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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
rue de la Paix
57400 Sarrebourg - France
Code Insee de la commune : 57630
Moselle [57] - Metz - Lorraine (Grand Est)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
Rue de la Paix 57400 Sarrebourg
Description :
Le musée du Pays de Sarrebourg est situé dans le centre urbain historique de Sarrebourg, en limite nord de l’ancienne fortification médiévale aujourd’hui disparue. L’édifice est implanté à l’angle sud-ouest de l’îlot dit de la Paix. Il fait partie d’une zone d’aménagement concerté (ZAC) visant à restructurer cette partie du centre ancien allant de la bibliothèque municipale Pierre Mesmer installée dans l’hôtel des Saintignon à l’angle sudest de l’îlot jusqu’à la chapelle des Cordeliers, 150 m à l’ouest, où se trouve le célèbre vitrail La Paix de Chagall. La réalisation de l’architecte Bernard Desmoulin prend place au milieu de ce parcours en forte déclivité (Cotes NGF 253 à 260). Elle vient remplacer un ancien garage automobile en béton préalablement démolis. L’édifice s’inscrit dans un quadrilatère d’environ 52 m sur 34 m. Il est constitué de trois nefs parallèles orientées est-ouest et qui reprennent la hauteur des architectures environnantes. Celle située au sud est en béton brut coffré dans des planches de bois verticales. Elle se développe sur tout l’alignement de la rue de la Paix. Les deux autres nefs sont bardées avec des tôles verticales de cuivre pré-oxydé posées à joints debout. Elles sont plus courtes et ménagent ainsi un espace public au cœur de l’îlot. Chaque nef est couverte d’une toiture à deux versants, également en tôles de cuivre, surmontée de lanterneaux courants sur toute la longueur du faîtage. Côté ouest, les deux pignons accolés des deux nefs courtes dessinent une silhouette reconnaissable tandis qu’à l’autre extrémité, les toitures se terminent par deux croupes laissant régner la ligne de l’acrotère. Cette disposition est inversée sur la longue nef en béton brut. L’ensemble des trois nefs est construit sur un niveau partiellement enterré du fait de la déclivité du terrain qui abrite les espaces techniques et les réserves du musée. L’accès au musée se fait par un long escalier en pas-d’âne qui prend naissance au point bas du terrain, à l’ouest, dans la perspective de la rue du Sauvage. Il monte et s’évase légèrement en longeant tout l’édifice jusqu’à déboucher sur un espace public occupé par un grand miroir d’eau (actuellement asséché). Il donne accès au musée mais également à la bibliothèque située trois mètres plus haut, à l’est. Initialement, une opération de logements collectifs implantés sur la zone de parking à l’angle nord-ouest de l’îlot devait achever cette re-composition urbaine. L’intérieur de l’architecture est en adéquation avec cette enveloppe extérieure. Les salles d’exposition du musée s’inscrivent dans les volumes de chacune des trois nefs. Seul le grand hall d’entrée et ses espaces annexes vient contrecarrer cette disposition. Orienté nord-sud, il permet de desservir les trois nefs. Sa longue façade vitrée orientée à l’est longe le miroir d’eau dont elle constitue le parfait rabattement vertical. Au fond du hall est installé un escalier hors d’œuvre, également en béton brut à limon porteur, qui distribue l’étage et au-delà la célèbre tapisserie de Chagall La Paix en fond de perspective. Le parcours muséal articule dix salles d’exposition permanente (six au rez-de-chaussée et quatre à l’étage) complétées par une salle d’exposition temporaire. La salle des collections gallo-romaines se distingue des autres par son architecture monumentale. Installée à l’extrémité de la nef centrale, elle en épouse parfaitement le volume extérieur en se développant sur un double niveau avec un plafond sous rampant habillé en bois tandis que ses parois sont en béton brut, comme les façades extérieures. L’éclairage naturel provient du lanterneau qui court sur tout le faîtage du toit. Le reste des salles est en simple hauteur sauf celles de l’étage dont le plafond sous rampant épouse la pente de la toiture des nefs. Elles sont aménagées avec un mobilier muséographique essentiellement réalisé en verre et acier et qui prolonge la composition des espaces. Les sols du rez-de-chaussée sont en résine coulée anthracite tandis que ceux de l’étage sont en parquet vernis. L’architecture du musée du pays de Sarrebourg, ville natale de l’architecte Anatole de Baudot, a été confiée à Desmoulin à l’issu d’un concours lancé en 1999 par la ville avec l’accompagnement du CAUE de Moselle. Y participait trois autres candidats architectes dont François Deslaugiers et François Noël. L’une des particularités du concours résidait dans le fait d’une part que la commande architecturale s’intégrait dans une opération urbaine plus vaste et d’autre part qu’elle intégrait également la muséographie et la signalétique. Le musée devient une sorte d’œuvre totale, point focal d’une recomposition de la ville patrimoniale à l’époque suivi également par l’ABF, Chantal Lavillaureix. La morphologie urbaine retenue par Desmoulin pour le musée est une des dimensions remarquable de l’œuvre. Renonçant à ouvrir le musée sur l’espace de la rue, ce qui aurait pu être logique pour un équipement, il vient placer son entrée en cœur d’ilot, dans l’intimité d’une placette piétonne créée à cet effet. Ce choix permet de répondre à la demande du maître d’ouvrage d’établir un cheminement piéton reliant la bibliothèque et la chapelle des Cordeliers. La forme du musée découle alors de ce double adossement à l’espace public : à la rue de la Paix au sud puis à une suite de terrasses, escaliers et rampes au nord qui fabriquent l’armature publique de l’îlot de la Paix en recomposition. La placette d’entrée du musée devient le point focal de cette composition urbaine. Elle est surplombée à l’est par l’octogone en grès rose de la bibliothèque auquel on accède par un jeu d’escaliers, bloquée au sud par l’aplat du mur en béton de la nef principale du musée et à l’ouest par le miroir d’eau installé au pied de la façade vitrée de l’entrée. Ce miroir d’eau est la pièce centrale de la placette qui, par la multiplicité des reflets possibles de son environnement, crée une sorte d’articulation active entre le bas et le haut du parcours. L’entrée du musée étant placée à mi-hauteur de ce parcours, tout le rez-de-chaussée de l’ilot s’en trouve dégagé et forme un socle massif en béton afin d’accueillir les réserves du musée. Ce socle est bloqué au sud par la longue nef sur rue traité dans le même béton dont la texture garde l’empreinte du bois qui l’a coffré. L’ensemble forme une équerre verticale au creux de laquelle sont posées les deux nefs accolées en cuivre verdie par le temps. Répondant aux contraintes de préservation de l’espace patrimonial suivi par l’ABF, elles dessinent cette silhouette quasi iconique du musée dont l’architecte indique qu’elle provient de l’image qu’il conserve des grandes fermes traditionnelles de la région. Le reste de l’architecture obéit, en même temps qu’elle les nuances, à ces grands principes de composition. L’attention particulière de Desmoulins à l’articulation du musée avec son environnement trouve plusieurs illustrations heureuses. On relèvera notamment le gabarit de la nef de la rue de la Paix qui reprend celui de la bibliothèque adjacente mais également des constructions qui lui font face. Cette articulation est renforcée par le bandeau saillant qui court à mi hauteur sur toute la nef et s’aligne parfaitement avec le sommet du soubassement de la bibliothèque. Notons également le ressaut horizontal de 3 mètres formé par la façade pignon des deux nefs accolées qui reprend la même largeur que les constructions en face de la rue et configure ainsi une petite place. La gestion du profil des toitures est aussi à remarquer : elles présentent la forme de pignon lorsqu’il s’agit de se raccorder à l’espace public. Elles deviennent des croupes inspirées des coques de bateau lorsqu’il s’agit de mettre en valeur l’acrotère. L’intérieur du musée est remarquable de cohérence architecturale notamment du fait que l’architecte a été en charge également de la muséographie de l’ensemble des collections, du soclage des œuvres et de la signalétique. Le hall d’accueil est une des deux pièces maîtresses de l’ensemble. Tout en longueur, il occupe à seul un des cotés de la placette piétonne et peut être décomposé en trois éléments : un long mur vitré toute hauteur avec, à gauche, un miroir d’eau de même dimension et, à droite, une série de volumes sculpturaux qui occupent l’espace comme autant d’objets exposés annonçant la vocation de l’édifice : la banque d’accueil, l’escalier à limon porteur, les bureaux de l’administration. Ce hall est la seule pièce du musée totalement en contact avec l’extérieur. Parfaitement exposé au soleil levant, sa qualité spatiale est magnifiée par le miroir d’eau dans lequel se reflète le ciel. Depuis l’extérieur, son reflet agrandit le hall de son image inversée. Il met en abyme ses sculptures, images réelles ou reflets interprétés, comme une métaphore du paradoxe d’un musée. Au fond du hall, l’escalier qui s’élève, autonome au milieu de l’espace, est le foyer spatial de la composition. Il assure l’articulation en plan des deux ailes de l’édifice et en élévation des deux étages du parcours muséal. Avec la grande tapisserie qui transparaît au-delà, il met en mouvement le visiteur. Si celui-ci quitte rapidement le hall pour commencer sa visite par la gauche, l’escalier imprègne une image forte dans l’esprit du visiteur et devient un des principaux points de repère de l’espace. L’autre pièce maitresse du musée est probablement la grande salle archéologique toute hauteur qui présente des œuvres monumentales par leur échelle. À peine quittée au rez-de-chaussée, le visiteur la redécouvre à l’étage, par une longue loggia qui la surplombe et introduit à la suite du parcours muséal. Partant d’un système de nefs accolées, Desmoulin parvient à tisser un parcours muséal fait d’une série de salles, plus ou moins grandes, soumises à la logique structurelle des nefs mais liées entre elles par des vues perpendiculaires. Elles sont subtilement ménagées entre les cimaises, socles et vitrines du mobilier muséographique au dessin simple et soigné qui prolonge la composition des espaces. L’ensemble de l’espace développe un jeu de nombreux parallaxes qui mettent naturellement en mouvement le visiteur. Construit dans une ville moyenne de forte valeur historique et patrimoniale, cette œuvre témoigne de la maîtrise atteinte par certains architectes dans la conception d’architecture s’insérant harmonieusement dans les villes anciennes sans pour autant renoncer à leur esthétique contemporaine. Elle est l’aboutissement d’une formation renouvelée à partir des années 70 notamment avec une nouvelle attention portée à la morphologie urbaine et la typologie architecturale au travers de théoricien comme Aldo Rossi ou Bernard Huet. Dans ses balbutiements cette nouvelle manière de faire l’architecture dans la ville a connu une première étape très marquée par le postmodernisme. L’œuvre de Desmoulin à Sarrebourg offre un bel exemple de ce que l’historien Kenneth Frampton a appelé le régionalisme critique dans son ouvrage Modern Architecture, A Critical History (Frampton, 1980). C’est en effet une architecture manifeste car à la fois contemporaine et contextuelle où la connivence avec le local prévaut sur le spectaculaire. Son vocabulaire, la qualité de la mise en œuvre et notamment les surfaces en béton et la variété de leurs textures, témoigne d’une préoccupation intemporelle et d’un souci de pérennité.
Historique :
Livré en 2003, le musée du Pays de Sarrebourg figure parmi les premières œuvres notables de Bernard Desmoulin qui est aujourd’hui parmi les principaux architectes français reconnus pour leur œuvre. Préalablement, il livre notamment le mémorial des guerres en Indochine à Fréjus (1993), qui est nommé au prix annuel de l’Equerre d’argent. Bernard Desmoulin (né en 1953) est diplômé architecte de l’école nationale supérieure des Beaux-arts de Paris en 1981. Il suis son cursus à l’Unité pédagogique n°7, au Grand Palais, puis le termine auprès d’Henri Ciriani (né en 1936). Il travaille quelques temps chez Michel Macary (né en 1936) et Ieoh Ming Pei (1917-2019) notamment sur le chantier du musée du Louvre puis fonde son agence en 1987 après avoir été lauréat des Albums de la jeune architecture en 1984. Cette même année, il est admis pensionnaire à l’Académie de France à Rome, où il aménage le salon d’honneur de la villa Médicis. Parmi les principales œuvres de l’architecte régulièrement publiées, on peut relever le conservatoire Léo Delibes à Clichy (2009) qui reçoit le prix de l’Equerre d’argent, la restructuration des Grands communs du château de Versailles (2012 et 2016), l’extension – réhabilitation – restauration du musée de Cluny à Paris (2018). Dans la région Grand Est, il livre en 2017 le centre de conservation et d’étude archéologique de Lorraine à coté de Metz. Il réalise aujourd’hui l’extension et la restructuration du musée Matisse au Cateau Cambresis (Nord) et à Paris, le nouvel hôpital Lariboisière en association avec BSA. Parallèlement, Desmoulin est architecte conseil de l’État depuis 1994 à 2021 et également enseignant à l’ENSA Paris – Val de Seine depuis 1999 à 2021. Il a également enseigné plusieurs années à l’Ecole de Chaillot pour laquelle il a prononcé la leçon inaugurale en 2011 publiée sous le titre « Mais qui vous a promis un sommeil éternel ? ». En 2022, une monographie de son œuvre « More or less » est rédigée avec des textes d’Alberto Campo Baeza, Pascal Urbain, Francis Rambert. Officier des Arts et des Lettres en 2018, il siège à l’Académie des Beaux-arts depuis. Le musée du Pays de Sarrebourg donne le coup d’envoi d’une œuvre d’architecture que Bernard Desmoulin développe rigoureusement au fil de ses projets et réalisations dans l’esprit d’un mouvement auquel il est attaché : le régionalisme critique de l’historien Kenneth Frampton. Cette première œuvre notable, vite repérée, est d’ailleurs nommée à l’Equerre d’argent en 2003. Ce musée est construit à partir de dispositifs architecturaux qui sont significatifs du travail de l’architecte. Depuis l’architecte livre régulièrement des édifices délicatement contextuels, toujours dans un échange subtil avec les architectures pré-existantes dont certaines de haute valeur historique. Le propriétaire (commune), tout comme l’utilisateur (le musée) se disent pleinement satisfaits de l’équipement réalisé.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Desmoulin Bernard (architecte mandataire)
Datation de l'édifice :
1999, 2003
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2024
Fiche Mérimée : ACR0001935
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09
Consultez le programme des Journées du Patrimoine pour le Monument Historique Musée du pays de Sarrebourg situé à Sarrebourg en consultant le programme officiel des JEP 2025.