Ancienne chartreuse du Val-Dieu à Feings

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Monument Historique Ancienne chartreuse du Val-Dieu situé à Feings

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Adresse renseignée dans la base Mérimée :
61400 Feings - France

Code Insee de la commune : 61160
Orne [61] - Alençon - Basse Normandie - Normandie

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
101 Le Valdieu 61400 Feings

Eléments protégés :
Façades et toitures de la porterie, de l'ancienne pharmacie et de la chapelle des Dames (cad. E 64) ; assiette du jardin fortifié, avec l'ensemble des vestiges enfouis et en élévation, comprenant notamment : les murs d'enceinte, les fossés et les bornes, les vestiges des tours, les murs ruinés des bâtiments conventuels, ainsi que les éléments du système hydraulique (cad. E 64 à 66, lieudit Le Valdieu, 67, lieudit Grande Cour, 68, lieudit Les Fontaines, 69, lieudit Les Fosses, 70, lieudit Grande Pièce du Valdieu, 102, lieudit Etangs du Bas de la Ligne) : inscription par arrêté du 18 décembre 1997

Description :
Implantée au sud-est de la commune, l’ancienne chartreuse du Val-Dieu occupe une clairière en limite nord de la forêt de Réno-Valdieu et s’inscrit dans un vallon. Le domaine cartusien proprement dit, qui s'étend sur 50 hectares au sud de la porterie, était initialement clôturé par un mur d’enceinte ponctué de tours et précédé d’un fossé en eau. Il en subsiste quelques éléments, notamment la tour dite aux lares. Les bâtiments détruits ont laissé place à un vaste jardin organisé en parterres engazonnés délimités par une double rangée d'arbres en alignement. Un pont maçonné en grès enjambe un fossé mis en eau qui sépare les deux parterres correspondant aux anciennes cours commune et régulière (dite aussi cour d'honneur). Le système hydraulique comprend plusieurs étangs reliés par un ruisseau artificiel. La plupart d'entre eux ont gardé leurs contours excepté celui dénommé étang aux chèvres situé en contrebas de la porterie, au nord-est, considérablement agrandi. Subsistent également trois fontaines maçonnées en élévation. Au-delà du périmètre correspondant au grand cloître, entouré d’une ceinture sylvestre, s’étendent des herbages, des champs et des bois.Les bâtiments conservés s'élèvent de part et d'autre de la porterie (1760) qui en constitue l'élément majeur établi au nord. L’ancienne porterie, transformée en habitation dans la seconde moitié du XIXe siècle, se démarque, avec la chapelle des femmes, par la qualité de mise en œuvre de ses matériaux. La sobriété de l’élévation, alliant le calcaire et la brique, est rehaussée par un enduit au clou et un décor sculpté raffiné qui surmonte les portes anciennement charretière et piétonnes représentant la Vierge à l’Enfant, saint Bruno fondateur de l’ordre des chartreux et saint Jean-Baptiste patron de la vie érémitique. Elle est cantonnée de deux corps de bâtiment plus bas traités en moellons enduits avec des encadrements en brique, qui étaient dévolus à la buanderie et à l’aumônerie. Implantée perpendiculairement à l’ouest de la porterie, la chapelle des femmes ou Sainte-Anne se compose d'un vaisseau unique bâti sur un plan allongé terminé au sud par un abside circulaire. Comme pour la porterie, la brique y est largement employée pour former les encadrements des six baies, également réparties sur les faces est et ouest, la corniche et le bandeau en continuité des linteaux et appuis. L’enduit plein couvrant les murs en moellons de silex et de roussard contraste avec les teintes chaudes de la brique. Cet ensemble architectural présente, au-delà du caractère rustique de son gros œuvre, un certain raffinement propre au XVIIIe siècle. Afin de restaurer une certaine unité, les bâtiments plus récents (logement de l'actuel régisseur reconstruit à l'emplacement de l'ancienne pharmacie à l'est de la porterie, logement aménagé dans l'ancienne infirmerie des domestiques située au sud-ouest de la porterie dans un angle du mur d’enceinte, remise bâtie sur les vestiges des anciennes écuries et remises, et toit à porcs sis à l'est en retrait de la porterie) ont été reconstruits au cours de la seconde moitié du XIXe siècle dans des matériaux sensiblement identiques : murs enduits à pierre vue et brique plus rouge voire brune dite flammée. Le motif de bandeau a quant à lui été abandonné. Les toits présentent des formes diverses, à longs pans et en croupe, arrondie pour la chapelle des dames et le logement du régisseur. Seule l'ancienne porterie est couverte en ardoise, la couverture des autres bâtiments étant en tuile plate.

Historique :
Cette chartreuse a été fondée en 1170 par le comte du Perche. Une première église a été consacrée en 1181. Le domaine s'est accru au XIIIe siècle, mais de nombreuses destructions son intervenues pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de religion. Au XVIIIe siècle, le mur d'enceinte a été rebâti, le grand cloître rénové, etc. Les nouveaux bâtiments sont ordonnés à partir d'un axe central rigoureux dans une composition alternant parterres à la française et charmilles, jardin potager et fruitier. Pendant la Révolution, les bâtiments ont été pillés et les objets mobiliers dispersés. Seules la porterie, la chapelle des Dames et la pharmacie construites en 1760 on subsisté.
Rotrou III fonde en 1170 une maison de chartreux qui, par leur labeur et leurs prières, rendront à Dieu le Val antérieurement voué au diable. Érigé au nord de la forêt de Réno, dont il reçoit une partie assortie de terres et de privilèges, le monastère est saccagé à plusieurs reprises dès la guerre de Cent Ans. Les dispositions antérieures à la reconstruction partielle de 1760 sont connues par un tableau signé et daté "de Cany" en 1688 qui fait partie d’une série de « cartes » représentant plus ou moins fidèlement l’ensemble des maisons de l’Ordre. Dans l’axe de la composition, figure la porte fortifiée dite du comte Pierre en référence à Pierre II d’Alençon qui s’y était retiré à plusieurs reprises à la fin de sa vie. Au premier plan à gauche s’alignent les compartiments réguliers de l’hortus conclusus (jardin clos), et dans leur prolongement, au-delà de la cour d’honneur, le cloître majeur dont l’organisation reflète le mode de vie semi-érémitique des Chartreux. S’y adossent les ermitages, comprenant chacun une cellule donnant sur un jardin, où les frères passent l’essentiel de leur temps, n’en sortant que pour suivre les offices. D’où l’emplacement de l’église située à la jonction du grand cloître et du cloître mineur, bordé par des espaces de vie communautaires (chapitre, réfectoire, bibliothèque). L’édifice a été reconstruit par Pierre Le Muet (1591-1661), ingénieur et architecte du roi qui a œuvré sur le chantier du château de L’Aigle et du Val-de-Grâce à Paris. En dehors de cette reconstruction et de travaux menés à la fin du XIVe et au XVIe siècles, mal documentés, la maison du Val-Dieu présente ici un état plausible ou projeté antérieur à la réédification du XVIIIe siècle qui a fait table rase de quasiment tous les bâtiments.Dès le 2e quart du XVIIIe siècle, la chartreuse fait l’objet d’une série de travaux. Le mur d’enceinte est ainsi réédifié de même que le cloître majeur au même emplacement. Le prieur dom Aimé des Champs recourt au R. P. Miserey, architecte de la congrégation de Saint-Maur, pour envisager la reconstruction du monastère. Précédant l’église, demeurée en place comme le grand cloître, les nouveaux bâtiments conventuels – le logement des hôtes et la bibliothèque – encadrent un jardin à la française fermé au nord par la porterie, par laquelle débute la reconstruction en 1760, tandis que la basse-cour est transférée en lieu et place de l’ancien jardin, relégué plus au sud. Bâti selon un plan axial, le domaine gagne en symétrie, à l’instar des demeures classiques.À la Révolution, le monastère est vendu comme bien national et la plupart des bâtiments disparaissent rapidement après leur démontage. Il en va de même pour le mobilier religieux disséminé dans les paroisses voisines. Les églises de Mortagne-au-Perche, Loisé, Longny-au-Perche et Bellême reçoivent la chaire, les stalles ainsi que les lambris de style Louis XV qui ornaient le chœur de l’église du Val-Dieu, celle de Champs le maître-autel en marbre de Sienne, celles de Tourouvre et de Saint-Mard-de-Réno, les chasubles et ornements. Quant aux ouvrages et lambris de l’ancienne bibliothèque, ils sont transférés à Alençon.En 1830, le cadastre ne fait état que de la porterie et de la chapelle des femmes dite des Dames ou de Sainte-Anne, qui permettait aux femmes de suivre les offices. Reconverti en dépendance agricole, ce bâtiment a été réhabilité vers 1900. La pharmacie, ainsi nommée sur la gravure de 1769, correspond à l’ancienne chapelle Saint-Vincent initialement réservée aux frères convers et aux domestiques. Ce bâtiment a été reconstruit symétriquement à la chapelle des femmes presque conformément au plan du siècle précédent, à l’instigation de Charles-Marie Saisson, général des Chartreux (1863-1877), lors de sa tentative de rétablissement de l’Ordre au Val-Dieu. La transformation de la porterie en logement dans la seconde moitié du XIXe siècle a occasionné plusieurs modifications comme le bouchage des portes charretière et piétonnes. Le ponceau maçonné enjambant un fossé en eau est un vestige de l’aménagement des jardins au XVIIIe siècle qui permettait de passer de la cour commune à la cour régulière. Une double rangée d’arbres en alignement délimite aujourd’hui le parterre de la première cour.En 1976, la forêt de Réno-Valdieu bénéficie d’une inscription au titre des sites, érigée au niveau du classement en 2003. Entre temps, le nouveau propriétaire des lieux obtient en 1997 l’inscription au titre des monuments historiques des façades et toitures de la porterie, de l’ancienne infirmerie des domestiques (transformé en fournil au XIXe siècle) et de la chapelle des femmes, de l’assiette du jardin fortifié, avec l'ensemble des vestiges enfouis et en élévation, comprenant notamment les murs d'enceinte, les fossés et les bornes, les vestiges des tours, les murs ruinés des bâtiments conventuels, ainsi que les éléments du système hydraulique progressivement réhabilités.

Périodes de construction :
XVIIIe siècle

Propriété privée

Informations pratiques de visite ou services :

Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?

Autres photographies :



Fiche Mérimée : PA61000004

Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-11-06

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