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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
68200 Mulhouse - France
Code Insee de la commune : 68224
Haut Rhin [68] - Colmar - Alsace (Grand Est)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
41 Passage des Lauriers 68200 Mulhouse
Description :
La Cité manifeste est située au nord-ouest du centre historique de Mulhouse en limite d’une ancienne et vaste cité ouvrière édifiée au milieu du XIXe siècle par l’ingénieur Emile Muller sous l’impulsion de la Société industrielle de Mulhouse. Le terrain est plat sans caractéristiques topographiques saillantes. Sur le plan de la composition urbaine, la Cité manifeste vient en prolongement de la cité existante dont elle reprend la morphologie. Elle est organisée en 4 ilots d’une largeur de 25 mètres et d’une longueur allant de 60 mètres pour le plus court (ilot Poitevin) au nord à 115 mètres pour le plus long au sud (ilot Ban – Nouvel). L’ensemble est desservi par des « passages » orientés nord – sud et complété par une venelle piétonne orientée est – ouest. L’artiste Yann Kersalé (né en 1955) met en place un dispositif d’éclairage public de ces « passages » qui se modifie à chaque saison de l’année. Sur ces 4 ilots sont implantés cinq édifices conçus par différents architectes, l’ensemble totalisant 61 logements HLM locatifs : quatre architectures de même gabarit, orientées est – ouest (édifices 2, 3, 4, 5 respectivement du nord vers le sud : Poitevin – Reynaud, Lewis – Scape – Block, Lacaton – Vassal, Ban – de Gastines) et une architecture implantée perpendiculairement aux quatre précédentes et qui ferme le site sur sa limite à l’est (édifice 1 : Jean Nouvel – AJN). La morphologie globale de chaque édifice est dictée par la forme des ilots. Ils prennent la forme de parallélépipèdes allongés plus ou moins fractionnés qui combinent plusieurs logements de type maison mitoyenne à un étage, voire à deux étages pour l’édifice 5. Toutes les habitations sont implantées en retrait d’alignement dégageant ainsi des jardins individuels plus ou moins vastes. Edifice 1 – architecte : Jean Nouvel – AJN L’architecture de Jean nouvel – AJN regroupe 10 habitations à R+1 (7 T4 et 3 T5). Le volume prend la forme d’un parallélépipède allongé sans redans et couvert d’une toiture unitaire à deux versants parallèles aux façades. Reprenant le décalage géométrique par rapport au reste du site, le volume se termine par un biais prononcé à son extrémité nord. La façade sur la rue Lavoisier est implantée en retrait d’alignement dégageant ainsi des courettes encloses. Deux porches en double hauteur sont ménagés dans le volume dans le prolongement des passages afin de permettre l’accès à la Cité. L’architecture est constituée d’une structure métallique. La façade sur la rue Lavoisier et la toiture sont habillées de bardage métallique de teinte homogène tandis que la façade donnant sur le cœur d’ilot est entièrement vitrée avec un système de menuiserie accordéon permettant une ouverture large. Edifice 2 – architectes : Mathieu Poitevin et Pascal Reynaud L’architecture de Poitevin – Reynaud regroupe 11 habitations à R+1 (2 T2, 2 T3, 5 T4 et 2 T5). La géométrie globale du plan est rectangulaire avec une série de redans essentiellement en façade sud correspondants aux séjours des logements. Le rez-de-chaussée est constitué d’une structure béton tandis que l’étage est en structure bois et bardage métallique d’une couleur différente pour chaque logement. Les habitations sont couvertes individuellement (ou par deux) par des toitures à deux versants perpendiculaires à la façade et présentant ainsi une série de pignons. Edifice 3 – architectes : Duncan Lewis, Scape architecture et Block L’architecture de Lewis – Scape – Block regroupe 12 habitations à R+1 (2 T2, 2 T3, 6 T4 et 2 T5). Il s’agit de trois plots alignés et identiques, séparés par des petites venelles et qui regroupent chacun 4 logements. Leur structure principale est constituée par deux voiles de béton toute hauteur disposés en croix. Chaque logement, constitué à la base d’un séjour en double hauteur avec pièce à l’étage, occupent un angle défini par cette structure reprenant ainsi le type architectural consacré dit du « carré mulhousien » dans la cité voisine. Cette base de l’habitation est constituée est complété par d’autres pièces qui prennent la forme de volumes cubiques simples en panneaux sandwich isolants métalliques installées en façades. Enfin, une structure métallique légère et grillagée enveloppe et homogénéise l’ensemble. Edifice 4 – architectes : Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal L’architecture de Lacaton – Vassal regroupe 14 habitations de type maison mitoyenne à R+1 (2 T2, 4 T3, 6 T4 et 2 T5). Le plan est rectangulaire sans aucun redans. Le rez-de-chaussée est en structure poteaux-poutre béton de 3 mètres de hauteur sous plafond. L’embarras de la structure est clos par des panneaux de menuiserie métallique vitrés ou opaques. L’étage est constitué par trois nefs longitudinales de 4,2 mètres de hauteur en structure métallique légère, enveloppées de panneaux plastiques translucides. Une seconde enveloppe intérieure en cloisons légères permet de partitionner l’espace des logements sur les deux premières nefs, la troisième constitue un jardin d’hiver. Edifice 5 – architectes : Shigeru Ban et Jean de Gastines. L’architecture de Ban – de Gastines regroupe 14 habitations à R+1 et R+2 (4 T2, 2 T3 et 8 T4). Elle s’organise autour d’un long mur de refend en béton armé orienté est-ouest qui sépare la parcelle en deux bandes égales. Au nord et au sud de ce mur s’adossent les habitations qui forment 12 volumes autonomes composés de panneaux sandwich isolants métalliques. Chaque volume est couvert d’une toiture à deux versants parallèles à la façade. Leurs pentes alternent présentant versant tantôt un faitage, tantôt une noue. Les séjours sont disposés à l’étage, au-dessus des chambres. Ils sont en double hauteur et donnent sur une terrasse accessible par un escalier extérieur individuel. Analyse architecturale : la Cité Manifeste est un ensemble tant urbain qu’architectural. En terme urbain, l’opération prolonge et termine la cité pré-existante. Si elle ne pas fait l’objet d’un design urbain nouveau c’est d’une part que la morphologie d’origine est toujours opérante et d’autre part que l’enjeu de l’opération porte essentiellement sur les « conditions de conception et production du logement ». Seul l’édifice conçu par Jean Nouvel, qui s’implante perpendiculairement à l’ensemble des ilots, introduit une réponse nouvelle à la question du traitement des limites de la cité. Il forme un écran qui protège le reste de la Cité du trafic de la rue Lavoisier. L’analyse peut, de fait, être plus particulièrement portée sur les architectures réalisées et notamment la diversité des solutions mises en œuvre par les architectes en réponse à la commande de la Somco : sortir du « fossé grandissant entre les vœux exprimés par les habitants et le « produit » qu’est devenu le logement normalisé destiné aux familles modestes ». L’ambition de cette commande imaginée par le directeur de l’époque, Pierre Zemp (1952-2012), tout comme les conditions et la méthode de travail fixées par le maître d’ouvrage dès l’origine, influencent le résultat de l’opération. Les cinq équipes d’architectes sont mandatées par le même maître d’ouvrage, au même moment et sur le même cahier des charges. La coordination confiée à l’architecte Jean-Paul Robert, rédacteur en chef de la revue l’Architecture d’aujourd’hui entre 1994 et 2000, installe une sorte d’atelier commun où les équipes présentent, discutent et partagent leurs projets. Cette méthode favorise une émulation entre les architectes entrainant à l’innovation en même temps qu’elle rend plus claires les caractéristiques propres de chaque projet architectural. Les édifices sont ainsi variés dans toutes les dimensions de leurs architectures : composition, forme, espace, structure, matériaux, usages. Ils présentent un certain nombre de dispositifs architecturaux communs qui introduisent une qualité d’usage sur l’ensemble de la Cité Manifeste. Tout d’abord la double, voir triple orientation de toutes les habitations. Ensuite, les surfaces supplémentaires au logement, soit par des doubles hauteurs (Lewis et Ban), soit par des espaces clos non tempérés (Lacaton – Vassal). Enfin, les espaces extérieurs privatifs soit sous forme de jardin, de cour ou de terrasse. Deux critères architecturaux peuvent être analysés de plus près : la composition et la structure. Concernant la composition architecturale, les édifices peuvent être répartis en deux types. Les habitations formant des « plots » qui permettent aux logements de bénéficier d’au moins deux façades contiguës. C’est le cas de l’édifice 3 (Lewis – Scape – Block) où chaque logement bénéficie de deux façades en équerre et de l’édifice 5 (Ban – de Gastines) où chaque logement dispose de trois façades formant un U. Le second type de volumétrie assemble les habitations en « bandes ». Chaque logement bénéficie de deux façades opposées et non jointives. C’est le cas de l’édifice 1 (Nouvel) avec des façades nord-est et sud-ouest, de l’édifice 2 (Poitevin – Reynaud) et 4 (Lacaton – Vassal) avec des façades nord et sud. Concernant les structures architecturales, les édifices peuvent être répartis en deux types. Une première catégorie par « empilement » où l’on trouve un rez-de-chaussé en béton armé formant un socle surmonté d’un étage en structure légère. C’est le cas de l’édifice 2 (Poitevin – Reynaud) et 4 (Lacaton – Vassal). Le second type peut être qualifié de structure par « accrochage » où la structure maîtresse est un mur toute hauteur sur lequel sont greffés des éléments de façade plus ou moins complexes. C’est le cas de l’édifice 3 (Lewis – Scape – Block) et 5 (Ban – de Gastines). L’édifice 1 de Jean Nouvel répond aussi à ce même principe structurel bien que les éléments de façades ne visent pas à produire le fractionnement spatial qui caractérise les deux autres édifices.
Historique :
La Cité Manifeste mérite une double contextualisation : au niveau du maître d’ouvrage et au niveau des différents architectes. La Somco, maître d’ouvrage, est un bailleur social historique de Mulhouse et même la première société HLM de France. Fondée en 1853, la société s’est constituée au fil des opérations un patrimoine architectural de qualité où les valeurs d’usage et d’innovation tiennent une place importante. Fidèle à cette philosophie, La Somco indique qu’avec la Cité Manifeste elle réalise « une opération qui manifeste la question du logement avec autant de radicalité qu’à ses origines ». Concernant les différents architectes à l’œuvre dans la Cité Manifeste chacun peut aujourd’hui faire état d’une œuvre architecturale cohérente développée sur plusieurs décennies, et pour certains, très largement reconnue au niveau international. Jean Nouvel et Lacaton – Vassal sont Grand prix nationaux de l’architecture (respectivement 1987 et 2008). Trois d’entres eux ont reçu le prix Pritzker, équivalent du prix Nobel pour l’architecture : Jean Nouvel (2008), Shigeru Ban (2014) et Lacaton – Vassal (2021). Il est utile par ailleurs de citer quelques opérations de logements conçues par les architectes antérieures à la Cité. Au premier chef, il s’agit de l’immeuble Nemausus de Jean Nouvel et Jean-Marc Ibos à Nîmes (Opération Rex, 1987). Ensuite, les recherches sur les logements d’urgence de Shigeru Ban notamment à base de tube de carton (Kobe, 1995). Enfin, le travail de l’équipe Lacaton – Vassal sur le logement collectif et notamment sur la rénovation – extension des grands ensembles avec l’étude Plus (2004) et les opérations (Bois-le-Prêtre, équerre d’argent 2011 ; Bordeaux, 2017). La singularité de la recherche architecturale en matière de logement pour le deux dernières équipes emmenées par Duncan Lewis et Mathieu Poitevin est moins évidente. Elle se développe dans d’autres domaines tout aussi importants : l’écologie pour Lewis (auteur du lycée polyvalent Jean-Moulin à Revin dans les Ardennes, 2016, en cours de labellisation suite à l’avis favorable de la CRPA de septembre 2021), les friches culturelles pour Poitevin (auteur du CNAC à Chalons-en-Champagne, 2015, en cours de labellisation suite à l’avis favorable de la CRPA de septembre 2021). Le caractère innovant des architectures de la Cité Manifeste lui a valu de nombreuses louanges mais aussi des critiques. Aujourd’hui, l’ensemble des espaces sont largement appropriés ; ce petit quartier de vie a trouvé sa place ; les résidents qui s’y trouvent ne souhaitent pas en partir.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Nouvel Jean (architecte), AJN (agence d’architecture), Lacaton Anne (architecte), Vassal Jean-Philippe (architecte), Ban Shigeru (architecte), Gastines Jean de (architecte), Poitevin Mathieu (architecte), Pascal Reynaud (architecte), Duncan Lewis (architecte), Scape architecture (agence d’architecture), Block (agence d’architecture)
Datation de l'édifice :
2005
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2022
Fiche Mérimée : ACR0001784
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09
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