. Les commanditaires espéraient un objet extraordinaire qui se distinguerait dans son milieu urbain et qui traduise l’esprit de son temps et de son programme. Frank O. Gehry produit un emboîtement de volumes variés qui ressemble à un jeu de hasard architectural. La parcelle retenue est isolée des parcelles bâties voisines par des voies sur tous les côtés (certaines uniquement piétonnières). Elle est régulière et présente une forme approximativement carrée, de 50 m. de côté, avec un pan coupé permettant de disposer d’une façade sur le parc de Bercy. C’est cette façade qui reçoit le traitement si caractéristique de la signature de Gehry. Le bâtiment voisine avec une opération de logement en construction (Jean-Pierre Buffi, architecte, réalise alors l’essentiel du front bâti sur la rue de Bercy). L’une des contraintes du site réside dans l’obligation de construire un gabarit identique à celui situé de l’autre côté de l’accès au parc (actuel Novotel Bercy). En outre, un parement de pierre est lui aussi imposé, élément du cahier des charges qui déplaisait le plus à Frank Gehry dans ce projet. L’édifice est conçu comme un U entourant un vaste patio central couvert par une verrière. Les espaces et les volumes s’organisent en périphérie ce grand vide très lumineux destiné à l’accueil et aux échanges. Cet espace s’organise intérieurement sur deux niveaux, un hall en rez-dechaussée s’ouvrant sur la façade déstructurée et un hall supérieur sous la verrière, disposant d’un belvédère, les deux parties étant reliées par des escaliers. Ces zones de circulation sont dominées par un escalier et sa passerelle, situés dans les parties hautes de l’édifice, donnant l’illusion de se trouver dans une ruelle entre de hauts immeubles. Tout l’aménagement du grand hall joue sur la confusion des intérieurs et des extérieurs. Le bâtiment se développe sur trois niveaux en sous-sol et en équivalent R+7 en élévation, cette organisation générale cache près de quarante niveaux intermédiaires. La forme déconstruite de l’édifice rend obligatoire ce type de stratification. Lors de la reconversion, cet état de fait constituera l’une des données contraignantes majeures pour réaménager les distributions. L’Atelier de l’Île a dû tirer parti des espaces interstitiels et trouver des volumes creux pour augmenter les capacités du bâtiment. Ainsi, par exemple, l’une des poutres monumentales en béton, vide à l’intérieur, qui traverse tout l’édifice, a été percée, modifiée et réinvestie par des espaces utiles. A l’extérieur, l’entrée est marquée par une marquise inclinée surmontée par plusieurs volumes. Comme sur l’ensemble du bâtiment, ces empilements de volumes portent de multiples terrasses masquées aux yeux du passant par des parapets qui sont en continuité directe avec les façades et leur parement. Les façades nord-est et sud-est sont moins mouvementées que l’angle ouest, qui donne sur le parc. L’angle nord-ouest présente un enchaînement régulier d’ouvertures carrées ou rectangulaires (parties initialement prévues pour des logements, actuellement dévolues à des bureaux). Le bâtiment présente également des façades intérieures s’ouvrant sur la terrasse centrale, qui comprend en son centre le volume saillant de la grande verrière. L’élément majeur de cette partie est le massif arrondi dit « l’ananas », qui ne se révèle, lui aussi, que pour les usagers des étages. Les façades sont recouvertes de plaques de pierre blonde. Une fois passée la déception qu’il manifesta devant cette contrainte, Gehry choisit un calcaire jaune issu d’une carrière installée près de Chantilly dans l’Oise. Le parement est constitué de pierre mince, de 3 cm. d’épaisseur, cachant l’isolation extérieure. Les plaques dessinent un calepinage décalé formant la peau de l’édifice.

Historique :
Le centre culturel American Center, (ou Centre américain de Paris) est une association fondée dans les années 1920. Elle s’installa en 1934 au 261 boulevard Raspail, dans un bâtiment construit par l’architecte William Welles Bosworth. Dans les années 1960 en particulier, il s’agissait d’un lieu privilégié de la vie artistique. Des concerts de blues ou de jazz, ainsi que des expositions et des conférences y étaient organisés. Dans les années 1990, le bail emphytéotique de 60 ans qui avait été signé arrivant à échéance, et un projet d’hôtel se dessinant sur cet emplacement (la Fondation Cartier y sera finalement construite en 1994), l’association culturelle se mit en quête d’un autre lieu pour écrire une page nouvelle de son histoire. La ZAC de Bercy est alors un lieu prometteur, symbole de renouvellement de la pensée urbaine, avec des gabarits bâtis à échelle humaine et une part très importante d’espaces verts au contact de la Seine. L’American Center y voit l’occasion de s’implanter dans un quartier amené à devenir un lieu de vie (logements, loisirs, bureaux). Le maître d’œuvre du nouvel édifice culturel est choisi le 25 avril 1988 à l’issue d’une consultation. Parmi les participants se trouvent Richard Meier, Robert Venturi, E.L. Barnes, César Pelli, Michael Graves, SITE, James Polshek, Charles Gwathmey, H Hardy et Frank O. Gehry. Ce dernier remporte la consultation. Il produit jusqu’en décembre 1988 de nombreux dessins, esquisses et maquettes avant de proposer un projet définitif. Gehry devait être associé à un architecte français pour le suivi des travaux et les questions administratives. Sur les quatre propositions qui lui sont faites, Gehry choisit de travailler avec Saubot & Jullien, qui sont alors forts de leur expérience similaire sur le chantier de l’opéra Bastille pour Carlos Ott. Le permis de construire est accordé en avril 1990. Le chantier débute presque un an plus tard, en mars 1991. Le coût total de l’opération s’élève à 41 millions de dollars. Pour le temps des travaux (1991-1993), l’équipe de l’American Center s’installe rue de Bercy dans un bâtiment temporaire conçu par l’architecte anglo-iranien Nasrine Seraji. Le nouvel American Center est inauguré le 7 juin 1994. La baisse des subventions privées américaines et des problèmes de gestion du nouveau site entraînent la fermeture de l’American Center, seulement dix-huit mois après son inauguration. Le lieu a perdu également une partie de ses fidèles : le choix de nouvelle localisation s’avère défavorable, Bercy peine à attirer en raison de son caractère de chantier perpétuel depuis la fin des années 1980. Inoccupé, l’édifice est alors racheté par l’Etat français en 1999 pour 21 millions de dollars, afin d’y réunir, dans une Maison du Cinéma, deux associations culturelles qui doivent fusionner : la Cinémathèque française (dont le nom restera celui de la nouvelle entité) et la Bibliothèque du Film (BiFi), créé en 1992. Ces institutions doivent cohabiter également avec le services des archives du Film et du Dépôt légal dépendant du Centre national du Cinéma et de l’Image animée (CNC). Le changement d’usage entraîne une restructuration complète et colossale (33,9 millions d’euros), menée par Dominique Brard pour son agence l’Atelier de l’Île. Soucieux de respecter l’édifice de Frank Gehry mais tenu par un cahier des charges qui imposait d’insérer dans le bâtiment de nombreux équipements pour lesquels il n’avait pas été conçu, Dominique Brard réussit le tour de force de tirer parti d’espaces techniques ou de vides dans les structures pour augmenter la surface disponible dans le bâtiment. Il est contraint de transformer totalement le théâtre réalisé par Gehry, et réalise également un agrandissement considérable de la salle de cinéma (de 100 à 413 places), qui doit devenir évidemment un élément essentiel du nouveau programme. Un étage supplémentaire est inséré dans l’édifice pour abriter les collections muséales permanentes. L’édifice est inauguré pour la seconde fois, le 26 septembre 2005.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Frank O.Gehry&Associates Inc. (architecte mandataire), Saubot et Jullien Associés (agence), Cieren Philippe (architecte), Rouit Jean (architecte), Atelier de l'île (agence), Brard Dominique (architecte)

Datation de l'édifice :
1988, 1994

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2018