Centre national de la danse à Pantin

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
1-19 rue Victor Hugo ; 2-12 quai de l'Aisne
93500 Pantin - France

Code Insee de la commune : 93055
Seine Saint Denis [93] - Bobigny - Ile de France (Ile-de-France)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
1 Rue Victor Hugo 93500 Pantin

Description :
Le choix d’implanter l’édifice à l’angle de la rue Victor-Hugo et du quai de l’Aisne s’inscrit dans la lignée du projet conçu durant l’entre-deux-guerres qui avait déjà envisagé cette situation. L’emplacement retenu tient compte de la réorganisation du centre-ville de Pantin en raison de la position centrale de la parcelle à proximité de la mairie et de sa situation en bordure du canal de l’Ourcq. Le long terrain de forme triangulaire s’étend sur 4 361 m2. La polyvalence est l’une des données primordiales du programme de centre administratif, puisque sa conception repose sur la volonté de rassembler différents services publics de Pantin jusqu’alors éparpillés. Il est en particulier demandé aux architectes de regrouper en un seul et même lieu : la bourse du Travail, le commissariat de Police, la Compagnie des eaux, le service des Impôts, l’Inspection du travail, la Sécurité sociale, le tribunal d’instance, des organisations syndicales et des services municipaux (restaurant, foyer de jeunes). Le grand nombre et la diversité des fonctions à abriter engendre nécessairement des difficultés d’organisation des surfaces qui atteignent 20 000 m2. Cherchant à optimiser le terrain mis à disposition, Kalisz et Perrottet élaborent un plan tout en longueur qui se déploie sur 175 m selon une trame carrée. L’agencement intérieur du bâtiment, comme cela est fréquent dans le travail de Kalisz, se structure autour d’un vaste hall d’entrée et d’un escalier à double circulation qui occupe une position centrale dans l’édifice puisqu’il organise la distribution sur six niveaux (sous-sol compris). L’installation de ce vide sculptural permet aux architectes de différencier les espaces qui usent de mezzanines et de demi-niveau dans les étages supérieurs en les répartissant de manière fonctionnelle en trois grands pôles : les services sociaux, les services financiers et les services répressifs. En pratique, l’aile occidentale du bâtiment abritait la Sécurité sociale et la Maison des syndicats, tandis que l’aile centrale accueillait les services financiers municipaux et l’aile oriental le commissariat de police et le tribunal. À l’extérieur, le projet présente une réflexion sur la charge symbolique qu’un équipement public doit supporter. Le caractère monumental de l’édifice se fonde sur l’aspect massif de formes puissantes et austères et sur l’horizontalité prononcée que souligne la présence d’un élément du vocabulaire moderne, le toit-terrasse. La réponse des deux architectes a consisté à privilégier l’utilisation de formes géométriques simples et un traitement architectural singularisé des façades de l’édifice en adjoignant une « série de signes symboliques d’inspiration aztèque » verticaux pour rééquilibrer la composition. Ces principes confèrent à l’édifice une dimension plastique et sculpturale qui est accentuée par l’usage mixte du béton (dont la mise en œuvre a subi des avaries) et du verre, ainsi que par la présence de canons de lumière qui tous deux produisent des jeux de lumière spectaculaires et évoquent certains traits de l’architecture corbuséenne. Discrète à l’extérieur, la restructuration menée au début des années 2000 afin d’accueillir le Centre national de la danse, s’est faite plus audacieuse, mais toujours respectueuse, dans le traitement des espaces intérieurs. Afin d’adapter l’édifice à sa nouvelle vocation, les architectes Antoinette Robain et Claire Guieysse ont dû faire face à un complexe morcelé – héritage de l’ancienne cité administrative – auquel il a fallu redonner une cohérence, tout en créant de nouveaux espaces (salle de répétitions, médiathèque, espace d’exposition, etc.). Tandis que les circulations ont retrouvé leur importance originelle, de nombreux volumes ont été décloisonnés et d’autres ont été modifiés, comme en témoigne l’ancien patio ouvert transformé en espace détente. Un soin particulier a été apporté à la signalétique (Pierre di Sciullo) et à la mise en lumière (Hervé Audibert) des espaces et des circulations par le biais de néons colorés. Signalons également la qualité du mobilier dessiné par Michelangelo Pistoletto.

Historique :
Dès 1938, la ville de Pantin envisage la construction d’un centre administratif pour fédérer l’agglomération autour d’un équipement institutionnel d’envergure. Le projet envisagé à l’époque suggère de concentrer dans un seul édifice plusieurs services d’utilité publique et des lieux de réunions communs. Ce projet n’a jamais vu le jour en raison de l’entrée en guerre de la France, mais il peut être compris comme une préfiguration du Centre administratif conçu par Jacques Kalisz et Jean Perrottet vingt ans plus tard. La municipalité socialiste de Louis Collaveri relance le projet en 1958 et définit ses grandes orientations en acquérant des terrains, en votant son financement et en élaborant un programme plurifonctionnel. Après l’élection l’année suivante du maire communiste Jean Lolive, celui-ci entreprend de démarcher les institutions intéressées par le regroupement en un seul et même lieu des services administratifs de Pantin jusqu’alors dispersés. La commande de l’édifice intervient alors que Lolive s’engage à résorber le retard accumulé dans la construction d’équipements publics et promeut la modernisation des infrastructures pantinoises en réponse à la désindustrialisation progressive de la commune. Conseillé par la direction du PCF alors favorable à l’architecture moderne, Jean Lolive désigne l’architecte Jean Perrottet le 16 juin 1961 pour étudier la construction d’un centre administratif. Perrottet est rapidement associé à Jacques Kalisz qui va assurer l’essentiel des études et superviser le chantier. Aux dires de Perrottet, son intervention se limite aux échanges d’idées et à la signature du permis de construire que Kalisz ne pouvait parapher, car il ne détenait pas encore le titre d’architecte DPLG. L’avant-projet élaboré par Jacques Kalisz est approuvé par le conseil municipal en 1964. La construction du centre administratif de Pantin achevé entre 1968 et 1972 a d’ailleurs servi de projet de fin d’études à Kalisz qui est diplômé de l’Ecole nationale des Beaux-arts en 1963. Les services abrités par le centre administratif désertent le bâtiment au cours des années 1990 suite à des problèmes d’ordre fonctionnel, aux coûts d’entretien élevés et à l’obsolescence progressive du bâtiment. En 1995, une étude consacrée au devenir de l’édifice est commanditée par la municipalité. À l’issue de celle-ci, il est décidé un changement d’affectation du bâtiment : la responsabilité du centre administratif est transférée au ministère de la Culture et de la Communication qui crée le Centre nationale de la danse en 1998. Pour accueillir cette institution et s’adapter à ce nouvel usage, l’édifice connaît entre 2001 et 2004 une restructuration d’envergure conduite par Antoinette Robain et Claire Guieysse. La qualité de leur travail est récompensée en 2004 par le Prix de l’Équerre d’argent.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Kalisz Jacques (architecte), Perrottet Jean (architecte associé), Marty Guy (architecte assistant), Robain Antoinette (architecte), Guieysse Claire (architecte), Trubert Guillaume (architecte assistant), Lefranc Patricia (architecte assistante), Goulencourt Sandrine (architecte assistante), Franzen Manuela (architecte assistante)

Datation de l'édifice :
1972, 2004

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2024

Fiche Mérimée : ACR0001918

Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09

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