Médiathèque -tiers lieu Puzzle à Thionville

Précision de la localisation : 5 - Passable   >>  Votre avis :   

  Street View   Connectez-vous à votre compte pour améliorer la localisation de ce bâtiment

Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
1 place André-Malraux
57100 Thionville - France

Code Insee de la commune : 57672
Moselle [57] - Metz - Lorraine (Grand Est)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
1 Rue Alexandre Dreux 57100 Thionville

Description :
"La médiathèque – tiers lieux « Puzzle » est située au nord-ouest du centre historique de Thionville, le long de la ceinture des boulevards édifiés à la place des glacis de fortifications démantelées. Avec le théâtre et la salle de sport qui lui font face, elle est le 3e des équipements publics qui entourent la vaste place de la Liberté. L’édifice occupe la partie sud d’un îlot rectangulaire bordé d’une rangée de haut platanes et dont l’autre moitié est dédiée à un parking. La réalisation de l’architecte Dominique Coulon et son associé Steve Letho-Duclos s’inscrit en plan dans un carré d’environ 75 m de coté qui prend la forme d’un vaste volume couvert d’une toiture plane dont l’acrotère règne à 9 m du sol avant de s’abaisser en pente douce sur la partie arrière de l’édifice. Les limites de cette architecture sont constituées par une longue façade ondulante et ininterrompue qui dessine cinq méandres profonds laissant pénétrer l’espace extérieur (deux sur la face sud-est le long du boulevard, un sur la face nordest face à la place et enfin deux au nord-ouest à l’intérieur de l’édifice). Cette façade, qui reprend le principe du mur rideau, est constitué de grands panneaux blancs en granulés de verre soufflé qui, comme suspendus à l’acrotère, ne touchent pas le sol. La ligne d’imposte continue qu’ils dessinent ondule également libérant une partie basse vitrée posée à même le sol et plus ou moins haute allant de moins d’un mètre au niveau de du trottoir à plusieurs mètres au fond des méandres. L’ensemble de la structure de l’édifice est en charpente métallique invisible. Elle est contreventée par un volume circulaire en béton armé situé à l’entrée à l’intérieur. Les parties vitrées des façades sont maintenues par des raidisseurs en plats d’acier polie façon miroir. L’entrée dans la médiathèque se fait par l’angle est, seul endroit où la partie basse et vitrée de la façade ne suis pas la même ondulation en plan que la partie haute, opaque et blanche. L’architecture ménage ainsi un vaste creux, abrité qui donne accès à son intérieur, en adéquation avec son enveloppe extérieure. Ce dernier se présente comme un vaste volume unitaire qui occupe la grande moitié du plan carré et au dessus duquel flotte, à environ 6 m de haut, un plafond horizontal et blanc ponctué de cercles clairs (des lanterneaux) et noirs (des niches techniques). Ce plafond est supporté par 17 poteaux en acier teintés gris argent qui ne sont pas disposés selon une trame orthogonale. Ce plan libre est ponctué par sept grands volumes architecturaux de plan circulaire (arrondie) plus ou moins déformé et dont les parois parfaitement verticales, et ponctuées de niches, s’élèvent pour la plupart quasiment jusqu’au plafond. Ces « bulles » (selon l’architecte) abritent des usages spécifiques auquel répond un traitement architectural différent : un studio son, une salle de jeu vidéo, une salle d’exposition, la salle de l’heure du conte entièrement capitonnée de moquette rose, une salle de lecture en liège, une salle de projection vidéo… Les rayonnages et postes de lecture sont répartis selon une trame rigoureusement orthogonale et dans l’embarras laissé entre les « bulles ». Dans toute sa partie centrale, le sol est recouvert d’une moquette de couleur vert. Ce vaste plan libre est complété au nord-est par une salle de spectacle et au nord-ouest par les locaux de l’administration. Le plus profond des méandres de la façade nord-ouest de la grande salle de lecture donne accès à un patio qui se prolonge en forme de rampe. S’élevant jusque sur le toit de l’immeuble, celle-ci longue d’abord la façade sinueuse de la grande salle, puis tourne à 180° pour progresser sur la toiture de l’administration avant de tourner à angle droit sur le toit de la salle de spectacle et pour finir sa course au point le plus haut, à l’angle est, au dessus de l’entrée. Entièrement tapissée de gazon synthétique, cette rampe – patio est bordée de larges plates bandes de toiture végétalisée ainsi que de trois îlots de végétation qui ponctuent sa partie sommitale. Analyse architecturale : L’architecture de la médiathèque-tiers lieux « Puzzle » a été confiée à Coulon à l’issue d’un concours lancé en 2010 par la ville. Y participaient deux autres candidats architectes : Finn Geipel (né en 1958) et l’agence Architecture Studio, agence qui a livré dans la même ville le foyer Sonacotra de la porte de Sarrelouis et le Parlement européen de Strasbourg (label ACR). Le programme du concours est mis au point par Pierre Franqueville, de l’agence d’ingénierie culturelle ABCD Culture. Avec l’appui de la DRAC, il propose à la collectivité de fusionner la médiathèque avec la scène de musiques actuelles alors à l’étude, au bénéfice d’un « tiers lieu culturel novateur où la littérature et le multimédia côtoieraient l’apprentissage des langues, la musique, les arts plastiques, une petite restauration et l’office du tourisme. » (Blaisse, 2017). Une référence directe à Ray Oldenburg, un sociologue américain qui, au début des années 80, conceptualise le cadre de vie du citoyen en distinguant trois lieux : le foyer, la sphère professionnelle et le « troisième lieu », destiné à la vie de la communauté, où tous ses membres peuvent se réunir ou échanger de façon informelle. A ce programme d’usage innovant, Coulon répond avec une architecture qui l’est tout autant. On peut en effet la considérer innovante au niveau de la production nationale mais également dans l’œuvre de l’architecte. Loin d’être une de ces nombreuses sculptures urbaines orphelines déconnectées de leur usage intérieur, « Puzzle » est une architecture au sens plein du terme, alliant dans un tout cohérent et prémédité, une structure, des espaces, des usages et une esthétique. Son apparence qui sort clairement des références communes, devient rapidement une évidence, inscrite dans le quotidien tant son usage, voire son vécu, est naturel. Bien qu’en limite des abords des monuments historiques de la ville, Isabelle Michard, ABF en 2012 ne s’y est pas trompé en validant le permis de construire. Contrairement au théâtre qui lui fait face sur la place, l’édifice transparaît, derrière le filtre de la couronne de platanes conservés intactes. Trois fois plus bas que les arbres, sa vue complète ne s’impose pas à l’espace public. Mieux, les plis de la longue façade blanche, complétés par les montants des vitrages bas, dessinent des lignes verticales qui s’inscrivent dans le même mouvement. Solidement suspendue à l’horizontalité de la ligne de l’acrotère, la longue façade sans angle présente une analogie avec un rideau dont les pleins et les déliés définissent un second filtre entre l’extérieur et l’intérieur. Cette analogie est renforcée par l’ondulation du pied de façade qui, tel un rideau à feston, se soulève et s’abaisse au devant de la façade vitrée continue, ménageant les vues depuis et sur la médiathèque. Ce dispositif architectural inédit facilite l’interpénétration voulue par le commanditaire, entre l’espace public de la ville et celui de la médiathèque. Placée à l’angle de la place, à l’endroit où le « rideau » se lève le plus haut, l’entrée dans l’édifice est évidente. Notons toutefois que si des ondulations se développent en plan comme en élévation, les génératrices des plans de façades restent en revanche toujours parfaitement verticales. C’est probablement cette nuance géométrique qui donne à « Puzzle » ce sentiment d’urbanité et fait qu’il ne peut pas être rangé du coté des architectures dites non standard ou paramétriques qui regroupent « les formes complexes et quelconques au sens géométrique du terme » (Berthier, 2017). A l’intérieur, l’usager expérimente un espace unitaire, réglé uniquement par un toit, et dont les parois sont le négatif de l’espace urbain. Comme l’indique l’architecte : « Le bâtiment repose sur un principe de systèmes irréguliers autonomes. La superposition de ces systèmes simples mais qui renvoient à des logiques indépendantes produit une tension dans l’espace et dans sa lecture. Ainsi, l’espace perceptif optique, échappe à l’espace euclidien qui privilégie les lignes droites. Les bulles contiennent des éléments du programme très spécifiques […]. Elles sont définies comme des cocons où l’on est coupé des autres univers, où l’on échappe à la partie collective […]. Elles aussi, ne répondent pas à une logique cartésienne. La distance qui les sépare dépend de leur aire d’influence, de leur échelle. La couleur et les matières de l’espace principal font apparaître des variations de lumière et de teinte qui contrastent avec la matérialité des bulles. L’espace est fluide, les parcours multiples offrent des points de vues toujours renouvelés. Le processus de dévoilement des univers devient le jeu de la promenade. Le déplié de l’enveloppe accentue cette impression d’espace infini. Dans cet espace « indicible » la notion de gravité semble s’évanouir, le toit et les murs semblent flotter. Cette sophistication génère une « acoustique plastique » qui donne à ce nouveau lieu une atmosphère qui transporte et réinterroge le rapport au corps, la fluidité. La lecture de l’espace n’est pas univoque, la perception qu’on en a révèle une complexité, une richesse inattendue. C’est un espace de liberté. » (Coulon, 2017) L’architecture de « Puzzle » est une exploration inédite de la figure du plan libre, si chère à la pédagogie de Ciriani, où tout, contenant comme contenu, est défini par des frontières souples. A nouveau, comme à l’extérieur, seules les génératrices des plans des parois restent parfaitement verticales ce qui attribue un discret mais utile repère spatial aux usagers et ne fais que renforcer la liberté d’exploration. L’analyse de la remarquabilité architecturale de « Puzzle » serait incomplète si l’on ne citait pas la rampe en gazon synthétique qui, partant d’un ilot de moquette du même vert intense à l’intérieur, amène l’usager jusque sur le toit au contact du ciel et de la canopée des platanes. Elle est un autre moment d’invention architecturale, si ce n’est le plus innovant. Coulon se rappelle : « C’est sans doute cette idée qui a fait la différence au concours » (Villeneuve, 2016)."

Historique :
Livré en 2014, « Puzzle » figure parmi les œuvres de maturité de Dominique Coulon qui est aujourd’hui parmi les principaux architectes français reconnus pour leur œuvre. Sa première œuvre notable est le collège Louis Pasteur à Strasbourg, livré en 1996, qui obtient le prix de la première œuvre de l’Equerre d’argent. Dominique Coulon (né en 1961) est diplômé de l’école d’architecture de Paris – Belleville après avoir débuté ses études dans celle de Strasbourg. A Paris, il intègre l’enseignement de l’atelier UNO fondé par Henri Ciriani (né en 1936) qui le suit notamment pour son diplôme en 1989. La même année, il fonde son agence à Strasbourg, qui en 2008, deviendra l’agence Dominique Coulon et associés avec Steve Lethos Duclos. En 1991, l’architecte est lauréat de la Villa Médicis Hors les murs. En 30 années d’exercice, Coulon se révèle être un des meilleur représentant de ce que le sémiologue et didacticien Jean-Charles Lebahar appelle la « virtuosité de l’espace du projet » en se référant à la pédagogie du groupe UNO. Il a livré des architectures régulièrement publiées et primées notamment dans le domaine des équipements scolaires et culturels. Parmi celles-ci on peut relever le Centre dramatique national à Montreuil (2008) et l’EHPAD d’Orbec (2015), tous deux successivement nominés au prix de la Fondation Mies van der Rohe. L’école André Malraux à Montpellier (2015) qui a obtenu le label ACR en 2020 ou encore le théatre Théodore Gouvy à Freyming-Merlebach (2017). Ces œuvres ont été nommées pour l’Equerre d’argent en 1999, 2002, 2003. Donnant une grande part à l’intuition, Dominique Coulon cherche, comme il le dit « à développer des projets contextuels mêlant contraste et complexité, dont l’enveloppe extérieure donne un aperçu de la richesse intérieure. » Pour lui et son associé, « qualité spatiale et lumière naturelle sont des fondamentaux pour chaque projet où l’espace est toujours contrôlé par une géométrie précise. » En 2022, Dominique Coulon reçoit la médaille d’Or de l’Académie d’architecture pour l’ensemble de son œuvre construite. Parallèlement, Coulon est enseignant à l’ENSA de Strasbourg depuis 2007 où il a créé le master « Architecture et complexité » dans lequel il dit « croiser les disciplines à la recherche de nouvelles dynamiques ». La médiathèque – tiers lieux « Puzzle » de Thionville est probablement une réalisation qui occupe une place spécifique dans l’œuvre de l’architecte. L’exceptionnelle liberté de conception que l’on y perçoit, dans un registre différent de celui que travaille habituellement l’architecte, est l’illustration de son aphorisme « L’architecture ne s’ordonne pas, elle se découvre ». Pour la première fois sans doute, l’architecte abandonne le concept du « foyer spatial », nœud à partir duquel s’organisent des représentations privilégiées de l’espace architectural (Vie-Ciriani, 1980) si souvent présent dans ses œuvres pour ouvrir avec cet « espace amorphe » un nouveau territoire de recherche. Pour Amélie Luquain, Puzzle « pourrait être considéré comme un premier aboutissement de ce pendant courbe du travail de l’agence. » (Luquain, 2017). Une orientation que Coulon continue d’explorer notamment avec la médiathèque Animu à Porto Vecchio livrée en 2022 (concours 2016). Une fois de plus la virtuosité de l’architecte dans l’« espace du projet » s’exprime avec cette œuvre au programme innovant. Avec « Puzzle » elle atteint cependant un autre stade, inédit. A noter qu’une œuvre de Coulon bénéficie du label ACR : l’ é cole primaire André Malraux à Montpellier, livrée en 2015 et labellisée en 2020. Le propriétaire (ville) comme le gestionnaire (médiathèque) de Puzzle sont satisfait de l’équipement culturel réalisé et entendent valoriser ses qualités architecturales comme un complément à son projet scientifique et culturel.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Coulon Dominique (architecte mandataire), Letho-Duclos Steve (architecte)

Datation de l'édifice :
2012, 2016

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2024

Fiche Mérimée : ACR0001937

Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09

Consultez le programme des Journées du Patrimoine pour le Monument Historique Médiathèque -tiers lieu Puzzle situé à Thionville en consultant le programme officiel des JEP 2025.