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Crédit photo : Arthur Weidmann - Sous licence Creative Commons
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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
1, rue des Fossés-Saint-Bernard
75005 Paris - France
Code Insee de la commune : 75105
Paris [75] - Paris - Ile de France (Ile-de-France)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
27 Quai Saint-Bernard 75005 Paris
Description :
Le programme de l’Institut est triple : développer et approfondir l’étude et la compréhension du monde arabe en France, favoriser les échanges culturels, et participer à l’essor des rapports entre la France et cette partie du monde. L’immeuble d’une surface de 26 900 m² comprend des locaux destinés à l’administration de la Fondation, une bibliothèque-centre de documentation de 2 500 m² (40 000 volumes à l’origine), un musée d’art et de civilisation arabes de 4 400 m² avec une salle d’exposition temporaire de 500 m², un auditorium de 400 places (760 m²) et un restaurant de 600 m². Jean Nouvel explique que le projet est parti de deux idées. La première, que le site est une charnière entre quartiers anciens et quartiers modernes – et qu’ainsi il ne fallait pas seulement le regarder dans la continuité des quais, mais aussi en rapport avec la réalité brutale et discontinue de l’espace des facultés de Jussieu – ; la seconde étant que le projet devait exprimer l’intériorité de la civilisation arabe. Cet équilibre est trouvé en jouant sur les pleins et les vides, un vaste espace public (la place Mohammed-V et le parvis) étant laissé libre au sud de la parcelle. Le plan adopte la forme d’un quadrilatère dont une extrémité est pincée par la courbure du grand côté nord. Ce côté épouse ainsi le tracé du fleuve et de la parcelle. Le bâtiment est coupé en deux par une faille, revêtue de petits carreaux de marbre blanc de Thassos sur une trame en aluminium, qui aboutit sur un patio à ciel ouvert, du quatrième au neuvième étage. Il exprime « l’intériorité caractéristique de l’architecture du monde arabe », selon les maîtres d’œuvre. La façade nord comprend un soubassement en pavés de verre sur des modules qui évoquent des bossages. Le mur-rideau supérieur est rythmé de manière à suggérer des lits horizontaux de pierre. La façade sud, quant à elle, comprend 240 moucharabiehs munis de 30 000 diaphragmes à cellule photo-électrique, mobiles selon l’ensoleillement. Elle repend ainsi les thèmes décoratifs géométriques du monde arabe et les mâtine de technologies nouvelles. Le découpage géométrique de la façade sud est rappelé par le dessin du pavage de l’esplanade formant parvis (place Mohammed-V et sa continuité). Cet espace comprend une entrée monumentale, côté rue des Fossés-Saint-Bernard, représentant un octogone évidé dans un cube de marbre blanc. A l’extrémité du volume bâti sud se trouve la tour des Livres de la bibliothèque dont on aperçoit en transparence la montée hélicoïdale. Dans le projet de concours, l’IMA devait atteindre 36 mètres de hauteur. Il en perd finalement cinq pour se conformer aux exigences du plan d’urbanisme et aux règles de covisibilité du Panthéon. Cette diminution a eu pour conséquence un abaissement des hauteurs des niveaux, avec certains espaces ne dépassant pas 2,05 mètres sous plafond. Le bâtiment compte cependant bien dix niveaux, et les différentes fonctions occupent parfois plusieurs étages, en totalité ou en partie. La salle du Haut Conseil, les espaces de restauration et la terrasse occupent le dernier étage, qui jouit agréable vue sur les îles de la Seine. La structure générale comprend un enchevêtrement de poteaux et de poutres articulés. Les poteaux verticaux sont en acier remplis de béton. Les poutres métalliques sont couvertes de staff peint (côté nord). La stabilité est assurée par les dalles de plancher qui buttent sur le bloc massif de la structure. D’un point de vue technique et esthétique, les éléments les plus novateurs (et dont la réalisation représenta en outre un budget conséquent) sont les 240 moucharabiehs mobiles, produits industriellement par l’entreprise CGEE-Alsthom. Les diaphragmes fonctionnent comme ceux d’appareils photographiques. La fermeture et l’ouverture des lames en aluminium peuvent se faire manuellement ou être commandées par une cellule photoélectrique située sur la couverture de l’édifice. Il y a deux moteurs électriques par panneau (un seul par panneau actuellement). Les panneaux carrés sont pris entre un double vitrage extérieur et un simple vitrage intérieur. Ce dernier s’ouvre pour laisser pivoter le panneau en vue de sa réparation ou de son nettoyage. Ce système à diaphragmes, élément de grand intérêt et véritable signature de l’édifice pour le grand public, a connu des dysfonctionnements. Cependant, il a été récemment restauré, ce qui est heureux pour la cohérence du programme et le respect de sa valeur architecturale.
Historique :
L’institut du Monde arabe est une fondation de droit français, créée par la France et dix-neuf États arabes pour favoriser la connaissance de la culture et de la civilisation arabes par le public français et international. Le projet a été proposé par la France dès 1974, mais l’acte de fondation n’est signé au ministère français des Affaires étrangères que le 28 février 1980. Les vingt États fondateurs sont : l’Algérie, l’Arabie saoudite, Bahreïn, Djibouti, les Emirats Arabes Unis, l’Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, Oman, le Qatar, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie, le Yémen du Nord, le Yémen du Sud et la France. Ces États furent rejoints par les autres membres de la Ligue arabe : la Libye en 1988, l’Egypte et la Palestine l’année suivante. Les statuts de l’Institut ont été solennellement ratifiés le 23 juin 1980. Ils sont entrés en vigueur le 14 octobre 1980, date à laquelle un décret a conféré à la Fondation la personnalité juridique et la qualité d’établissement d’utilité publique. Le fonctionnement de l’Institut est, dès l’origine, confié à deux organes : un Haut Conseil (38 membres) et un Conseil d’administration (12 membres). Le président de l’Institut est élu par le Conseil d’administration sur proposition de l’Etat français. Depuis 2012, l’Institut a ouvert une antenne à Tourcoing, devenue autonome trois ans plus tard (IMA-Tourcoing). L’ancien ministre de la Culture Jack Lang préside l’institution depuis 2013. La construction de l’IMA s’inscrit dans la politique des Grands Travaux de François Mitterrand, bien qu’elle ait été décidée sous le septennat de Valéry Giscard d’Estaing en vue d’améliorer les relations diplomatiques et culturelles avec les pays arabes, en particulier dans le contexte des crises pétrolières. Le siège de l’IMA est alors provisoirement installé au 40, rue du Cherche – Midi (VIe arrondissement) dans un immeuble ancien, et un projet d’Henry Bernard doit voir le jour dans le XVe arrondissement de Paris. L’histoire de ce projet est mouvementée, et les recours administratifs nombreux. L’édifice d’Henry Bernard devait prendre place boulevard de Grenelle, sur une parcelle portant alors des terrains de sport. Après une lutte féroce engagée avec les riverains, l’Etat l’emporte et les travaux sont sur le point de commencer lorsque se tiennent les élections présidentielles de 1981. Le projet est alors gelé jusqu’à ce que la Ville de Paris propose plusieurs terrains : quai de Javel, parc Montsouris et angle des quais de Seine et de la rue des Fossés-Saint-Bernard. Ce dernier site (8 000 m2) appartient alors à l’université de Paris, et devait abriter une caserne de pompiers. Le terrain, davantage en lien avec la fonction traditionnelle de transmission de la connaissance dévolue au Quartier latin, aux abords du jardin des Plantes, du site universitaire de Jussieu et de la Grande Mosquée de Paris, est finalement attribué par l’Etat au programme de l’IMA. Un nouveau concours est lancé suite à l’impulsion nouvelle donnée par François Mitterrand. Il s’agit d’une consultation sur esquisse (un mois, 80 000 francs de rémunération) entre sept équipes d’architectes : Henri Ciriani, Edith Girard, Yves Lion, Gilles Perraudin, Christian de Portzamparc, Roland Castro et Jean Nouvel, qui s’était joint à l’équipe d’Architecture-Studio. Les projets sont rendus le 17 novembre 1981. Le comité d’examen, présidé par Joseph Belmont, sélectionne trois projets (Henri Ciriani, Edith Girard et Jean Nouvel). La consultation est remportée par l’équipe de Jean Nouvel et Architecture-Studio, qui sera gratifiée plus tard de l’Equerre d’argent (1987) et du Prix d’architecture de l’Agha Khan pour cet édifice.
Architecte ou maître d'oeuvre :
"Nouvel Jean (architecte), Lézénès Gilbert (architecte), Soria Pierre (architecte), Architecture Studio (agence), Robain Martin (architecte, agence Architecture Studio), Galmiche Jean-François (architecte, agence Architecture Studio), Tisnado Rodo (architecte, agence Architecture Studio), Bonne Jean-François (architecte, agence Architecture Studio)"
Datation de l'édifice :
1987
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2016