Précision de la localisation : 7 - Satisfaisante >> Votre avis :
Street View Modifier la localisation
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
2 chemin de Montaut
30400 Villeneuve-lès-Avignon - France
Code Insee de la commune : 30351
Gard [30] - Nîmes - Languedoc Roussillon - Occitanie
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
4 Chemin de Monteau 30400 Villeneuve-lès-Avignon
Eléments protégés :
Domaine, à savoir l'ancienne livrée et son parc avec la source et l'aqueduc souterrain (cad. AR 180, 183, 930p, 936) : inscription par arrêté du 31 juillet 1997
Description :
Il ne subsiste que peu de choses, aujourd'hui, de l'ensemble décrit par les sources : quelques vestiges de la résidence proprement dite, de la fontaine et, peut-être, quelques minuscules segments des maçonneries du mur d'enclos, l'église et les bâtiments monastiques ayant pour leur part disparu sans laisser la plus petite trace. On repère, ça et là , dans les constructions du XIXe siècle, quelques blocs provenant de l'édifice médiéval. Le bâtiment principal du manoir se dresse aujourd'hui au milieu d'un parc. Remanié à de nombreuses reprises, au XVe siècle, puis au XVIIIe siècle, enfin entre 1886 et 1900, il a perdu ses divisions et distributions d'origine, gardant cependant son caractère initial de bloc massif et vertical. Faisant donc abstraction des cloisons ultérieures, il est facile de restituer la grande salle basse, de 22 mètres de long sur 9,5 de large, dans laquelle on pénétrait du dehors, au nord-ouest, par une grande porte en tiers-point. La salle a conservé son plafond à trois registres : les poutres d'abord, portant trois files de poutrelles sur lesquelles reposent à leur tour les solives. Une toiture couverte de tuiles rondes coiffait le tout. L'église était articulée à l'un des petits côtés du bâtiment, un clocher octogonal à toit de pierre pyramidal servant de transition. Mais elle n'était pas d'équerre avec le corps du manoir. Ce détail indique de façon péremptoire que l'église fut conçue en un second temps, après la maison. Sa typologie, bien connue grâce à des vues anciennes, est caractéristique du style local du milieu du XIVe siècle, nef sans chapelles latérales accostée de gros contreforts articulant ses cinq travées voûtées d'ogives et sa couverture de pierre. Dernier avantage et non le moindre la présence de l'eau : à l'interface d'une strate hétérogène de sable et galets déposés sur une couche de marne bleue, jaillit une source, dite la fontaine de Montaut. Il s'agit d'un système de récupération des eaux. Un réseau de galeries souterraines appareillées et voûtées en tiers-point, fonctionnant comme un drain, capte les veines d'eau au sein des dépôts de graviers accumulés dans les profondeurs de la colline pour l'amener par une cuvette vers un réservoir carré couvert d'une voûte d'ogives.
Historique :
Pierre Bertrand, lorsqu'il était venu s'établir en Avignon, fit ériger un palais face à la cité papale. Quand il fut élevé au cardinalat, il créa un prieuré auprès de son palais. Les premières autorisations datent de 1329. Ce prieuré servait de résidence aux hôtes illustres des papes. Malgré quelques réparations au XVIIe siècle, le domaine fut délaissé. L'ensemble fut vendu comme bien national à la Révolution, entraînant divers changements selon les propriétaires : destruction de la chapelle, du clocher et des bâtiments claustraux ; au XIXe siècle, restructuration de la maison, création du parc avec le logement de gardien ; au XXe siècle, surélévation du bâtiment. Malgré ces réfections, le corps principal du bâtiment a conservé la plupart de ses structures du XIVe siècle. Ce bâtiment comprenait, au rez-de-chaussée, une grande salle plafonnée (cloisonnée au 19e). Le décor peint d'origine est conservé sur une partie du plafond (rinceaux, rosaces). Deux portes en tiers-point subsistent et devaient ouvrir sur un second corps de bâtiment aujourd'hui disparu. Les réfections ont surtout porté sur les ouvertures. Les plus gros travaux se situent vers 1880 avec la création d'un escalier à vis, le cloisonnement et l'aménagement néo-gothique du rez-de-chaussée, ainsi que la réalisation du parc. Il semble avoir été commandé vers 1885 à Gabriel Luizet et réalisé dix ans après. Le parc conserve l'aménagement médiéval de la source : trois canaux souterrains couverts en tiers-point convergent vers un collecteur lui-même couvert en tiers-point, tandis qu'un autre segment de canal amène les eaux dans un réservoir voûté en ogive. Ces installations hydrauliques du XIVe siècle peuvent être considérées comme un "unicum".
Le domaine du cardinal Pierre Bertrand le vieux, cardinal-prêtre de Saint-Clément, résulte du remembrement de plusieurs parcelles acquises entre 1333 et 1337. En 1335, apparaît la première mention du prieuré que Bertrand fait bâtir sur sa propriété, au contact de sa résidence, sous l'invocation de la bienheureuse Marie, et en faveur duquel le roi accorde amortissement. Selon la charte du 2 juillet 1340, l'établissement est prévu pour sept religieux plus un prieur. L'acte décrit la situation et la composition de l'ensemble : un palais ou manoir avec toutes ses dépendances. Le 6 juillet 1343, le cardinal confirme la donation aux bénédictins de Saint-André : l'acte détaille les affectations d'un certain nombre d'espaces spécifiquement monastiques, tels que le cloître, le réfectoire, le dortoir, attribués aux religieux, traitant à part le manoir proprement dit, dont le cardinal se réserve la jouissance. La construction de l'église est évidemment à situer dans la même foulée que les autres bâtiments monastiques. L'autel majeur en était dédié à la Vierge et, au XVIIe siècle, la chapelle porte le vocable de Notre-Dame-de-Consolation. C'est dans l'église que le cardinal reçoit sa sépulture en 1348. Un élément important du site est sa fontaine, mentionnée dès 1327. à€ Pierre Bertrand, le vieux, succède dans les murs son neveu (par sa sÂœur), Pierre II Bertrand du Colombier, cardinal de Sainte-Suzanne, héritier de son droit de jouissance. Au XVe siècle, le prieuré, rattaché à la mense abbatiale de Saint-André et affecté comme la résidence des abbés, conserve une certaine vitalité : le bâtiment principal fait alors l'objet d'une réfection approfondie dont témoignent de nombreuses traces archéologiques. Mais avec les vicissitudes de la communauté bénédictine de Villeneuve, s'amorce, à la fin du XVIe siècle, une lente et inexorable décadence, aggravée par les guerres entre catholiques et protestants . Les terres sont alors affermées et les bâtiments négligés. La vente, comme bien national, porte un coup fatal à l'ensemble, le nouvel occupant, un certain Gontard ne trouvant rien de mieux que d'achever de démolir la chapelle, déjà découverte, et de dépecer les bâtiments monastiques pour en vendre les matériaux. L'ensemble est repris à la fin du XIXe siècle par une famille Olivier, sous laquelle est redessiné le jardin, puis par une famille Verdet-Kléber, de riches industriels du papier, à laquelle on doit la refonte de la maison dans un style historiciste. Le parc est dessiné par Gabriel Luizet à la fin du XIXe siècle.
Périodes de construction :
XIVe siècle, 4e quart XIXe siècle
Architecte ou maître d'oeuvre :
Luizet Gabriel (paysagiste)
Propriété d'une société privée
Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?
Fiche Mérimée : PA30000012
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-12-10
Consultez le programme des Journées du Patrimoine pour le Monument Historique Domaine de Montaut (ancienne livrée cardinalice) situé à Villeneuve-lès-Avignon en consultant le programme officiel des JEP 2024.