Centre historique Valmy 1792 à Valmy

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
24 rue Kellermann
51800 Valmy - France

Code Insee de la commune : 51588
Marne [51] - Châlons en Champagne - Champagne Ardenne (Grand Est)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
21 Rue Kellermann 51800 Valmy

Description :
Le centre historique de Valmy est situé à la sortie ouest du village de Valmy dans le département de la Marne (51). Le site, point culminant dans le paysage environnant, est occupé par un ancien moulin à vent devenu le symbole de la victoire des troupes françaises contre l’armée prussienne en 1792. Démoli puis reconstruit à plusieurs reprises, le moulin de Valmy est classé monument historique depuis 1957. En contrebas du moulin, au nord, la route départementale D284 longe le terrain et permet de rejoindre la route historique qui relie Chalons-en-Champagne et Sainte-Menehould au porte de l’Argonne. Le paysage environnant est caractéristique de cette région de la Champagne : une plaine vallonée exploitée en monoculture intensive qui forme un grand paysage ouvert. La réalisation de l’architecte Pierre-Louis Faloci est implantée entre la route départementale et le moulin. Elle s’étire selon un axe principal nord-sud qui permet de relier la route et le moulin. Le terrain d’assiette mesure 160 m par 40 m et monte de la route vers le moulin (côte NGF 186 à 198 soit 12 mètres de dénivelé). L’architecture peut être décomposée en deux éléments ayant chacun leur géométrie propre : un cheminement public « architecturé » permettant d’accéder graduellement au moulin, à pied, depuis la route ; une construction qui abrite le programme du Centre. Profitant de la pente du terrain, le cheminement et la construction sont enfouis sous le niveau du terrain naturel. Seul le petit volume parallélépipédique de la cage d’ascenseur émerge au dessus du sol. S’agissant du cheminement, celui-ci est à ciel ouvert délimité par deux parois rectilignes et parallèles en béton lasuré de couleur noire et dont la hauteur variable correspond au niveau du sol naturel. La première partie de ce cheminement débute sur le parking des visiteurs, au bord de la route départementale. Les deux parois « entaillent » le terrain naturel pour déboucher après 45 mètres de montée en pente douce sur une place entièrement enterrée. De plan légèrement trapézoïdale cette place permet d’articuler les deux géométries de la composition générale. Sur sa façade sud la place donne accès au Centre et sur sa façade est à des locaux publics. À l’angle sud-est, le cheminement se poursuit par un long escalier rectiligne qui permet de rejoindre progressivement le niveau du terrain naturel et d’accéder au moulin. La construction qui abrite le Centre est de plan rectangulaire (env. 37 m x 16 m) avec un long coté orienté sur l’axe nord-sud. L’édifice d’un seul niveau est couvert par un plan uniforme qui constitue le couvrement à l’intérieur et le sol à l’extérieur. Ainsi sa hauteur sous plafond évolue en suivant la pente du terrain : 3 mètres à l’entrée au nord et 6 mètres au sud. Cet espace reçoit l’élément central du programme : le centre d’interprétation. L’entrée se fait sur le côté nord du plan par la seule façade extérieure du volume depuis la place enterrée. L’intérieur de cette grande pièce unique est occupé par un système de cloisons qui accueillent la scénographie conçue par l’architecte. Ces cloisons de couleur noire également sont suspendues à environ 50 cm du sol dont elles laissent percevoir la continuité. Elles sont implantées sur une trame orthogonale et ménagent des vues, ici et là, par l’intermédiaire de percements de dimensions variées. À l’extrémité sud de la pièce, une trémie dans le terrain permet d’ouvrir une large baie vitrée qui offre une vue en contre-plongée sur le moulin. Ce plan est complété par des espaces annexes organisés en enfilade, distribués par un couloir et qui forment un rectangle très allongé qui vient épauler le plan sur le côté ouest. L’ensemble de la structure est en parois, poteaux et poutres de béton armé teinté dans la masse et revêtus d’une lasure noire pour les parties extérieures. La toiture est plate, en dalle béton, recouverte de terre végétale et engazonnée. Analyse architecturale: l’architecture du Centre historique de Valmy est profondément déterminée par la topographie du terrain dans lequel elle s’implante et par l’objet focal de ce paysage : le moulin. En effet, Faloci choisit de faire disparaître l’architecture dans sa dimension traditionnelle de système de façades érigées au-dessus du sol. Pour ce faire, il enfouit les espaces qu’ils soient ouverts ou clos pour investir prioritairement leurs intériorités. Ce renoncement à faire apparaître un édifice « en plein » est renforcé par la teinte noire qui le qualifie : sols, murs et plafonds. L’architecte indique d’ailleurs sur son site internet : « Ce projet est volontairement incrusté dans la topographie existante laissant le sujet dominant (le moulin) seul dans le grand paysage. Il s’agit d’un travail architectonique du sol fait de déblais-remblais, enfouissement, cadrage sur le moulin. L’autre particularité de ce projet est le fait de suspendre les éléments séparatifs à la dalle de couverture du musée libérant la continuité du sol. » En conséquence, vue de l’extérieur, le Centre historique de Valmy est peu perceptible. On ne devine que les lignes brisées des pans de béton noir dont les arases sont revêtues de couvertines de tôle satinées noires et qui affleurent dans la prairie en suivant la pente du terrain naturel. Ainsi le Centre d’interprétation ne se substitue pas au moulin. L’architecture use de principes de composition et de techniques qui permettent de laisser la primauté à l’objet monument historique. En revanche, dans son « intériorité », l’architecture mobilise de manière singulière et experte deux éléments qui déterminent l’expérience architecturale de l’usager : le parcours (support de cheminement) et les cadrages de vues (« moteur » du cheminement). Le cheminement « architecturé » plonge le visiteur dans un parcours à ciel ouvert prédéterminé où disparaissent et réapparaissent le paysage et le moulin au fur et à mesure de son déplacement. Faloci choisi d’organiser ce cheminement autour d’une géométrie biaise qui ne correspond ni à la ligne de plus grande pente du terrain, ni à une courbe de niveau. Cette géométrie originale dessine, lorsqu’elle recoupe celle du terrain, des faisceaux de lignes droites horizontales divergentes ou convergentes qui accentuent les perspectives et dynamisent l’espace. A noter que ce cheminement est conçu comme un espace public autonome. Il est donc praticable, que le Centre soit ouvert ou non, permettant au visiteur de vivre une expérience architecturale dans son parcours pour monter au moulin. S’agissant du cadrage des vues celui-ci est induit par le cheminement. Ainsi le système de double parois rectilignes à pour effet de cadrer et de renforcer la mise à distance optique de telle ou telle portion du paysage. À noter que l’architecture du cheminement extérieur est définie de manière à éviter de cadrer directement le moulin. Celui-ci disparaît au fur et à mesure que le visiteur avance vers la place enterrée. De plus l’escalier qui permet ensuite de rejoindre le moulin est orienté de telle sorte qu’il évite de cadrer le moulin que l’on ne redécouvre qu’une fois en haut de l’escalier. À l’intérieur, les ouvertures pratiquées dans le dispositif de cloisons scénographiques viennent cadrer à distance tel et tel objet ou document iconographique. Un autre parcours, fait de parallaxes, se superpose ainsi à celui, plus linéaire, de la muséographie. L’évènement le plus singulier est celui qui marque la fin du parcours muséal où, à la fin de cette visite souterraine, apparaît « le cadrage époustouflant du moulin, qui absorbe dans l’intériorité du musée cet objet-monument comme un ready-made […] » (Joseph Abram).

Historique :
Livré en 2015, le Centre historique de Valmy figure parmi les œuvres de maturité de l’architecte Pierre – Louis Faloci. Sa première œuvre de notoriété étant le musée du Mont-Beuvray dans le Morvan, édifice livré en 1996. Bénéficiant d’une expertise reconnue sur les musées, l’architecte travaille depuis sur plusieurs types de programme et notamment sur la future école d’architecture de Toulouse. Avec cette œuvre à Valmy, Pierre-Louis Faloci poursuit un travail de longue haleine d’une part sur la synergie entre l’architecture et le paysage, et d’autre part sur le parcours architectural, très influencé par la culture du cinéma. Un travail qu’il a théorisé au travers de trois notions dans son enseignement : le patrimoine physique (état des lieux) ; le patrimoine optique (regard) ; le patrimoine mental (histoire sourde). S’il poursuit ce travail minutieux et de longue haleine, le Centre historique de Valmy est néanmoins original sur au moins deux aspects de l’œuvre de Faloci. C’est une « petite » commande en rapport à celles sur lesquelles l’architecte à l’habitude de travailler. Bien que réalisée avec un budget restreint, elle apparaît comme un objet précieux dans son œuvre. Ensuite elle présente un parti original d’enfouissement architectural. En effet, même si le travail de la topographie est toujours présent dans les édifices de l’architecte, notamment les jeux sur la contrepente, Valmy est le seul qui procède d’un véritable enfouissement. Trois années après avoir livré le Centre historique de Valmy, Pierre-Louis Faloci reçoit le Grand prix national de l’architecture en 2018. Il reste à ce jour le dernier titulaire de cette haute distinction. À noter qu’une œuvre de Faloci bénéficie du label ACR : l’église Notre-Dame de la Sagesse à Paris, livrée en 2000 et labellisée en 2011. Le propriétaire est satisfait de l’équipement culturel réalisé et entend valoriser ses qualités architecturales comme un complément à son projet scientifique et culturel. Il vient d’engager, en lien avec l’architecte, des travaux pour refaire la lasure noire des murs extérieurs qui avait été mal appliquée. Par ailleurs, il va faire déplacer la pompe à chaleur qui a été installée en urgence au début de la crise sanitaire sur la place enterrée en vis à vis avec l’entrée du Centre. Celle-ci sera repositionnée dans l’emplacement technique dissimulé, prévu à cet effet dans la composition architecturale. Pour cela, il pourra bénéficier de l’expertise technique de l’architecte conseil de l’État de la DRAC Grand Est.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Faloci Pierre-Louis (architecte)

Datation de l'édifice :
2012, 2015

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2022