Ancienne abbaye à Saint-Sever-de-Rustan

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Monument Historique Ancienne abbaye situé à Saint-Sever-de-Rustan

Crédit photo : Florent Pécassou - Sous licence Creative Commons

  Street View

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
65140 Saint-Sever-de-Rustan - France

Code Insee de la commune : 65397
Hautes Pyrénées [65] - Tarbes - Midi Pyrénées - Occitanie

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
7 Place d'Espagne 65140 Saint-Sever-de-Rustan

Eléments protégés :
Eglise ; sacristie ; bâtiments de l'ancienne abbaye : classement par arrêté du 22 septembre 1914 - Bâtiment nord-ouest longeant l'ancienne cour d'honneur, dit aile des Moines ; vestiges du bâtiment situé au nord-est du cloître ; aire du cloître (cad. D 170, 173, 494) : classement par arrêté du 22 mars 1991 - La ferme, avec le sol de la cour et le pont qui la relie au bras de terre bordant la rivière de l'Arros (cad. D 172) : inscription par arrêté du 23 février 1999

Description :
L'église abbatiale, orientée, occupe le côté méridional du monastère, zone de contact avec le bourg de Saint-Sever. A l'est se trouve une bande de terrain séparé du monastère par l'ancien canal du moulin formant fossé, au nord les anciens jardins, à l'ouest l'ancienne cour d'honneur devenue place publique. L'aire du cloître, aujourd'hui remonté à Tarbes, occupe le nord de l'église. Les différents bâtiments monastiques s'organisaient autour de cette cour : à l'est l'Infirmerie et le logis abbatial, au nord la ferme et le dortoir des moines, à l'ouest l'hôtellerie et la cour d'honneur, elle-même bordée au sud de bâtiments agricoles aujourd'hui disparus. Les constructions de l'ancienne abbaye sont édifiées en matériaux locaux : galets de l'Arros, brique, grès, pour les murs, généralement enduits, tuiles canal et en écailles pour les couvertures. Les élévations comportent un rez-de-chaussée, un étage et des combles couverts par des toits à plusieurs pans et mansardé pour le pavillon d'entrée. L'aile Nord (dortoir) a perdu sa toiture ancienne, remplacée par des plaques de métal. La plus grande partie de l'aile Est est actuellement ruinée, de même que les constructions au nord du cloître ; la ferme, également au nord, est à l'abandon. Les élévations de l'église sont ponctuées de contreforts encadrant de simples baies en arc brisé, celles des bâtiments monastiques sont cintrées, soulignées par des cordons en pierre. Le centre de la façade Ouest est occupé par un pavillon recouvert d'un toit mansardé, occupé au niveau de l'étage par un balcon reposant sur des consoles. Les ouvertures en sont encadrées par des pilastres à chapiteaux doriques, terminées par un fronton triangulaire portant les armes des Mauristes. Plusieurs escaliers intérieurs sont conservés : accès à la tribune et aux combles de l'église (escaliers droits en charpente), accès à l'étage de l'aile ouest (escalier en équerre maçonné dans une cage ouverte et escalier tournant en bois).

Historique :
Abbaye médiévale florissante, mais dévastée pendant la guerre de Cent Ans. En 1573, les protestants incendient l'église et les bâtiments monastiques et pillent le village. La congrégation de Saint-Maur, à qui est confiée l'abbaye, entreprend la restauration au XVIIe siècle. Une autre campagne de travaux, réalisée par l'abbé Dom Charles Lacroix entre 1736 et 1780, intervient au XVIIIe siècle. En 1776, on refait le plafond de la nef de l'église, on aménage une sacristie et on y transporte les actuelles boiseries qui habillaient une salle du logis abbatial. On réaménage les cuisines et les cellules du dortoir et on édifie le grand escalier du pavillon nord-ouest. Le bâtiment de la ferme a sans doute été réalisé dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, prenant appui contre le mur de clôture préexistant. L'abbaye est vendue comme bien national à la Révolution, à l'exception de l'église et de la sacristie. Le corps de bâtiment principal, à l'ouest du cloître, est racheté par la municipalité en 1889 afin d'y loger l'école. Le cloître du XVe siècle est démonté, puis transféré à usage de "fabrique" dans le jardin Massey à Tarbes. Quelques destructions seront encore opérées à la fin du XIXe et au début du XXe siècle.
On ignore la date et le contexte d'implantation de l'abbaye bénédictine à Saint-Sever. Le site est déjà occupé à l'époque antique comme en témoignent des vestiges (céramiques, sol de tuileau) retrouvés en 1977 et 2015. La tradition en attribue la fondation à un prêtre du nom de Sever dans lequel certains historiens ont voulu reconnaître Sulpice Sévère, thèse de nos jours infirmée. La première mention du monastère remonte au début du XIe siècle : entre 1017 et 1022, lors de la fondation de l'abbaye de Saint-Pé, le duc Sanche de Gascogne appelle sur place comme premier abbé, Arsius, moine de Saint-Sever. En 1087, l’abbaye est affiliée à celle de Saint-Victor de Marseille. En 1297 l’abbé conclut un paréage avec le roi de France. Cet acte entraine vraisemblablement une cadastration d’une partie du terroir de Saint-Sever. Un bourg occupe toute la zone méridionale de l'abbaye. Il est fortifié au XIVe siècle, sans doute à la suite du paréage. Le monastère reçoit lui aussi des remparts dont subsistent les vestiges au chevet de l'abbatiale et le long du canal du moulin. Ce chantier s'accompagne aussi de transformations au niveau des bâtiments monastiques et du cloître. Dans la première moitié du XVe siècle les moines demandent l'autorisation au pape de quémander des aumônes pour l'entretien et la restauration du monastère. Des éléments de cette campagne de travaux demeurent dans l'église (tribune de la nef, voutes du chœur). Ils sont poursuivis durant le XVIe siècle : chapelles latérales, aile Est du monastère. En 1573 le bourg et l'abbaye sont pris, pillés et brûlés par les troupes protestantes du capitaine Lysier. Les charpentes, toitures, mobilier, objets et archives sont détruits ou enlevés. Dès 1574 et jusqu'au début du XVIIe siècle des restaurations sont conduites par les moines et leur abbé. Malgré tout le contexte apparaît assez chaotique : non-respect de la vie monastique et de la clôture, accaparement des revenus de l'abbaye... En 1646 l'abbé signe un accord avec les bénédictins de Saint-Maur de la Daurade de Toulouse. Les premiers mauristes arrivent bientôt à Saint-Sever où ils restaurent tant bien que mal l'église et les lieux réguliers, en particulier l'aile Ouest, rebâtie vers la fin du XVIe siècle, dans laquelle ils installent réfectoire et dortoir, terminés en 1655. La difficile cohabitation avec les anciens religieux présents sur place, la spoliation de terres et revenus par des familles locales, les ravages d'une épidémie de peste et la présence de troupes armées, freinent les ambitions des nouveaux venus. Ils vont se lancer durant toute la fin du XVIIe siècle dans une importante politique d'achat de terres et de rentes ainsi que dans des négociations pour acquérir les biens détenus par l'abbé au sein du monastère. En 1678 est réalisée toute une série de plans, renouvelée en 1700, dans le but de reconstruire les bâtiments monastiques. Ces projets sont partiellement suivis mais donnent une vision des lieux à cette époque. Durant la première moitié du XVIIIe siècle le cloître est voûté, l'aile Est largement remaniée, et le nouveau bâtiment du dortoir construit au nord. Ce dernier nécessite le remblai des fossés défensifs de l'abbaye ce qui permet en outre l'aménagement d'une grande cour d'honneur devant l'aile Ouest. Au milieu du XVIIIe siècle une campagne d'embellissements transforme l'abbaye en véritable palais comparable aux plus riches demeures aristocratiques du temps. L'aile Ouest est agrandie et dotée d'un pavillon central avec fronton, les chambres du dortoir sont réaménagées, pourvues du lambris sculptés et de décors de gypseries, leurs fenêtres agrandies. L'église reçoit un nouveau chœur de stalles ainsi qu'un orgue construit par Dom Bedos, un nouveau clocher et une sacristie est aménagée à l'extrémité de l'aile Est. Toute la seconde moitié du XVIIIe siècle connait d'interminables procès opposant les bénédictins aux habitants (en particulier la famille Mérens) au sujet des droits de chacun, de la propriété de l'église et du terrain situé devant la cour d'honneur. Les années 1770 marquent la dernière grande campagne d'aménagements. Les religieux sollicitent l'autorisation de faire des coupes de bois afin de financer le chantier. Une nouvelle cage d'escalier est édifiée pour desservir le dortoir, un second degré trouve place dans le vestibule de la sacristie qui est pourvue de lambris déplacés, des plafonds, cloisons et décors de stucs sont créés en divers lieux du monastère. Lors de la Révolution les bâtiments sont inventoriés puis vendus. L'église et la sacristie deviennent pleinement paroissiales tandis que le monastère, devenu "château", est acquis par la famille Mérens. En 1890 les propriétaires, ruinés, sont saisis par le Crédit Foncier. La commune acquiert l'ancienne abbaye pour y installer ses bureaux, la poste et les écoles publiques des filles et des garçons. En dépit d'aides de l'État les moyens manquent à la municipalité pour entretenir un bâtiment aussi vaste. L'architecte Louis Caddau étudie les lieux et en publie une monographie. Certaines parties de l'ensemble sont vendues (ailes Nord et Est), de même que certains éléments décoratifs (cheminées, lambris...), d'autres détruites (aile au sud de la cour d'honneur). Le cloître lui-même est menacé ce qui amène la Société académique des Hautes-Pyrénées à conseiller son achat à la mairie de Tarbes. Le cloître est donc démonté puis réédifié au sein du jardin Massey, puis classé Monument historique. En 1914 l'église et certains bâtiments monastiques sont pareillement protégés par l'Etat. Durant le XXe siècle l'ancienne abbaye se dégrade, en particulier le dortoir, l'aile Est et le moulin qui s'effondrent ou sont détruits. A la fin des années 1960 est fondée l'association des Amis de Saint-Sever qui œuvre pour la connaissance, la restauration et l'animation des lieux en lien avec la mairie. La plus grande partie des constructions devient en 2010 la propriété du Département des Hautes-Pyrénées qui entreprend la conservation de cet ensemble. L'église, la sacristie et une partie de l'aile Ouest demeurent propriété communale.

Périodes de construction :
XIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle

Propriété de la commune ; propriété d'une association ; propriété privée

Informations pratiques de visite ou services :

Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?

Autres photographies :



Fiche Mérimée : PA00095417

Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-09-20

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