Arsenal : Cite musicale à Avricourt

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
3 avenue Ney
57810 Metz - France

Code Insee de la commune : 57042
Moselle [57] - Metz - Lorraine (Grand Est)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
3 Rue de Moussey 57810 Avricourt

Description :
L’Arsenal – Cité musicale est situé à la limite sud du centre ancien de Metz, sur le site de la l’ancienne citadelle qui domine la Moselle à l’ouest. L’édifice prend part à un ensemble plus vaste composé principalement de la basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains, du grand magasin (aujourd’hui occupé par un hôtel), du palais du gouverneur militaire, et de l’école supérieure d’art de Lorraine. L’Arsenal – Cité musicale est implanté à l’angle nord-est de ce site avec les jardins de l’esplanade au nord et le quartier de la citadelle à l’est. La réalisation de l’architecte Ricardo Bofill prend appui sur un édifice pré-existant : un ancien arsenal militaire construit entre 1861 et 1863. Celui-ci est inscrit dans une parcelle qui présente une forte déclivité est-ouest (Cotes NGF 182 à 190) et qu’il occupe sur sa grande moitié est. L’édifice qui en resort s’inscrit dans un quadrilatère de 90 m sur 45 m. Il prend la forme en plan d’un « U » avec un long corps central occupant la limite est du quadrilatère, le long de l’avenue Ney et qui abrite le grand hall. Les deux ailes en retour, plus courtes marquent pour l’une, la limite nord à l’alignement avec le jardin de l’Esplanade et reçoit la salle Esplanade, petite salle de spectacle en gradins de 352 places et pour l’autre, au sud en vis à vis avec le grand magasin, abrite le Studio du Gouverneur, studio de danse notamment. L’ensemble architectural dégage une vaste cour surélevée qui s’ouvre à l’ouest et sous laquelle est implantée la grande salle de spectacle de 1311 places. L’architecture de l’ensemble comprend uniformément deux niveaux couverts par des toitures à deux versants en zinc. Les élévations sont composées de travées répétitives : 19 pour le corps principal et 12 pour chaque aile en retour d’équerre. Celles-ci superposent uniformément des arcades au rez-de-chaussé avec des baies séparées par un large bandeau. Elles sont entièrement revêtues de placage de pierre claire dont le calepinage fait apparaître une composition classique à base d’appareil simple, de pilastres et de chapiteaux simplifiés. Des rehauts en pierre de Jaumont viennent marquer quelques points particuliers de l’architecture : le soubassement, des arcades jusqu’à l’entablement, les arcs plein cintre et leurs clés. S’agissant des structures, elles sont en maçonnerie (moellons pour les parties pré-existantes et béton armé pour les neuves). Enfouie sur deux de ses trois niveaux dans le sol (15 m), la grande salle est un volume parallélépipédique simple entièrement recouvert de marqueterie de bois. Elle est composée de 14 travées (dont 2 demi-travées) en long et 7 travées en large qui sont en correspondance exacte avec les travées de l’édifice en « U ». On y accède au niveau haut par l’intermédiaire d’une galerie périphérique liée de plein pied avec le grand hall et le reste du rez-de-chaussée de l’édifice. Cette galerie donne accès sur les petits cotés aux gradins disposés de part et d’autre de la scène et sur les grands cotés à des balcons. A l’image des façades extérieures, l’ensemble des parois intérieures de la grande salle composent un décor néo-classique grâce à un jeu de marqueterie de hêtre et de sycomore séparés par des joncs de bronze. Deux avant-corps de deux niveaux et trois travées séparés par des colonnes encadrent la scène. Le plafond est constitué de profonds caissons acoustiques qui reprennent la trame des travées et intègrent aussi l’éclairage. Analyse architecturale L’architecture de l’Arsenal – Cité musicale de Metz a été confiée à Bofill à l’issu d’un concours international lancé en 1984. Y participaient cinq candidats notamment l’architecte messin Jean-Louis Jolin (1935-2015). Dans les objectifs du programme, le souhait de préserver l’esprit du lieu est clairement exprimé. Acquis en 1971 par la ville, l’édifice était d’abord voué à la démolition avant que ne soit décidé sa conservation à la suite d’une mobilisation des habitants. La plupart des candidats du concours conservent l’ensemble des constructions pré-existante. Le projet de Bofill propose une approche différente, transformant profondément l’architecture de l’arsenal et remodelant la topographie du site. En effet, si l’édifice du XIXe était également organisé autour d’une place centrale, sa composition était inversée avec un plan en « U » ouvrant sur l’avenue Ney. Cela essentiellement du fait de la déclivité du terrain qui, au cœur de la citadelle, est de huit mètres plus haut que l’avenue. L’arsenal d’origine venait ainsi s’encastrer dans le sol de ce tertre naturel. Une rampe carrossable longeait néanmoins l’aile nord de l’édifice, face au jardin de l’Esplanade. Elle donnait accès à la rue de la Citadelle. Si l’accès principal de l’arsenal se faisait logiquement par l’avenue Ney, un long pavillon venait néanmoins occuper ce dernier coté, sur toute sa longueur, avec seulement un passage libre de part et d’autre. Un plan assez classique pour l’époque et que l’on retrouve notamment dans les manufactures. Dans son projet, Bofill prend le parti, en démolissant l’aile principale de l’arsenal, celle qui est encastrée dans le terrain, de retourner la composition et d’ouvrir son architecture, non plus sur l’avenue Ney mais sur le cœur de la citadelle. Grâce à ce dispositif, il joue de la topographie et gagne naturellement 8 des 15 mètres d’élévation qui sont nécessaires pour installer la grande salle dans l’embarras de la cour pré-existante. Il accompagne ce retournement de l’arsenal sur le cœur de la citadelle, option architecturale originale de son projet, d’une mise en scène des volumes qui compose le paysage (à l’image du campo santo de Pise) : il dégage la chapelle des Templiers précédemment bloquée dans l’angle de l’arsenal, et met en scène la basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains. La rampe qui longeait l’aile nord est démolie, libérant la façade qui maintenant participe de la composition urbaine du jardin de l’Esplanade. Elle est remplacée par un imposant emmarchement, judicieusement placé entre l’arsenal et l’école d’art voisine, dans l’axe de la chapelle des Templiers. Cette recomposition urbaine correspond bien à la vision classique que l’architecte développe par ailleurs dans ces autres opérations françaises de l’époque. Au delà de cette véritable transformation urbaine rendue possible par la démolition de l’aile principale de l’arsenal, l’architecte transforme également le reste de l’édifice. Le pavillon sur l’avenue Ney est prolongé à ses extrémités pour rejoindre les deux ailes latérales. Les croupes droites de ces dernières sont remplacées par des fronton-pignons. S’il préserve « l’esprit du lieu », Bofill transforme cependant un édifice au classicisme assumé en une architecture plus apparentée à l’antique. Par ce jeu, il annonce l’architecture intérieure de la grande salle. La grande salle de spectacle de l’Arsenal est la pièce maîtresse de cette ensemble. Elle est internationalement reconnue tout d’abord pour son acoustique exceptionnelle. Entièrement habillée en marqueterie de bois, elle est le pendant de l’extérieur de l’édifice habillé en pierre. A l’image des théâtres antique, elle est réalisée comme une pièce urbaine entourée de façade d’architecture.

Historique :
"Livré en 1989, l’Arsenal – Cité musicale de Metz figure parmi les dernières œuvres françaises de Ricardo Bofill, architecte espagnol internationalement reconnu. Sa première œuvre reconnue est l’ensemble balnéaire de logement « la Muralla roja » livré en 1973 à Calp au nord de Benidorm en Espagne. Ricardo Bofill (1939-2022) suit des études à l’école d’architecture de Barcelone puis celle de Genève dont il est diplômé. En 1963, il fonde le Taller de arquitectura (Atelier d’architecture) à Barcelone où il s’entoure d’une équipe pluridisciplinaire composée d’architectes, d’ingénieurs, de sociologues et de philosophes (une innovation pour l’époque). Le Taller s’installe en 1975 dans une ancienne cimenterie ré-habilitée dans la banlieue est de la capitale catalane. Rapidement, Bofill est reconnu essentiellement pour ses ensembles de logements qu’il livre en Espagne (1969-73 : La Muralla roja, 1970-75 : Walden 7) mais également en France avec pour commencer l’ensemble « Les arcades du Lac » (1972-75) dans la ville nouvelle de Saint-Quentin en Yvelines qui marque, selon Vincent Scully, le stade primitif de son « progrès vers le classicisme » (Scully, 1980). Sur cette base, à partir de l’année 1978, l’agence reçoit plusieurs importantes commandes d’ensembles de logements notamment dans les villes nouvelles de la région parisienne : Les espaces d’Abraxas à Marne-la – Vallée (1978-1983), Le Viaduc (1978-1980) à Saint-Quentin, Les Colonnes Saint-Christophe (1981-1986). C’est également en 1978 que débute la première phase du quartier Antigone à Montpellier (1978-1992). Suivront quelques autres réalisations françaises dont l’Arsenal de Metz (concours 1984) avant que ne se termine cette intense période de production de l’architecte dans l’Hexagone qui lui confère une renommée internationale. Au-delà des monographies d’usage, Bofill a également signé plusieurs livres dont deux publiés aux éditions Odile Jacob : Espace d’une vie (avec Jean-Louis André, 1989), récit autobiographique et « Architecture des villes » (avec Nicolas Veron, 1995) où il livre sa vision d’ensemble de la cité. Albert Longo (né en 1938) est diplômé de l’école des Beaux-arts (atelier Vivien) en 1965 puis de l’institut d’urbanisme de la région parisienne en 1969. Installée en tant qu’architecte à Metz, auteur notamment de l’ensemble de logement « Les Roches » livrés en 1981 dans le centre historique de Metz et du CESCOM (il a été directeur de l’école d’art de Metz puis enseignant à l’école d’architecture de Nancy. Il est architecte conseil de l’État à partir de 1984. Jean-Luc Gibert (né en 1949) et Gérard Hypolite (né en 1952) sont tous quant à eux diplômés de l’école d’architecture de Nancy. Ils fondent l’agence Gibert-Hypolite installée à Metz. Avec l’Arsenal – Cité musicale de Metz, Bofill avec ses associés messins livre la première de ses rares œuvres réalisées par la transformation d’une architecture pré-existante. Les seules autres figurant dans son œuvre publiées sont trois réhabilitations situées à Prague et réalisées plus de dix ans après : les immeubles de bureaux Corso Karlin (2000) et Economia Newsroom Karlin (2013) et l’ensemble résidentiel de luxe Obecni Dvur (2016). C’est également la première de ses salles de spectacles. Suivront rapidement après Metz : l’école de musique de Shepherd à Houston (Texas) en 1991 avec la restauration de la salle de concert du XIXe, le théatre national de Catalogne à Barcelone en 1997 et enfin le Centre culturel Miguel Delibes à Valladolid en 2007. Enfin, parmi les œuvres de sa période française, l’Arsenal – Cité musicale est le seul équipement culturel réalisé. Plusieurs œuvres de Ricardo Bofill ont reçu le label « Architecture contemporaine remarquable », notamment les Colonnes Saint-Christophe (ACR en 2022). Le quartier Antigone à Montpellier est protégé au titre des monuments historiques. Le propriétaire (la ville) comme le gestionnaire (la Cité musicale) sont pleinement satisfait de l’équipement très bien réalisé et qui ne vieilli pas."

Architecte ou maître d'oeuvre :
Bofill Ricardo (architecte mandataire), Longo Albert (architecte associé), Gibert Jean-Luc (architecte associé), Hypolite Gérard (architecte associé)

Datation de l'édifice :
1986, 1989

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2024

Fiche Mérimée : ACR0001934

Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09

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