Précision de la localisation : 6 - A priori satisfaisante >> Votre avis :
Crédit photo : Cyrilb1881 - Sous licence Creative Commons
Street View Connectez-vous à votre compte pour améliorer la localisation de ce bâtiment
Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
137 avenue de la République
91230 Montgeron - France
Code Insee de la commune : 91421
Essonne [91] - Evry - Ile de France (Ile-de-France)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
3 Rue des Roches 91230 Montgeron
Description :
L’église est le résultat d’un compromis entre la position traditionnelle du clergé et les vues plus modernes de l’architecte. Elle est de plan basilical avec une nef à vaisseau unique permettant une large ouverture de l’espace tout en dirigeant le regard vers le chœur pentagonal. Elle est prolongée au nord par une petite salle servant de sacristie. Elle est construite en pierres de Saint-Maximin selon une conception simple, suivant un plan basilical, avec un clocher à structure en béton armé en façade principale, un auvent en béton au-dessus de l’entrée, un grand vitrail qui prend la forme du pignon, un chevet pentagonal, et une toiture couverte d’ardoise. Le tout est d’un dessin très sobre. La nef à vaisseau unique offre un espace unifié tout tourné vers le chœur qui est par ailleurs entouré de petites salles annexes qui abritent la sacristie et un logement pour le curé. La charpente est en métal et est en partie habillée par des arcs brisés en ciment qui descendent jusqu’au sol, rythmant le développement de la nef. Le reste de la charpente est masqué par une fausse-voûte à pans constituée de plaques isophones en partie tenues par des suspentes fixées aux planches qui supportent la couverture en ardoise. Le chœur est un espace rétréci et surélevé par rapport à la nef, et il en est séparé par un grand arc triomphal brisé en béton enduit. Le parti d’une nef à vaisseau unique couverte par des arcs brisés descendant jusqu’au sol rappelle un modèle éprouvé, très courant dans les 1930 (Saint-Stanislas-des-Blagis de Fontenay-aux-Roses, labellisée ACR, Saint-Charles-Borromée du Blanc-Mesnil, inscrite au titre des monuments historiques) et les décennies suivantes (Saint-Michel de Goussainville, Saint-Gorgon d’Aumetz, labellisées ACR, Notre-Dame-de-l’Assomption de Guernes, inscrite au titre des monuments historiques). L’usage de la pierre est récurrent dans les années 1950 où le béton n’est pas encore largement assumé (Saint-Michel de Goussainville, labellisée ACR, Notre-Dame-de-la-Paix de Maisons-Laffitte), mais l’église ne présente pas ici d’innovation formelle (contrairement à Notre-Dame-de-Grâce à Morsang-sur-Orge ou Notre-Dame-de-la-Paix à Villeparisis, labellisées ACR), même si dans la mise en œuvre l’usage du métal, en complément du béton, ne semble pas être particulièrement courant. Les vitraux de Jean Barillet sont ce qu’il y a de plus remarquable dans l’église. Ils ont été réalisés en dalles de verre, technique mise au point à la fin des années 1920 (verres teintés dans la masse enchâssés dans un réseau de béton armé) et très courante après la Seconde Guerre mondiale. L’atelier de Jean Barillet en est un des principaux promoteurs, avec Auguste Labouret et Gabriel Loire (d’autres étant spécialisés dans la technique traditionnelle recourant à un réseau de plomb ou à la peinture en grisaille, comme Max Ingrand). Les vitraux occupent une grande baie qui surmonte et entoure l’entrée principale, deux longues fenêtres en bandeau de part et d’autre de la nef, et des baies rectangulaires assez étroites dans le chœur. La pierre de Saint-Maximin est visible en partie basse des murs gouttereaux, sous les fenêtres en bandeau. D’un point de vue des ouvertures et des couleurs, on observe une gradation depuis l’entrée, claire et lumineuse pour accueillir les fidèles, vers le chœur, plus étroit et sombre, à l’atmosphère plus mystérieuse et méditative. Le vitrail qui surmonte l’entrée représente saint Joseph avec ses attributs de charpentier dans des tons bleus clairs, violets et rouges. Il se détache sur un fond décoratif abstrait, qui se prolonge au rez-de-chaussée autour de l’entrée. Les bandeaux de la nef présentent des symboles chrétiens : étoile de la Nativité, chrisme, poissons, Sacré Cœur, blé et raisin pour le pain et le vin, colombe du saint Esprit, agneau, dans des tons jaunes et verts clairs. Le réseau en ciment forme un quadrillage irrégulier sur lequel se détachent les figures, les couleurs et les lignes ayant une certaine indépendance les unes vis-à-vis des autres. Les vitraux du chœur sont dessinés selon une composition abstraite simple, avec des couleurs mauve, jaunes et des verres blancs. Le garde-corps en ferronnerie de la tribune qui surmonte l’entrée rappelle la composition des vitraux de la nef, avec un quadrillage irrégulier et des symboles qui de loin peuvent se fondre avec le vitrail de saint Joseph disposé derrière ; l’auteur de ce garde-corps est inconnu, mais il semble évident qu’il ait été conçu en lien avec le travail de Jean Barillet. La dalle de béton qui sert de tribune se prolonge par ailleurs en façade extérieur pour servir de auvent au-dessus du parvis. Le dessin des vitraux, assurés par des cartonniers de l’atelier, portent l’influence de ceux conçus par Fernand Léger au Sacré-Cœur d’Audincourt, confectionnés par J. Barillet (1951), et rappellent ceux que son atelier a réalisés pour l’église Saint-Gorgon d’Aumtez. La verrière de saint Joseph évoque également d’autres réalisations de l’atelier comme les vitraux de l’église Saint-Michel de Saint-Max (1965), et contraste avec certaines de ses compositions abstraites comme celles de l’église Saint-Léopold de Lunéville (1954), la chapelle Saint-Gauzelin à Malzéville (1956) ou Notre-Dame-de-la-Paix à Villeparisis (1958, cartons de Jean Bazaine).
Historique :
L’église Saint-Joseph-Artisan se situe dans le quartier Dumay, au sein d’une zone périphérique de Montgeron qui connait une croissance démographique importante à partir des années 1920. Elle est également tournée vers certains quartiers voisins de la commune de Yerres. Sa construction a été initiée par le père Jean-Baptiste Radin en novembre 1952, qui anime sa paroisse de façon dynamique. Il succède au père Pierre Le Couëdic qui, à la fin des années 1930, commanda le décor de l’église Saint-Jacques (construite dans les années 1850) aux frères Mauméjean, et fit construire une seconde église, dédiée à Notre-Dame-de-l’Immaculée-Conception, décorée par les mêmes artistes. Le projet de l’église Saint-Joseph est de plus grande ampleur que cette dernière, et mettra davantage de temps à se concrétiser. L’association diocésaine de Versailles acquiert une première parcelle non bâtie de 802 m² en février 1954 pour 1 million de francs, à l’angle de l’avenue de la République et de la rue des Roches, puis une seconde en mars 1956, d’une surface de 400 m², pour la même somme. Ensemble, elles forment un L, disposition qui permet d’allonger l’église mais oblige à réduire les salles annexes prévues au départ. L’architecte local Raoul Denis, qui avait assisté l’architecte villeneuvois Robert Simon à l’érection de l’église Notre-Dame et qui fut un temps président du conseil paroissial, est sollicité pour dresser les plans de l’église. Trop occupé par d’autres chantiers, il délègue cette tâche au montgeronnais Michel Mathieu. Ce-dernier est toutefois encore étudiant à l’Ecole des Beaux-arts et n’obtient son diplôme qu’en 1957. Les plans sont ainsi tous signés par Raoul Denis, bien qu’il n’en soit pas l’auteur. Il a cependant assuré l’administration du chantier, confié à l’entreprise Barbier de Villeneuve-Saint-Georges. Le financement de l’église est assuré grâce à un emprunt auprès de l’association diocésaine de Versailles et une souscription lancée en 1954, qui permet de rassembler 564 900 nouveaux francs jusqu’en 1967, comprenant les dons des fidèles, la vente d’un terrain paroissial et la vente d’une ferme personnelle en Bretagne par le père Radin. Les dépenses totales s’élèvent toutefois à 966 300 francs, le surplus étant financé par la fonctionnement courant de la paroisse. La difficulté à financer le projet a notamment conduit à renoncer à l’aménagement d’une crypte. La première pierre est posée le 20 janvier 1957, la toiture et le clocher sont achevés à l’automne de la même année. Les vitraux sont mis en chantier en avril 1958 au sein des ateliers de Jean Barillet, qui a travaillé a priori sans concertation avec les architectes, en s’adaptant à l’édifice. L’autel est finalement consacré le 1er mai 1959, jour de la fête de saint Joseph Artisan. Les trois cloches sont ensuite installées le 10 mars 1961 et bénites le 12, Raoul Denis étant parrain de l’une d’elles.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Mathieu Michel (architecte), Denis Raoul (architecte), Barillet Jean (maître verrier)
Datation de l'édifice :
1959
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2022