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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
rue Jean-Macé
62240 Desvres - France
Code Insee de la commune : 62268
Pas de Calais [62] - Arras - Nord Pas de Calais (Hauts-de-France)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
42 Rue Jean Macé 62240 Desvres
Description :
Le musée de la Céramique est implanté au sud-est du centre-ville de Desvres, sur une vaste parcelle boisée située en contrebas de la voirie, bordée par la rue Jean-Macé et la rue de la Gare au nord. Le musée est construit sur un terrain crayeux d’une ancienne carrière ayant accueilli une cimenterie. L’enceinte du musée est close sur la rue Jean-Macé par des grilles en ferronnerie reproduisant les motifs traditionnels des carreaux de Desvres : un grand portail permettant l’accès aux voitures et un petit portillon accompagné d’une colonne carrelée accueillant les piétons. Cet accès piéton se poursuit par un cheminement dans le parc, ponctué de bancs et de colonnes carrelées et de carreaux géants fichés dans le sol, et dont le dénivelé permet de surplomber le musée dont les toitures ont été étudiées à cette fin. L’accès automobile permet quant à lui de contourner le musée jusqu’à une aire de stationnement situé au sud du bâtiment, invisible depuis le coté nord. Le parti architectural porté par les architectes est le suivant : « créer des formes géométriques sur plan carré et incliné reproduisant les motifs spécifiques des carreaux de faïence réalisés à Desvres au XIXe siècle. Ces motifs viendront en superposition des éléments de couverture inclinés et en support paysager de l’aménagement des abords ». En effet, le premier objectif des architectes est esthétique : ils indiquent vouloir reproduire l’effet d’une poignée de carreaux lancée en l’air et qui se serait fichée dans le sol de manière aléatoire. S’inscrivant dans un processus créatif inspiré du Land art, les architectes ont ainsi conçu un bâtiment relevant de l’architecture parlante, dont le contenant annonce le contenu. Le plan du musée évoque celui d’un papillon : un corps central en losange abritant l’accueil est traversé par un espace de circulation prolongé par les sas d’entrée et de sortie. Depuis ce bâtiment se déploient des modules (carrés ou losangiques) disposés de manière symétrique au centre puis se faisant plus nombreux à l’est ; enfin, des espaces carrés d’une superficie supérieure viennent s’imbriquer vers l’extérieur du complexe. Lors de l’extension, un espace rectangulaire est venu s’accoler à l’ouest afin d’abriter de nouvelles réserves. Les modules situés au centre du musée affectent la forme de cubes dont le volume est scindé par la toiture en pente, formant un pan coupé tridimensionnel. Ces formes atypiques sont mises à profit selon les modules : certains sont dotés d’une grande hauteur sous plafond et d’autres sont cloisonnés afin d’abriter des bureaux à l’étage. Ce niveau supérieur est desservi par deux escaliers hélicoïdaux installés aux extrémités est et ouest du volume d’accueil. Les bâtiments sont construits sur une structure en béton dont les dalles préfabriquées sont soutenues par des poutres métalliques. Le volume d’accueil reçoit une verrière zénithale à deux pans permettant un éclairage naturel des circulations et de la billetterie. Les modules centraux sont dotés de toitures de 8 mètres de côté recouvertes de carreaux de grès cérame imitant les motifs de la série « 1864 » des carreaux en faïence de la société Desvres (ancienne manufacture Fourmaintraux). Les volumes situés aux extrémités du bâtiment sont quant à eux couverts d’un toit-terrasse. L’ensemble des façades est revêtu de carreaux de céramique blancs. Le bâtiment dispose de peu d’ouvertures sur l’extérieur, seuls les volumes rejetés en périphérie et les modules réalisés lors de l’extension étant percés de baies aux menuiseries métalliques peintes en bleu, participant ainsi au thème coloré de l’ensemble. A son ouverture, le musée abritait quatre salles d’exposition de 22 m² chacune (logées dans les modules à l’ouest), une boutique dans un module au nord-est ouverte sur le hall, un module dit « écrin » renfermant les chefs-d’œuvre de la collection au nord puis une vaste salle baptisée « eau terre feu » consacrée aux techniques de fabrication de la céramique et enfin deux modules abritant une salle multimédia retraçant l’histoire de la faïence. Dès l’origine, les espaces donnant sur le hall d’accueil sont dotés de cloisons mobiles permettant d’agrandir le volume central au gré des besoins. En 2012, l’espace muséographique a été repensé et agrandi : le hall (doté d’une banque d’accueil dessinée par les architectes) ouvre à l’ouest sur une boutique plus modeste (mais dédoublée par un espace dédié aux objets de seconde main), sur un large volume décloisonné dédié aux expositions temporaires, ainsi que sur un espace abritant des ateliers pédagogiques, tandis que les volumes situés à l’est font l’objet d’un circuit muséographique complexe. Les salles d’exposition, aveugles, peintes en noir et aux plafonds plongeant vers le sol, entraînent le visiteur dans un circuit d’apparence labyrinthique, présentant les œuvres de la collection dans des vitrines savamment dessinées par Bertrand Klein (notamment le « miroir aux alouettes », salle circulaire présentant les carreaux de Desvres) puis décryptant les mécanismes de fabrication de la faïence grâce à une présentation didactique et des supports multimédias variés. Une salle présentant les productions contemporaines et les résidences d’artistes vient clore la visite.
Historique :
La ville de Desvres, nichée au cœur du parc naturel régional des caps et marais d’Opale, est renommée pour son artisanat faïencier depuis le XVIIIe siècle. L’activité potière de Desvres est attestée depuis l’Antiquité, grâce à la présence de sable ferrugineux dans les sols. Au milieu du XVIIIe siècle les familles Boulongne et Sta créent leurs faïenceries artisanales, devenues manufactures au cours du XIXe siècle (Géo Martel, Masse, Fourmaintraux, etc.). Si les industries faïencières réalisent toutes sortes d’objets en céramique, en réinterprétation de décors de Moustiers, Gien et Quimper, c’est la production de carreaux qui s’exporte avec le plus de succès dans toute la région et jusqu’à l’étranger. Dans les années 1980 l’activité des faïenceries de Desvres décline et la plupart cesse leur activité durant la décennie suivante tandis que des artisans créent leurs propres ateliers afin de perpétuer le savoir-faire. En 1997, la ville de Desvres reçoit ainsi le label « ville et métiers d’art », affirmant le caractère non seulement historique et artistique mais surtout vivant du patrimoine artisanal. Dès 1963, un premier musée de la faïence est aménagé au deuxième étage de l’hôtel de ville de Desvres, dont les collections sont issues de dons des grands industriels faïenciers de la commune. A une période où la concurrence étrangère fait rage et où l’industrialisation des procédés menace l’artisanat, il s’agit de mettre en valeur la production locale. Après la fermeture de plusieurs faïenceries dans les années 1980, la commune souhaite créer un lieu d’interprétation de l’artisanat desvrois réunissant les collections du musée, un espace dédié à l’histoire des techniques de la céramique ainsi qu’une résidence d’artistes mettant en valeur la création contemporaine. Cette Maison de la Faïence doit prendre place sur une friche industrielle près du centre-ville (site d’une ancienne cimenterie). La commune de Desvres fait appel au GIE Arietur, basé à Wimereux, pour la réalisation de ce nouvel équipement culturel. Les trois architectes associés, Bertrand Klein, Nicolas Huret et Marc Gabiller, proposent chacun une esquisse du projet à la municipalité, qui opte pour la proposition imaginée par Bertrand Klein. Ce projet audacieux comprend la construction de deux ilots de modules proliférants rejoints par un tunnel vitré et dont les toitures figurent d’immenses carreaux de Desvres. Le permis de construire est déposé le 27 décembre 1989 et accordé le 7 mars 1990. Peu de temps après, la société Novebat (basée à Colembert) engage les travaux de gros-œuvre. Si les plans de 1989 prévoient une zone d’extension future à l’ouest du bâtiment, cette dernière est construite immédiatement. Les carreaux de grès cérame disposés en toiture sont réalisés sur place par la société Desvres (SA Desvres), héritière des manufacture Fourmaintraux. Une grande attention est également portée aux espaces paysagers, confiée à la société SAEE (Société d’aménagement d’espaces et d’environnement) basée à Marck. Enfin, la scénographie est conçue par Bruno Lanbretto. La Maison de la Faïence est inaugurée en 1991 et voit sa gestion confiée à l’association du même nom. En 2010 la Maison de la Faïence est fermée pour travaux. La commune souhaite agrandir l’équipement et lui donner une nouvelle dimension : de lieu d’interprétation, il deviendra musée. Sont également en jeu la mise aux normes et la rénovation du bâtiment. La ville de Desvres fait à nouveau appel au GIE Arietur afin de réaliser les plans de l’extension. Au sein du GIE, Bertrand Klein et Nicolas Huret sont à nouveau en charge du projet, rejoints par Bernard Laffaille, Aurélie Martin et Sébastien Calmus. Cette fois, la scénographie, sujet de prédilection de Bertrand Klein, lui est directement confiée. Outre la construction de trois nouveaux modules au sud et l’extension créée à l’ouest, le bâtiment reçoit une nouvelle muséographie ainsi qu’une isolation thermique notamment grâce à l’installation de faux plafonds (à l’origine, un flocage noir revêtait la charpente). Deux nouveaux modules devant recevoir des carreaux de céramique à l’image des toitures d’origine, les architectes font à nouveau appel à la société Desvres. Cette dernière n’ayant plus de fours dans la ville, c’est une de ses filiales, installée à Maubeuge, qui produit les carreaux, mis en œuvre par un ancien faïencier employé par la ville de Desvres. La Maison de la Faïence, dotée de 300 m² supplémentaires, devient le musée de la Céramique, inauguré en octobre 2012. Au-delà des collections permanentes et de la résidence d’artistes, le musée accueille également des expositions temporaires, recevant près de 9 000 visiteurs par an.
Architecte ou maître d'oeuvre :
"GIE Arietur (agence d’architecture) : Klein Bertrand (architecte), Huret Nicolas (architecte), Gabiller Marc (entrepreneur)"
Datation de l'édifice :
1991, 2012
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2023
Fiche Mérimée : ACR0001806
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09
Consultez le programme des Journées du Patrimoine pour le Monument Historique Musée de la céramique situé à Desvres en consultant le programme officiel des JEP 2025.