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Adresse renseignée dans la base Mérimée :
44100 Nantes - France
Code Insee de la commune : 44109
Loire Atlantique [44] - Nantes - Pays de la Loire
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8 Place Saint-Pierre 44000 Nantes
Eléments protégés :
La cathédrale : classement par liste de 1862
Description :
. Plan et ordonnance intérieure. L´édifice du XVe siècle se compose d´un massif occidental précédant une nef à trois vaisseaux de cinq travées, accostée de chapelles latérales rectangulaires. Le XVIIe siècle a ajouté un transept à peine saillant et le 19e un choeur à trois travées droites, ceint d´un déambulatoire à cinq chapelles rayonnantes à pans coupés.. L´analyse architecturale et les données archivistiques permettent d´esquisser une chronologie des travaux. Les constructeurs ont commencé par marquer l´emprise au sol du bâtiment par une dizaine d´assises en granit de provenance locale. Sur ce socle, ils ont bâti en tuffeau le reste de l´édifice. Une première campagne, dans le deuxième tiers du XVe siècle, voit s´élever le massif occidental, à partir de l´angle sud-ouest, le bas-côté et les chapelles sud (à l´exception de la travée proche du transept) et la pile nord-ouest de la croisée. Ces parties comportent des piles composées dont les colonnettes sont dotées de bases en flacons alignées sur un même niveau, de réglets et de petits chapiteaux à motifs végétaux : autant de traits qui rappellent les grands chantiers ducaux de la Bretagne occidentale, antérieurs d´une décennie. Puis, à partir de 1470 et pendant une quinzaine d´années, on élève le bas-côté et les chapelles nord, où les chapiteaux ont disparu et les supports gagnent en complexité, avec les bases des colonnettes étagées sur plusieurs niveaux, les registres supérieurs du grand vaisseau, et le mur ouest du bras nord du transept. Enfin, au début du XVIe siècle, on achève les parties hautes, la dernière travée du collatéral sud et la chapelle correspondante, destinée à recevoir la sépulture de Guillaume Guéguen, et on monte le mur ouest du bras sud, sous la conduite de Jacques Drouet.. La travée des tours, occupée depuis 1620 par la tribune de l´orgue, a dans un premier temps été conçue comme un véritable narthex, espace autonome probablement fermé du côté de la nef. La partie basse de ses piliers reprend les principes de composition et les motifs ornementaux des portails de la façade et en prolonge l´iconographie. Elle témoigne d´un premier parti d´élévation : le triforium, remarquablement élevé, s´ouvre ici par des arcs brisés à accolade et fleuron, divisés en trois lancettes tréflées surmontées dans le tympan de trois soufflets, et un garde-corps flamboyant. Dans la fausse travée correspondant aux escaliers en vis logés à l´est des tours, un arc trilobé et un soufflet tête-bêche se superposent dans un arc en mitre très aigu. Ces élégants motifs flamboyants, d´une extrême fluidité, rappellent des réalisations parisiennes ou normandes contemporaines, mais aussi des fenestrages bas-bretons du milieu du XVe siècle (bras nord du transept de Notre-Dame de Quimperlé). Ils seront abandonnés dans la nef, au profit d´une esthétique très différente. Au revers de la façade, une coursière passe devant les deux baies percées sous la grande fenêtre ; elle est précédée par une élégante résille de pierre, qui superpose dans des cadres segmentaires lancettes tréflées et trèfles ou quatre-feuilles.. Bien que voûtée pour l´essentiel seulement au XVIIe siècle, la nef de Nantes s´impose comme une des grandes réussites, sous-estimée, du gothique tardif. La hauteur du vaisseau central est portée à 37,50 m, soit à peu de choses près celle du vaisseau de Reims. L´exploit, autorisé par l´emploi du tuffeau, n´avait jamais été approché dans un édifice breton ; celle des bas-côtés est exactement deux fois moindre. Les grandes arcades occupent donc la moitié de la hauteur totale du vaisseau, soit un système de proportions très différent de celui des cathédrales de l´apogée gothique. Dans le vaisseau principal et le bas-côté nord, la mouluration file de la base à la clé des arcs ou des voûtes sans être interrompue par des chapiteaux, conférant à l´élévation beaucoup de nervosité et de dynamisme. Ce parti d´une mouluration continue, loin d´être une innovation de la fin du Moyen Âge, marque la résurgence d´une formule expérimentée dès la fin du XIIIe siècle, qu´on retrouve dans plusieurs édifices de la seconde moitié du 15e (choeur du Mont-Saint-Michel, nef de la cathédrale d´Anvers, travées occidentales de la Trinité de Vendôme).. La conception des registres supérieurs de l´élévation doit se situer vers 1470, mais l´exécution se prolongea jusqu´aux premières années du XVIe siècle, comme l´indique l´adoption de quelques discrets motifs Renaissance au niveau du triforium de la travée est. Elle reprend un parti à trois niveaux, pourtant tombé en désuétude dans le dernier tiers du XVe siècle, mais dans un esprit radicalement différent de celui de l´avant-nef. La hauteur du triforium se trouve ici réduite au profit des fenêtres hautes. Il ouvre dans chaque travée par une série de trois arcs en anse-de-panier séparés par de minces pinacles, à l´intrados chargé d´une guirlande de fins trilobes, et surmontés d´une accolade à fleuron, les moulures de l´arc et de l´accolade se recroisant avec raffinement. À chaque arcade correspond dans le mur du fond une petite baie trilobée qui donne jour au triforium sans en faire une de ces cages vitrées répandues dans le style rayonnant. Les clés de voûtes et les remplages des fenêtres hautes du côté sud, détruits respectivement en 1793 et en 1800, ont été restitués après l´incendie de 1972.. Ordonnance extérieure. La cathédrale occupait dans le site urbain une position dominante propre à frapper les visiteurs. La restauration, en voie d´achèvement, du front occidental, incluant la reprise des parements de tuffeau altéré, la restitution des gâbles des portails, de la galerie de la partie centrale et du réseau aveugle du pignon, permet d´ores et déjà une meilleure lecture de celui-ci. Large de 40,70 m, il offre un modèle de façade harmonique très différent de celui de Quimper, commencé dix ans plus tôt. Les parties basses, abondamment décorées, contrastent avec la sobriété des tours. Le portail, célébré dès sa création, abritait un exceptionnel cycle sculpté comprenant quelque 160 reliefs sur le thème de la Genèse ornant le soubassement et se poursuivant à l´intérieur de l´avant-nef, et une centaine de sculptures dans les voussures. J.-M. Guillouët, après avoir justement daté ces travaux de sculpture entre 1455 et 1465, propose de voir dans Philippe Colombe et son fils Michel les deux maîtres principaux des portails. F.-C. James a d´autre part rapproché ces sculptures de miniatures du premier tiers du XVe siècle, comme les Heures de Rohan ou les Très Riches Heures de Jean de Berry. Le tympan du portail central illustrait le Jugement dernier. Les scènes se détachaient sur des fonds d´ardoises incrustés, selon un procédé dont les décorateurs de la Renaissance feront grand usage. . Les portails latéraux étaient consacrés aux saints Pierre et Paul, tandis que ceux des faces sud et nord célébraient respectivement les dévotions bretonnes et nantaises, dans un programme où religion et politique se confortaient mutuellement. Au sud, le portail Saint-Yves, dit aussi porte du Château, était spécialement lié à la puissance ducale : le prince y accédait directement depuis le château, et le balcon qui le surmonte du côté droit était certainement lié à la circonstance. De plus, la verrière du tympan comme la porte qui depuis l´intérieur de l´église mène audit balcon étaient timbrées des armes de Bretagne. Une chaire à prêcher extérieure occupe l´angle sud-ouest de la façade. Au-dessus du portail central et en partie dissimulée par son gâble et une riche arcature récemment restitués, est ménagée une galerie de circulation dont le mur de fond est orné de quatre baies aveugles à réseau d´intrados polylobé et archivolte sommée d´un fleuron ; leur profil en accolade à plusieurs ressauts rappelle le triforium du choeur de Saint-Pol-de-Léon, des années 1430 ; elles sont séparées par des trumeaux amortis par des arcs infléchis ; dans les deux travées centrales, sont percées deux baies en arc segmentaire composées de deux lancettes tréflées surmontées de deux quatre-feuilles. Au-dessus s´ouvre la grande fenêtre dont le remplage agence subtilement courbes et contre-courbes, avec à sa base une coursière à garde-corps quadrilobé. Enfin, le pignon vient de retrouver son réseau aveugle, attesté par des photographies anciennes, qui reprend celui de la grande verrière. La première galerie passe également au-dessus des portails latéraux, mais avec un décrochement en hauteur par rapport à la travée centrale. La paroi est ici animée par deux baies aveugles à réseau d´intrados polylobé, surmontées d´un gâble au profil chantourné.. Les tours, hautes de 63 m, dépassent à peine le faîte du grand comble du vaisseau principal. Elles présentent dans leurs parties médianes et hautes une réelle austérité sobriété qui contraste avec la richesse décorative de la zone des portails, mais semble davantage relever d´un choix esthétique que de contraintes financières. Chacune superpose au-dessus des bas-côtés de l´avant-nef une chapelle haute, la chambre des sonneurs et une chambre des cloches, ouverte sur trois côtés par une baie géminée à traverse ; celle du midi est couverte par trois voûtes d´ogives barlongues portant à leurs clés les armes de Bretagne, le monogramme du Christ et les armes du chapitre. Les tours sont épaulées par de puissants contreforts : à pans coupés et creusés de niches à dais superposées jusqu´à mi-hauteur du frontispice, ils passent ensuite au plan rectangulaire et présentent des retraites talutées avant de s´amortir par des pinacles à crochets. Elles étaient à l´origine couvertes en terrasse. Il ne semble pas que des flèches aient été prévues.. Élévations latérales. Les bas-côtés et les chapelles de la nef étaient à l´origine dotés de toitures en terrasse recouvertes de dalles de granit, remplacés en 1614 par des toits en appentis masquant les baies du triforium. Les terrasses ont été rétablies en 1907-1908, protégées par un voile de béton armé, restituant au vaisseau sa silhouette si particulière. La travée entre les tours est couverte d´épaisses dalles de schiste scellées directement sur l´extrados des voûtes d´ogives.. Même si sa nef et son exceptionnel frontispice ont seuls été élevés au XVe siècle, la cathédrale de Nantes, par ses proportions colossales et la richesse sans égale de son programme sculpté, témoigne des ambitions véritablement régaliennes des ducs de Bretagne. Tirant partie des expériences menées à partir des années 1420 sur les chantiers cornouaillais, ses architectes les enrichissent des inventions du milieu ligérien pour produire une des réalisations magistrales de l´art flamboyant.
Historique :
L´histoire des cathédrales successives de Nantes débute au milieu du VIe siècle, avec la construction d´un premier sanctuaire à proximité de l´enceinte gallo-romaine. Consacré par l´évêque saint Félix (549-582), il est dévasté par les Normands en 889 et 919. De sa reconstruction à la fin du Xe siècle par l´évêque Guérech, subsisterait le noyau de la crypte, avec son déambulatoire à trois chapelles rayonnantes. Un siècle plus tard, un de ses successeurs, peut-être Benoît (1081-1114), conçoit un ambitieux projet comportant un transept avec bas-côtés, doté d´une élévation à trois niveaux, dont seul fut réalisé le choeur à déambulatoire et trois chapelles rayonnantes. Le chevet, qui reprenait le parti de la crypte, fut sans doute agrandi dans le deuxième quart du XIIe siècle. Quant à la nef, quelques témoignages anciens ont permis d´avancer l´hypothèse d´un vaisseau voûté d´une file de coupoles, peut-être encadré de collatéraux. L´évêque Geoffroy (1198-1213) fit achever en 1208 la grosse tour placée à la croisée du transept, qui subit deux incendies, en 1405 et en 1415. Jean V, dont le père avait demandé à être inhumé dans le choeur des chanoines, ayant concédé au chapitre la perception des vins entrant dans la ville, sa reconstruction en pierre put être entreprise dès l´année suivante par l´évêque Henri Le Barbu, et le chantier se poursuivait en 1424.. Dix ans plus tard, le duc, l´évêque et le chapitre entreprennent la reconstruction de la cathédrale. Le 15 avril 1434, Jean V en personne pose la première pierre du nouveau portail. Entrepris sous la conduite du maître Guillaume de Dammartin, à qui succède en 1444 Mathurin Rodier, le chantier du massif occidental dura un demi-siècle, avec le soutien conjoint des ducs et des papes, les premiers en consentant des avantages fiscaux au chapitre, les seconds en accordant périodiquement des indulgences. La supplique adressée à Eugène IV en 1437 précise que la reconstruction a déjà coûté 15 000 livres tournois et que l´achèvement du programme en nécessitera encore 60 000. En 1483, Sixte IV, qui s´était réservé le tiers du produit des indulgences accordées à la cathédrale de Nantes, fait encore abandon de la moitié de cette part à l´oeuvre, et confirme en même temps à Pierre du Chaffault de pouvoir imposer une contribution au profit de l´oeuvre.. Les archives du chapitre et l´héraldique livrent quelques jalons chronologiques. En 1457, le scribe Jean Méat note que le frontispice est inachevé, mais conduit jusqu´à la naissance des voûtes supérieures. Des couvreurs travaillent alors à la tour nord. Au même moment, on procède au voûtement de la chapelle haute de la tour sud, dont une clé porte les armes de l´évêque Guillaume de Malestroit (1443-1462). La chambre des cloches qui lui est superposée est construite sous l´épiscopat de Pierre du Chaffault (1477-1487). En 1478, le chanoine Jean Berhault donne 300 livres pour la construction de la chapelle haute de la tour nord. Les années 1470 voient également le voûtement des bas-côtés, tant du massif occidental que de la nef. En 1482, Pierre Fentin pose sur les vantaux du portail central deux plaques de bronze représentant saint Pierre et saint Paul, exécutées d´après les dessins de Pierre de La Chasse, peintre verrier et enlumineur de François II. La travée centrale du massif occidental reçoit sa voûte vers 1480. En 1498, est installé le grand vitrail de la façade, et la première travée de la nef est probablement voûtée peu après. En 1518, le chanoine Yves de Quirissec lègue 4 000 livres pour la poursuite du voûtement, mais le don est finalement affecté à des fondations pieuses. En 1506, un don de l´évêque Guillaume Guéguen permet l´achèvement du bas-côté sud : il fait bâtir à ses frais la chapelle de Sainte-Madeleine et Saint-Hervé et y employa 2 800 livres. Les cloches sont transférées du vieux clocher de croisée à la tour sud en 1508. En 1520, le chantier s´interrompt pour près d´un siècle, et la suite de l´histoire s´inscrit dans le cadre, au demeurant passionnant, du gothique d´arrière-saison.. En 1614, un procès-verbal signale l´urgence de réparer la couverture des tours des deux clochers, des chapelles et des bas-côtés, travaux qui sont aussitôt adjugés. Les aménagements intérieurs se poursuivent sous le règne de Louis XIII avec la construction de l´orgue et de sa tribune (1614-1620), l´érection du jubé (1615-1618) et le décor peint du maître-autel, du choeur et de la coupole de croisée (1618-1625). Les années 1626-1630 voient le voûtement des quatre travées orientales de la nef sous la conduite d´architectes qu´on retrouvera pour la plupart sur le chantier du bras sud du transept, ouvert en 1631 et achevé en 1637, sauf la voûte, posée en 1642. Vers 1650, Louis Le Vau, consulté par le chapitre, préconise de continuer l´église comme elle est commencée, c´est-à-dire dans le style gothique. On commence alors les deux premières travées du bas-côté sud du choeur et les chapelles correspondantes (1650-1657), puis le projet s´enlise. C´est seulement en 1840 que sera bénite la première pierre du bras nord du transept, prélude à la reconstruction complète du choeur dans le style de la nef, qui sera achevée en 1891. Une restauration générale du monument sera menée après l´incendie de 1972, qui se poursuit aujourd´hui avec celle du massif occidental.
Périodes de construction :
XVe siècle, XIXe siècle
Propriété de l'Etat
Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?
Site internet : http://www.loire-atlantique.fr
Fiche Mérimée : PA00108654
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-18
Consultez le programme des Journées du Patrimoine pour le Monument Historique Cathédrale Saint-Pierre Saint-Paul situé à Nantes en consultant le programme officiel des JEP 2025.