Eglise Notre-Dame du Creisker ou Kreisker à Saint-Pol-de-Léon

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Monument Historique Eglise Notre-Dame du Creisker ou Kreisker situé à Saint-Pol-de-Léon

Crédit photo : Farz brujunet - Sous licence Creative Commons

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Adresse renseignée dans la base Mérimée :
rue Cadiou ; place Michel Colombe
29250 Saint-Pol-de-Léon - France

Code Insee de la commune : 29259
Finistère [29] - Quimper - Bretagne

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
4 Rue Verderel 29250 Saint-Pol-de-Léon

Eléments protégés :
Eglise (cad. AM 6) : classement par liste de 1840

Description :
Plan et ordonnance intérieureComme l'avait justement observé Lucien Lécureux, l'intérieur de la chapelle présente des dispositions tout à fait uniques et insolites qui méritent que l'on s'y arrête. L'église reconstruite dans le dernier quart du XIVe siècle comportait primitivement une nef encadrée de collatéraux couverts d'un toit en appentis et son vaisseau central était directement éclairé par des fenêtres hautes, aujourd'hui en grande partie occultées. Le chœur quant à lui était probablement déjà flanqué au sud de deux chapelles aussi profondes que le bras de transept, si l'on en croit l'homogénéité de style entre la maîtresse vitre et celles de ces chapelles. Les bras de transept de cet édifice sont peu développés : celui du nord, en tout cas, nettement oblique s'efface devant le tracé de la rue Verderel qui est une des voies anciennes de la cité et surtout son principal accès depuis l'est. Dans la nef comme dans le chœur, l'emploi d'un même profil d'arcades, de même qu'un modèle identique de chapiteaux tout à fait particulier plaide également dans ce sens.Les élévations intérieures de la nef et du chœur présentent une ordonnance atypique dont on ne trouve guère d'équivalent en Bretagne. Sur le côté nord de la nef sont encore visibles, à l'aplomb des travées, trois fenêtres hautes, en grande partie bouchées, ces fenêtres à deux lancettes surmontées de trilobes sont isolées et percées dans un mur plein. Sur le côté sud, en revanche, ces mêmes fenêtres, également partiellement bouchées suite à l'élargissement du collatéral, sont associées à un triforium formé d'une suite continue d'arcades trilobées, triforium que l'on retrouve, sans les fenêtres, dans la partie haute du mur sud du chœur. Cette dissymétrie radicale de l'élévation intérieure, assez rare, a de quoi surprendre, tout autant que l'intégration des fenêtres hautes du côté sud dans la coursière continue du triforium, seul exemple connu de cette disposition en Bretagne. Au cours de la première moitié du XVe siècle, sans doute peu avant 1430, la construction de la vertigineuse tour de croisée devant servir à la fois de nouveau beffroi municipal et de clocher paroissial, nécessite un meilleur contrebutement. Pour répondre à ce nouveau besoin, la conception architecturale de l'édifice est alors entièrement repensée : de grands arcs diaphragmes intérieurs faisant office d'arcs-boutants sont lancés en travers des collatéraux dont les toitures, considérablement rehaussées et transformées en pignons perpendiculaires à la nef, contribuent au contrebutement de l'édifice. Cette modification radicale des collatéraux entraîne l'occultation aux deux tiers des fenêtres hautes de la nef. Au cours de cette importante transformation, la surface du collatéral sud est étendue en alignant le nouveau mur extérieur sur celui du bras sud ; en revanche, la présence de la rue Verderel au nord a empêché l'extension de la surface du collatéral nord.Ordonnance extérieureLa façade occidentale du Kreisker a conservé l'essentiel de sa composition originelle remontant à la fin du XIVe siècle : les extrémités des collatéraux, à l'origine en appentis, ont été remontées et alignées horizontalement au XVe siècle par un garde-corps continu, lors de l'extension du collatéral sud et la construction des porches sud et nord. La porte centrale, dont le style et la modénature sont caractéristiques des environs de 1400, est accompagnée sur sa gauche par une petite niche en arc trilobé, inhabituelle à cet endroit, qui servait sans doute initialement à abriter la statue de Vierge à l'Enfant du XIVe siècle, remontée au sommet du porche nord. Le sommet du pignon ouest avec ses clochetons latéraux empruntés aux compositions normandes du XIIIe siècle intègre ici un clocheton médian supplémentaire correspondant probablement à un premier projet de beffroi, si l'on rappelle que la chapelle servait de lieu de réunion pour la communauté de ville. Une disposition semblable se retrouve aux XVe et XVIe siècles, sur les églises de Malestroit ou de Guérande.L’élévation sud met l'accent sur la fonction symbolique de l'édifice qui marque et contrôle l'entrée sud-est de la ville, avec sa série de cinq pignons qui débordent largement des toits et sont doublés d'un chemin de ronde en escaliers, les étonnants petits jours percés dans les rampants ainsi que dans l'allège des grandes fenêtres, enfin son porche surmonté d'une tribune. Celle-ci, accessible depuis l'escalier en vis de la façade ouest par une volée d'escalier droite ménagée dans l'épaisseur du mur, et conçue comme pour servir à la prédication, rappelle le contexte de la fin du XIVe et du XVe siècle, celui des grands prêches donnés dans les villes par les ordres mendiants, parmi lesquels ceux de saint Vincent Ferrier sont restés célèbres. Un autre porche est construit au nord, en vis-à-vis de celui du sud, probablement vers le milieu du XVe siècle. Ce porche nord, à rapprocher de celui de Notre-Dame de Quimperlé, se présente comme une grande composition héraldique qui ne comportait pas moins de huit blasons. Piganiol de la Force, dans sa Description de la France en 1754, relève au sommet du pignon les armes ducales en prééminence, sans identifier les autres armoiries qui devaient décliner la hiérarchie féodale de l'époque. La richesse de sa conception frappe d'emblée : sa voussure extérieure peuplée de figurines d'apôtres, son intrados orné d'un lambrequin à festons ajourés, ses contreforts obliques, ses niches à dais, son accolade centrale et son gâble rehaussés de feuillages retournés situent incontestablement le porche nord du Kreisker parmi les prototypes majeurs qui servirent d'inspiration aux grandes réalisations léonardes de la fin du XVe et de la première moitié du XVIe siècle. A l'intérieur, une série de douze niches à dais abritant le collège apostolique, image symbolique du modèle du corps de ville, encadrait sur le trumeau central une statue de saint Christophe. Le tympan au-dessus des portes géminées devait être garni de vitraux, permettant l'apport d'un peu de lumière dans la nef obscure. L'étage au-dessus de la voûte est occupé par une pièce équipée d'une cheminée, d'une armoire murale et de latrines.La flèche du Kreisker qui s'élève jusqu'à 78 m en fait le plus haut des clochers bretons. Véritable défi aux lois de l'équilibre, il suscita par son audace inégalée l'admiration de Vauban. A la différence des modèles normands qui ont certes inspiré sa forme générale, sa conception tout à fait originale fait reposer l'étage supérieur de la tour non sur un massif plein orné d'arcatures, mais sur une base évidée percée de fenêtres et de galeries ajourées. Le principe de ces dernières, peut-être inspiré par les coursières intérieures des tours lanternes normandes, mais qui évoque surtout les formes du Perpendicular anglais, est directement lié à la fonction de guet de l'édifice. Ces coursières à jour déplurent à Mérimée qui ne sut guère en comprendre la véritable raison. Elles allègent la masse des murs en même temps qu'elles distribuent, juste au-dessus de la croisée du transept, deux salles superposées, la première servant probablement de corps de garde et la seconde d'étage de cloches pour le tocsin communal. L'association de cette fonction communale et défensive au programme cultuel a entraîné dans toute cette première partie de la tour du Kreisker l'imbrication subtile de coursières horizontales et de fenêtres verticales. Curieusement, la coursière, décrochée en hauteur sur les faces est et ouest, se poursuit sur les faces sud et nord par de courtes séries de marches permettant aux quatre angles de rattraper le dénivelé. Ce décrochement n'a en réalité d'autre raison que de permettre au guetteur de voir par delà la longueur du chœur et de la nef, au-dessus de leurs hauts pignons, eux-mêmes parcourus d’un chemin de ronde. En fait, la nécessité de répondre à une fonction de guet et de surveillance des environs proches de la partie sud de la ville a entraîné cette disposition élaborée. Cette adaptation remarquable à un programme architectural complexe explique en grande part le dessin atypique et inattendu de la tour du Kreisker, jamais rencontré ailleurs.La composition de l’étage supérieur de la tour n’est pas moins étonnante, malgré son dessin général à deux grandes baies par face flanquées de hautes arcatures, qui reprend celui des tours de la cathédrale. Au lieu d’être ouverte en glacis comme il est habituel, la partie basse des hautes fenêtres est ici barrée par une ligne d’arcatures aveugles, elle-même surmontée d’un faux garde-corps à quadrilobes légèrement décroché en hauteur, qui donne de loin l’illusion d’un balcon. La flèche enfin synthétise et surpasse les modèles des tours de la cathédrale. Une plate-forme sommitale soutenue par un fort encorbellement supporte la flèche centrale, en retrait. Les clochetons d'angle prennent une importance inégalée : sur un premier niveau de plan carré, le maître d'œuvre a ajouté des clochetons octogonaux déjà employés pour la façade occidentale. Le passage du plan carré à l’octogone, lui-même évidé de quadrilobes, et le couronnement hérissé de gâbles aigus radicalisent cette recherche esthétique dans laquelle les vides l’emportent largement sur les pleins.

Historique :
Eglise bâtie à la fin du XIVe siècle par Jean IV, duc de Bretagne. Le portail présente des feuilles de mauve et d'acanthe entrelacées sous les voussures d'un arc en tiers point. Le clocher se présente comme une tour carrée dont la masse se trouve dissimulée par de longues fenêtres en ogive. Elle est surmontée d'une corniche et d'une balustrade d'où s'élance une flèche travaillée à jour et flanquée de clochetons. La tour repose, dans l'église, sur quatre piliers taillés en faisceaux de petites colonnes.
Édifice antérieur roman, détruit vers 1375. Élévation occidentale, nef, transept et chœur en partie fin XIVe siècle. Travaux entre 1436 et 1472 affectant le bas-côté sud, puis construction des chapelles à pignons multiples aveuglant la nef. Construction de la flèche mesurant plus de 75 mètres probablement peu avant 1440 s' inspirant du modèle de la chapelle détruite de Notre-Dame-du-Mur à Morlaix construite entre 1372 et 1426. Influences stylistiques normandes (Saint-Pierre de Caen) et anglaises (style perpendiculaire) . Tour contemporaine de celles de Quimper et du Folgoët. Réparations en 1576. Édifice menaçant ruine en 1633. Réparations importantes au clocher en 1639 endommagé par la foudre. Nouvelle menace de ruine à la fin du XVIIIe siècle. Restauration de la flèche en 1807 sur l' ordre de Napoléon Ier, à cause de son intérêt vital pour la navigation maritime. Le Kreisker est un édifice majeur de l' architecture religieuse bretonne.(Christel Douard, Catherine Toscer; Inventaire topographique.1984)L'origine du vocable de la chapelle du kreis kaer, attesté au moins dès le XIVe siècle et dont la traduction littérale signifie le “ centre de la cité ”, n'est pas clairement établie. Une très ancienne chapelle, sans doute romane, dont on sait seulement qu'elle était déjà consacrée à la Vierge, aurait préexisté sur le site. Cette tradition pourrait expliquer l'irrégularité du plan de l'édifice actuel qui aurait du tenir compte des contraintes de l'ancien dont les chroniques rapportent qu'il fut incendié en 1375 par les Anglais lorsqu’ils saccagèrent la ville. Cette date permet en tout cas de situer dans le dernier quart du XIVe siècle le début de la reconstruction de la chapelle. A l'instar de Notre-Dame de Quimperlé, de Notre-Dame-du-Mur à Morlaix ou de Notre-Dame-du-Guiaudet à Quimper, celle-ci servit dès sa reconstruction de lieu de réunion au corps de ville. Ce double usage religieux et municipal, auquel il faut adjoindre celui de surveillance et de défense de toute la partie sud de la ville, explique pour une bonne part la conception originale du Kreisker.La façade ouest, à l'exception de son extension vers le sud qui date du XVe siècle, les bras de transept et le chœur peuvent remonter à la première campagne de reconstruction, dans le dernier quart du XIVe siècle. Très rapidement, en particulier lors de l'édification de la tour de croisée, des changements de parti, en plan comme en élévation, interviennent et ce dès le premier quart du XVe siècle. D'abord, on décide d'élargir les chapelles méridionales de la nef et d'aligner leur mur sur celui du chœur : en même temps, on construit l'élégant porche sud qui ouvre sur la première travée du collatéral sud. Les armes de l'évêque Jean Prigent (1436-1439) à la clef de voûte de la croisée situent dans les années 1430 la construction de la tour centrale. Tous ces bouleversements du programme initial entraînent entre autre l'occlusion quasi totale des fenêtres hautes de la nef dont on ne conserve que l'éclairage du réseau. Le chantier se termine vers le milieu du XVe siècle par la construction d'un important porche au nord.(Jean-Jacques Rioult. enquête thématique régionale, Bretagne gothique. 2008)

Périodes de construction :
XIVe siècle, XVe siècle

Propriété de la commune

Informations pratiques de visite ou services :

Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?

Photographies de la base Mémoire (de 1851 à 1914) :


Autres photographies :



Fiche Mérimée : PA00090427

Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-11-01

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