Groupe scolaire Jules Ferry à Toulouse

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
96 avenue de Fronton ; 109 avenue Jules-Ferry ; avenue des Etats-Unis
31100 Toulouse - France

Code Insee de la commune : 31555
Haute Garonne [31] - Toulouse - Midi Pyrénées (Occitanie)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
3 Avenue Jules Ferry 31200 Toulouse

Description :
Dans le quartier de la Salade, la construction d’un groupe scolaire complet est devenue nécessaire avec la construction de plusieurs lotissements, notamment la cité du nord, par l’Office communal HBM, comprenant 160 logements. Comme il n’y avait pas d’école dans le quartier, les filles fréquentaient l’école Jules-Ferry créée en 1909 et les garçons l’école des Minimes. La municipalité achète un vaste terrain entre la route de Fronton et celle de Paris, appartenant aux propriétaires suivants Jean Giscard, François Mayrague, Guillaume Fourcade et Guillaume Olivier. L’enquête parcellaire est menée à partir de la déclaration d’utilité publique du 6 janvier 1932 et l’expropriation est validée par le tribunal le 20 avril 1932. Les entreprises retenues à l’adjudication sont la Société Coopérative ouvrière « Les Charpentiers Toulousains », sous la direction éclairée de M. Paul Barthe (terrassement, maçonnerie), Société Alsacienne d’Emulsion de Toulouse (couverture, zinguerie), M. Vincent, directeur de la Coopérative Ouvrière Les Plâtriers de Toulouse (plâtrerie), M. Espitalier (parquets), M. Abadie, directeur de la Coopérative ouvrière La Laborieuse (menuiserie et quincaillerie), M. Virton (peinture et vitrerie), M. Delpech (chauffage central) et MM. Pégouret (installation électrique). Le coût total des travaux est estimé à 3 747 500 francs, dont 300 000 francs pour l’achat des terrains. La pose de la première pierre est datée du 28 avril 1933. Le 10 octobre 1934 l’école des garçons est ouverte partiellement. Le groupe scolaire est inauguré le 2 mai 1935. Sur un vaste terrain entre les routes de Fronton (avenue de Fronton) et de Paris (avenue des États-Unis), le groupe scolaire Jules-Ferry se compose de plusieurs bâtiments répartis sur deux parcelles de taille inégale, de part et d’autre de la rue Jules-Ferry. Le bâtiment des filles (avenue de Fronton) et le bâtiment des garçons (avenue des États-Unis), parallèles l’une à l’autre, indépendamment de la géométrie des voies publiques, sont séparées par deux grandes cours de récréation plantées d’arbres. Implantées en recul des avenues, elles profitent de jardinets clôturés devant les entrées. Ces deux bâtiments sont reliés par les préaux couverts, qui forment une façade sur la rue Jules-Ferry, percée régulièrement de baies équipées de fenêtres et de grandes portes d’entrée. Cette configuration est celle pour la composition du groupe scolaire Jules-Julien. Ensuite, l’école maternelle est implantée sur une parcelle bordant la rue Jules-Ferry, de faible profondeur. Les bâtiments des filles et des garçons s’organisent de la même manière, comprenant chacun huit salles de classe dont une salle de travaux pratiques (pour les garçons) et une salle de repassage (pour les filles). Les bâtiments se présentent sur deux niveaux avec un corps de bâtiment central. Il contient au rez-de-chaussée le vestibule d’entrée, le bureau du directeur ou de la directrice, le grand escalier éclairé par d’immenses verrières et à l’étage, l’appartement de fonction et le palier de desserte des ailes. Les deux ailes comprennent chacune quatre salles avec leur espace adjacent de lavabos et vestiaires, deux au rez-de-chaussée et deux au premier étage. Un long couloir dessert les salles de classe, éclairé par les grandes fenêtres donnant sur la cour de récréation. L’école maternelle est implantée le long de la rue Jules-Ferry. Le pavillon central comprend le vestibule, le bureau de la directrice, l’escalier menant au logement de fonction. Le pavillon dessert d’un côté la grande salle d’activités qui profitait également d’un éclairage zénithal par pavés de verre. De l’autre côté, on trouve quatre salles de classe, avec des espaces lavabos et vestiaires attenants et une salle de repos. Les salles de classe profitent de larges ouvertures, d’une hauteur de plafond généreuse (4,30 m). Les soubassements intérieurs sont revêtus de carreaux de grés ou de mosaïque pour l’hygiène des lieux et leur pérennité. Les sols des circulations sont en carreaux de grès et les sols des salles de classe en parquet en bois. Des dispositifs d’aération ont été mis en place : des grilles d’aération en partie basse des circulations qui peuvent être fermées et des châssis ouvrants en partie haute des menuiseries des salles de classe donnant sur le couloir. Des casiers en bois sont disposés dans les circulations de l’école maternelle. Le mode de construction associe une maçonnerie de briques ordinaires enduites (en soubassement et allèges de baies) et apparentes pour les trumeaux à des éléments structurels en béton armé (linteaux, poteaux, toiture terrasse). Les allèges des baies de l’étage sont traitées en table rentrante. Le ciment est mis en œuvre en appui de baie en imitation de la pierre ainsi qu’une fine corniche. A la place des bas-reliefs que l’on peut trouver sur les groupes scolaires de la Juncasse et Ernest-Renan, des tables en mosaïques et grès illustrant les activités des enfants, sportives pour les garçons et de poupées pour les filles, décorent les entrées. On trouve également les portes en ferronnerie au dessin art déco. Un édicule portant l’horloge et une table en mosaïque en carreaux dorés « Groupe scolaire Jules Ferry » sur un fond de carreaux bleus et bleu nuit surmontent chaque entrée.

Historique :
Après les lois Jules Ferry de 1881, 1882 et 1886, de nombreuses écoles sont construites dans les quartiers toulousains, centraux, de faubourgs et proche de la campagne, telles que l’école du Pont des Demoiselles (1899), l’école de Saint-Simon (1899). Viennent ensuite les projets de de trois groupes scolaires au Busca, à Matabiau et à Croix-Daurade, menés par la municipalité de Paul Feuga, dessinés par l’architecte en chef de la ville, Jules Milloz, mis en chantier autour de 1924-1925 et livrés sous la mandature suivante d’Etienne Billières. Étienne Billières, maire socialiste de Toulouse élu en 1925, dresse le bilan d’importants retards dans le développement de la ville et engage alors une politique volontaire d’embellissements et de constructions articulée autour de moyens économiques et humains importants et de nouvelles stratégies de gestion. L’administration municipale devient alors un réel agent économique du développement de la ville et son action se fonde sur la modernisation des infrastructures e et la construction d’équipements sociaux, sanitaires, scolaires et culturels : construction de quinze groupes scolaires (et agrandissement de ceux existants), de six bains-douches, de cinq fourneaux économiques, de trente kiosques, d’une bourse du travail, d’un parc des sports et d’une bibliothèque municipale. Dans ce contexte d’intense production bâtie, cohérence et unité formelle transmettent un message politique qui représente l’action municipale. Les architectes de l’atelier municipal, Jules Milloz et Jean Montariol conçoivent les projets, l’entreprise les Charpentiers toulousains est régulièrement choisie et les artistes méridionaux sont également sollicités : le peintre Édouard Bouillière (1900-1967), le sculpteur Henry Parayre (1879-1970), le sculpteur Jean Druilhe, l’ébéniste Maurice Alet (1874-1967), le sculpteur Georges Vivent (1871-1949), le peintre Marc Saint-Saëns (1903-1979), le maître verrier André Rapp (1903-1979) et le sculpteur Sylvestre Clerc (1892-1958). Jean Montariol, né en 1892, est issu d’une famille de constructeurs. Il suit des études artistiques à l’école des Beaux-arts de Toulouse, qu’il poursuit à l’ENSBA à Paris dans l’atelier Deglanes et Nicod, grâce à une bourse municipale (grand prix municipal en 1911). Diplômé en 1922, il travaille quelques années avec son frère à son retour à Toulouse, puis il est nommé architecte de l’Office (1925-1939). En 1927, il entre dans ses nouvelles fonctions d’architecte en chef comme adjoint de Jules Milloz. En tant qu’architecte en chef adjoint, il est en charge de la direction des travaux neufs et des travaux d’entretien. Il occupe ce poste jusqu’en 1949. Il devient en 1948 l’architecte ordinaire de la toute nouvelle agence des Bâtiments de France à Toulouse. Avec l’accroissement de la population et le développement des faubourgs, dont les quartiers s’éloignent de plus en plus du centre-ville, notamment avec la construction de cités-jardins et d’immeubles d’habitations collectives par l’Office HBM, il devient nécessaire de faire construire des groupes scolaires complets, comprenant école de filles, école de garçons et école maternelle. Lors de la séance du conseil municipal du 2 mai 1929, Jules Julien, adjoint délégué à l’Instruction publique et aux Beaux-Arts, présente les avantprojets de cinq groupes scolaires pour les quartiers de Rangueil, de la Salade, des Trois-Cocus, de Fontaine-Bayonne (Patte d’Oie) et de la Juncasse. Face à la nécessité urgente de doter ces quartiers de groupes scolaires, la municipalité procède à un crédit de 14 885 330 francs pour effectuer les travaux. Le groupe scolaire de Fontaine-Lestang et l’école de garçons Fabre (Carmes) sont démarrés dans les années 1930. Les projets sont transmis au préfet de la Haute-Garonne le 27 juin 1929. L’inspecteur d’académie rend une appréciation selon deux rapports successifs le 21 octobre 1929 et le 6 décembre 1930. Les projets modifiés sont à nouveau présentés pour validation au conseil municipal en juillet 1931. Les réalisations deviennent nécessaires, entre 1931 et 1933, l’effectif scolaire augmente de 2500 élèves, certaines classes comptent entre 50 et 60 élèves. Les groupes scolaires de Rangueil, de la Salade, des Trois-Cocus, et de la Juncasse présentent des programmes similaires, des budgets équivalents, une même temporalité de conception et de chantier, et des partis architecturaux et constructifs proches voire identiques.

Datation de l'édifice :
1933

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2023