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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
île du Saulcy
57050 Metz - France
Code Insee de la commune : 57463
Moselle [57] - Metz - Lorraine (Grand Est)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
41 Promenade du Site 57050 Longeville-lès-Metz
Description :
Ce modèle de gymnase est une architecture métallique préfabriquée réalisée par l’entreprise de Constructions Métalliques Fillod sur les plans des architectes versaillais Jean-Louis Rauzier et Jacques De Barry. Agréé par le Ministère de la Jeunesse et des Sports12, ce modèle est destiné à être usiné et produit en série sur le territoire lorrain13. Ainsi les trois gymnases du Saulcy sont composés d’éléments standardisés : des portiques en acier pour la structure principale, des panneaux sandwichs en bois ou translucides pour les façades. Certains panneaux sont opaques (panneaux en bois, plaques de fibrociment), d’autres sont translucides et permettent d’éclairer les surfaces de jeux. Ce modèle de gymnase utilise un procédé Fillod hérité du système constructif des « parois inclinées » inventé à la veille de la seconde guerre mondiale, principalement utilisé pour les baraquements militaires. Ces derniers se composent de travées verticales métalliques, accolées les unes aux autres. Chaque travée possède deux portiques cintrés en acier profilé à chaud puis à froid et espacés entre eux par des entretoises. Entre ces portiques viennent s’insérer un panneau de bardage en tôle d’acier. Ce premier édifice préfabriqué était entièrement fabriqué dans les usines Fillod de Florange, puis livré en pièces détachées à assembler avec une notice de montage. Proposé dans différentes dimensions, ce bâtiment à parois inclinées permettait de grandes capacités d’adaptation et pouvait répondre à n’importe quel usage. Dans les années 60, la société CM Fillod décide de diversifier sa production afin de répondre aux besoins exprimés par les collectivités en termes d’équipements publics. En effet, la période de la seconde Reconstruction correspond à une expansion massive des commandes pour l’entreprise Fillod. En s’associant avec des architectes parisiens, elle élabore des modèles-types prêts à être industrialisés et produits en série sur le territoire, de façon à proposer aux collectivités une “gamme de bâtiments agréés”14. Entre 1960 et 1973, les salles omnisports deviennent la deuxième production après les équipements scolaires. “Avec toutes les qualifications requises – constructions industrialisées, charpente et menuiserie métallique, serrurerie, constructions en bois – Fillod a étendu sa compétence à tous les types de constructions métalliques : constructions scolaires, du premier cycle à l’Université, centres sportifs, hôpitaux, usines, bâtiments de chantier, bureaux, logements et hôtels15”. Les halles polyvalentes destinées aux programmes socio-éducatifs et sportifs réutilisent le procédé Fillod des “parois inclinées” à travers un nouveau système de portiques acier espacés tous les 5 m. L’ossature métallique est ici constituée par une série de portiques reliés entre eux par des éléments de continuité (pannes, lisses) et de stabilité (contreventements). Elle vient s’insérer sur une dalle en béton armé et des massifs servant d’assise aux portiques. L’exemplaire du Saulcy, conçu en 1969, diffère par son implantation non compacte et son état de conservation. Ce complexe sportif se compose de trois gymnases, de tailles différentes, implantés en hélice autour d’un volume de plain-pied parallélépipédique en béton. Ce dernier abrite l’accueil, les vestiaires, les sanitaires et les espaces de circulation. Les gymnases sont éclairés par des façades entières de polycarbonate16 orientées nord et est. La lecture est alors très claire : les volumes des gymnases industrialisés se distinguent par leurs volumétries et leur matérialité (couverture en bac acier, bardage en ardoise et panneaux de polycarbonate). Chaque volume correspond à un usage. La plus grande structure standardisée appelée “halle des sports” mesure 40x24 m et 7 m de hauteur. Elle est polyvalente et accueille tous les sports collectifs. Des tribunes viennent s’insérer subtilement entre les portiques. Un second volume correspond à un gymnase de de type A (20x17 m) alors que le dernier volume regroupe deux salles d’entraînement de 15x12 m chacune. Le tout est desservi par un volume d’annexes, fonctionnel et linéaire, abritant les douches, les vestiaires et les sanitaires.
Historique :
Le pôle universitaire de Metz créé le 17 décembre 1970 marque l’aboutissement d’un long projet politique, urbain et architectural. Afin de désenclaver le nord de la Lorraine et de répondre à la croissance démographique d’après-guerre mais aussi à l’augmentation importante des inscriptions dans le supérieur, l’idée d’implanter une faculté complémentaire en Moselle apparaît dès novembre 1951. L’état désigne un architecte dijonnais pour concevoir le futur centre universitaire de Metz : Roger Barade, architecte de l’université de Dijon. La ville de Metz possède un terrain stratégique, situé en plein centre historique qui pourrait être reconverti et dédié à l’enseignement supérieur. Ainsi, le projet de transformation de l’île du Saulcy, ancien domaine militaire, en campus universitaire est évoqué dès 1962. Roger Barade dessine un premier plan-masse le 6 février 1963 permettant de structurer cette île de 200 m de longueur et dont la largeur varie de 250 à 400 m. Il propose un “grand cours central de 65 m de large entre gazons, véritable colonne vertébrale du projet au centre duquel s’écoule un tapis vert de gazon large de 33 m.[…] Les différents édifices universitaires sont implantés tout autour de ce cours ; les équipements sportifs et les cités universitaires prennent place au-delà du talus de l’autoroute.” Le plan directeur du futur campus de 1961 délimite ainsi trois grandes zones scindant l’île : une vaste partie dédiée à l’enseignement à l’est, les résidences étudiantes au centre et un large espace consacré aux sports à l’ouest prenant place sur l’extrémité de la presqu’île. Les travaux débutent en 1962 par le Collège Scientifique Universitaire puis les résidences étudiantes, le restaurant et enfin la bibliothèque réceptionnée en 1969. L’ensemble de ces édifices conçus par Roger Barade conservent une certaine unité stylistique et architecturale. Bien qu’ils soient prévus dès le plan-masse de 1961, les équipements sportifs destinés aux étudiants seront d’emblée confiés à un autre architecte d’exécution. La décision de les installer est prise en janvier 1966 mais le projet s’enlise. La définition du programme évolue sans cesse entre 1966 et 1968 et constamment revu à la hausse. En 1968, le programme pédagogique est revu à la hausse puisque les prévisions annoncent plus de 3500 étudiants au lieu de 2000, ce qui permet de construire une halle des sports de grande dimension (56x26 m au lieu de 44x24 m). L’ambitieux programme sportif prévoit alors un gymnase type V, quatre salles d’entrainement, un logement pour le directeur, un logement pour le concierge, une piste de 250 m, un terrain grand jeu, six terrains de basket et quatre courts de tennis. L’architecte nancéien Jacques Haenel est chargé de la réalisation des installations sportives en 1968. Il propose un premier avant-projet en 1969. Ce dernier combine des installations de plein air (deux terrains de grands jeux, deux terrains de tennis et des installations nautiques) et des installations couvertes (hall de sports, gymnase B et vestiaires). Mais le programme continue d’évoluer. En 1970, l’architecte présente une troisième esquisse d’implantation au service de la Jeunesse et des Sports et dépose un premier permis de construire. Le projet présenté est ambitieux sur un terrain limité, mais une implantation soignée permet de sauvegarder “le maximum de végétation existante ; en outre la densité des plantations en bordure de la Moselle sera augmentée de manière à réaliser une continuité du rideau d’arbres.” Le projet, bien que validé sur le principe, souffre ensuite d’aléas politiques. La circulaire du 4 janvier 1971 fixe de nouvelles directives éditées par le Secrétariat d’Etat à la Jeunesse et aux sports et préconise que la maîtrise d’ouvrage des installations sportives passe systématiquement aux municipalités afin de rechercher un plein emploi des futures installations à construire. Ce doute sur la maîtrise d’ouvrage remet en question le projet proposé par Jacques Haenel. Un débat naît à Metz entre l’Académie Nancy-Metz et le conseil municipal afin de déterminer qui aura la charge de construire ces installations sportives. Un compromis est trouvé en 1973, le COSEC déjà dessiné reste à la charge de l’Académie alors que les installations de plein air sont confiées à la municipalité. Jacques Haenel se remet au travail en 1973 afin de redessiner un nouveau schéma d’implantation précisant l’emplacement des installations de plein air. Il présente deux hypothèses de travail à ces différents maîtres d’ouvrage. La première propose de conserver le massif boisé au centre du terrain et de répartir les terrains de sports en périphérie de la presqu’île (terrain de basket, terrain de volley, un plateau double et trois terrains de tennis). La deuxième prévoit de sacrifier la végétation existante au centre du terrain pour installer une grande aire de jeux de 95 x 55 m et d’organiser les autres terrains autour de cet équipement fédérateur. La deuxième option est choisie et le chantier débute en 1973 par la démolition des vestiges militaires encore présents : un blockhaus. Le COSEC sera mis en service le 30 octobre 1974, les installations de plein air en 1975 et le logement du gardien en 1976.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Haenel Jacques (architecte), Société CM Fillod (Constructions Métalliques), Bararde Roger (architecte)
Datation de l'édifice :
1973, 1974
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2023