Cité-jardin Belle ou du Général-Renault à Tours

Précision de la localisation : 6 - A priori satisfaisante   >>  Votre avis :   

  Street View   Connectez-vous à votre compte pour améliorer la localisation de ce bâtiment

Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
"Rue du Général-Renault rue du Sénateur-Belle place Albert-Letellier Clément-Ader ; passage Clément-Ader"
37100 Tours - France

Code Insee de la commune : 37261
Indre et Loire [37] - Tours - Centre (Centre-Val de Loire)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
8 Place Albert Letellier 37000 Tours

Description :
Entreprise dès la fin 1922, la recherche d’un site adéquat dans la partie sud-est de la ville aboutit à l’achat d’un terrain de 2 hectares, au lieu-dit La Moutonnerie, ouvrant sur la rue du Général Renault avec possibilité d’accès sur le boulevard Tonnellé, important axe nord-sud marquant la limite ouest de la commune. Cet espace, jusque là dédié au maraîchage, se situe dans un quartier où se sont progressivement concentrées, au cours du XIXe siècle, les activités indésirables (abattoir, usine à gaz, hôpital…) traditionnellement rejetées en périphérie urbaine. Conformément aux principes culturalistes d’organisation des cités-jardins anglaises – modèles du genre –, l’implantation proposées par Caignart de Mailly pour les habitations découle des choix effectués pour le nouveau réseau de voirie, lequel doit favoriser la communication entre voisins. L’architecte imagine une composition axée sur la diagonale nord-est sud-ouest du terrain et centrée, à la rencontre de cet axe et d’une voix nouvelle de circulation traversant le terrain en arc de cercle pour relier la rue du Général Renault au boulevard Tonnellé (rue du Sénateur-Belle), sur une grande place gazonnée et plantée s’étirant vers le nord (place Albert-Letellier). Pour l’accès aux logements, l’architecte reprend ici assez fidèlement les codes des cités d’outre-Manche (système de close) : allées courbes, place centrale et impasses de desserte secondaire, communes (terminées en placettes) ou privatives. Le terrain n’offrant pas un débouché direct sur le boulevard, l’entrée principale de la cité-jardins se situe à la jonction de la rue du Sénateur-Belle avec la rue du Général-Renault, discrètement signalée par la courbe des murets de clôture des premières maisons qui invite à y pénétrer. Le choix de donner accès à certains logements directement depuis la rue du Général-Renault constitue en outre une ouverture de l’ensemble sur le quartier. Comme imposé par le programme du concours, les soixante-quatorze logements du projet final sont de trois types, en fonction du nombre de chambres à prévoir : A (deux pièces, environ 35 m²), B (trois pièces, environ 45 m²), C (quatre pièces, environ 45 m² également). Le parti adopté est celui d’une articulation systématique de plusieurs logements A, B ou C – aucun logement isolé – selon trois formules différentes : deux unités accolées symétriquement – A jumelé (14), B jumelé (32), C jumelé (12) – ; deux unités accolées en positions inversées – C jumelés (8) – ; enfin, un assemblage plus développé de quatre unités – double B en retrait connecté à deux simples C par des passages couverts (8). Certaines maisons s’élèvent directement sur la rue, tandis que d’autres sont placées en retrait d’alignement pour laisser place à un jardinet clos de ces barrières blanches qui font le charme des cottages anglais. Les jardins proprement dits s’étirent, eux, à l’arrière. Les logements de type A sont des pavillons de plain-pied : un rez-de-chaussée surélevé sur cave – uniquement accessible depuis l’extérieur – avec une entrée qui distribue toutes les pièces, une liaison directe étant par ailleurs ménagée entre la cuisine et la salle à manger pour faciliter le travail de la ménagère. Doté d’un étage accueillant deux chambres accessibles depuis la salle à manger, les logements de type B présentent une organisation assez similaire de leur rez-de-chaussée avec toutefois un accès cave intérieur. Quant aux logements de type C, ils sont une variante sur plan en L du type précédent – du fait de l’adjonction d’une troisième chambre au rez-de-chaussée – ajout et disposition qui offrent la possibilité d’aménager un espace supplémentaire de débarras à l’étage. À une époque qui ne connaît pas encore d’installation systématique de salles de bain dans l’habitat populaire, aucun point d’eau pour la petite toilette quotidienne et l’entretien du linge n’est prévu en dehors de la cuisine, ce qui est sans doute une raison supplémentaire de l’avoir maintenue séparée de la salle à manger quand les programmes tourangeaux ultérieurs feront le choix d’une cuisine ouverte, à condition de l’existence d’une buanderie. Pour ce qui est de l’esthétique de l’ensemble, l’architecte soigne les détails et joue sur les contrastes de matières et de couleurs (bandeaux de briques rouges soulignant le passage d’un niveau à un autre), tout en mettant particulièrement en valeur les baies (appuis et linteaux apparents, petits bois et volets battants, arc en plein-cintre des porches). L’interprétation régionaliste proposée tend à combiner usages tourangeaux et références plus parisiennes, Caignart de Mailly adaptant à la marge un modèle d’abord mis au point en Seine-et-Oise et qui sera encore ultérieurement repris presque à l’identique (par exemple à Poissy). Si les toits d’ardoise sont typiques de la Touraine, les moellons apparents rejointoyés des façades évoquent en effet immanquablement les appareillages de pierre meulière d’Île-de-France.

Historique :
La ville de Tours se préoccupe, après la Première Guerre mondiale, d’améliorer les conditions de logements des classes les plus pauvres. Créé en 1921, l’OPM HBM mène d’abord à bien des opérations d’appropriation de bâtiments existants avant d’organiser, au printemps 1923, un concours pour la construction d’une première cité-jardin de 70 à 80 logements individuels à loyers peu élevés, destinés aux familles nombreuses, un projet pour lequel la municipalité peut compter sur d’importantes subventions de l’État. L’examen des propositions soumises au concours a lieu fin juin 1923 : le jury consacre Hector Caignart de Mailly qui peut déjà se prévaloir, en matière de cités-jardins, de la confiance de la Seine-et-Oise (Argenteuil et Saint-Germain-en-Laye). Les travaux de construction ont lieu entre l’automne 1924 et le printemps 1927. L’inauguration officielle de la cité, dont tous les logements sont habités depuis la mi-mars, intervient le 9 mai 1927.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Caignart de Mailly Hector (architecte)

Datation de l'édifice :
1923, 1927

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2016