Faculté de Droit et de Sciences économiques ; École nationale des impôts à Clermont-Ferrand

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Architecture Contemporaine Remarquable Faculté de Droit et de Sciences économiques ; École nationale des impôts situé à Clermont-Ferrand

Crédit photo : Moktarama - Sous licence Creative Commons

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
41 boulevard Mitterrand
63000 Clermont-Ferrand - France

Code Insee de la commune : 63113
Puy de Dôme [63] - Clermont Ferrand - Auvergne (Auvergne-Rhône-Alpes)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
41 boulevard François Mitterrand 63000 Clermont-Ferrand

Description :
La faculté bénéficie d’une excellente situation. Au nord et à l’est, elle est bordée par le boulevard Mitterrand et le cours Poincaré, larges voies qui forment avec le cours Sablon un grand carrefour. Au sud et à l’ouest, les rues Teilhard de Chardin et Ledru séparent le bâtiment des immeubles environnants. Les usagers du viaduc Saint-Jacques (une rampe sur piliers qui s’élève sur le cours Poincaré) jouissent de vues plongeantes sur les façades orientales et méridionales. Bien dégagée, la faculté est mise en valeur par les perspectives urbaines. L’édifice possède un plan rectangulaire, augmenté à l’ouest par l’excroissance d’un avant-corps. Ses quatre corps de bâtiment entourent un jardin rectangulaire de 31 mètres sur 46,5 mètres. Les façades extérieures nord et sud mesurent environ 64 mètres de longueur, les façades extérieures est et ouest 68 mètres. La faculté de Droit occupe la totalité des corps de bâtiments nord et est, ainsi que le tiers sud-est du corps de bâtiment méridional. L’École nationale des impôts se déploie dans les deux tiers restants du corps de bâtiment sud et dans le corps de bâtiment ouest. Ainsi disposées, les deux institutions sont autonomes tout en s’intégrant dans le volume général de l’ouvrage. La façade principale ouvre au nord, face au boulevard Mitterrand, au cours Sablon et au jardin Lecoq qui s’étend vers le nord-ouest. Elle compte trois niveaux visibles au-dessus d’un soubassement. L’entrée principale ouvre dans la partie gauche de la façade. Un perron lui donne accès, un porche la protège. Hormis ces éléments, la façade présente une composition symétrique. Une rangée de 24 petites baies horizontales souligne le haut du 1er niveau. Au-dessus, le 2e niveau présente un alignement de vastes baies qui constituent 12 travées. Six piliers cloisonnent soit deux baies (A), soit une baie (B) : ils forment ainsi une composition symétrique selon un ordre A/B/A/A/A/B/A. Le 3e niveau comporte 24 travées ; chacune d’entre elles correspond à la moitié de la largeur d’une travée du 2e niveau. Les vingt-quatre fenêtres rectangulaires du 3e niveau ouvrent à l’aplomb des petites baies du 1er niveau. Enfin, une corniche très saillante couronne la façade. Elle repose sur des plots qui ménagent des jours à sa base. Les façades orientale et méridionale possèdent quatre niveaux (à l’exception d’un entresol partiel) : un rez-de-chaussée et un premier étage assez hauts puis deux étages de moindre hauteur. Elles sont organisées suivant le même principe de trame que la façade nord. Le 4e niveau de la façade orientale compte 51 travées percées d’autant de baies, les 3e et 4e niveaux de la façade sud 36 travées percées d’autant de baies. Ces cinquante et une et trente-six divisions se retrouvent sur les autres niveaux, matérialisées par des poteaux, des trumeaux, des baies plus ou moins larges. Comme en façade nord, le 1er étage des façades orientale et méridionale présente des grandes baies rythmées par des poteaux. Le 2e étage possède des baies similaires à celle du 3e étage. Le 4e niveau des façades orientale et méridionale, ainsi que celui de la partie droite de la façade occidentale, correspondent au 3e niveau de la façade nord. Ainsi, le dernier étage, complété par la corniche, ceinture presque tout l’édifice, ce qui contribue fortement à son expression unifiée. Au soubassement, rez-de-chaussée et 1er étage de la façade nord correspondent le rez-de-chaussée et les deux premiers étages de l’élévation orientale. Pour assurer plastiquement la jonction entre ces niveaux de nombre et de hauteur différents, un grand mur presque aveugle s’élève en façade orientale sur une largeur de huit travées à partir de l’angle nord-est. L’élévation occidentale se distingue des autres par la présence d’un large avant-corps. À droite et à gauche de cet avant-corps, les élévations comportent en partie supérieure respectivement 15 et 12 travées. À gauche, l’élévation compte trois niveaux. À droite se trouvent quatre niveaux (à l’exception d’un entresol partiel), les deux étages supérieurs étant semblables à ceux des façades sud et est. L’avant-corps possède un rez-de-chaussée, quatre étages vitrés par des bandeaux de fenêtres et un cinquième étage comportant une terrasse couverte. Son volume, placé en encorbellement au-dessus du rez-de-chaussée, domine également d’un étage et demi le reste du bâtiment. Il distingue ainsi l’École nationale des impôts, dont le hall d’entrée principal occupe le rez-de-chaussée de cette partie du bâtiment. Les élévations sur le jardin sont composées dans le même esprit que les façades sur rues. L’affirmation des travées et des niveaux, la répétition des modules des panneaux de façades, les dimensions différentes des ouvertures, les appuis des baies, etc., créent un quadrillage équilibré. L’édifice dessiné par Eugène Beaudouin présente une grande unité. Les éléments du programme étaient pourtant variés : une faculté et une école supérieure, des garages souterrains, des amphithéâtres de capacités différentes, des salles de cours, des bureaux, une grande bibliothèque, etc. Tous sont intégrés dans une composition régulière, logique et fonctionnelle, mais ils n’en sont pas moins clairement identifiables. La présence de deux établissements distincts mais complémentaires est clairement exprimée par les dispositions des façades nord et ouest. Les élévations témoignent également d’une parfaite maîtrise. Les proportions, l’équilibre entre les horizontales et les verticales, les rythmes créés par les niveaux et les travées, la corniche fortement saillante qui règne sur la plus grande part des élévations et règle le rapport au ciel : du détail à l’ensemble, tous les éléments constitutifs se conjuguent pour former un ensemble harmonieux. Eugène Beaudoin a créé une œuvre empreinte d’un profond classicisme, et l’on se surprend à songer, en regardant la faculté de Droit, au Palais Farnèse. La qualité et la richesse de l’aspect, de la disposition et de la mise en œuvre des matériaux s’avèrent également remarquables. Les façades sont habillées de pierre de Volvic, d’aluminium et de verre. Le porche et la corniche sont en béton armé soigneusement coffré et laissé à nu. L’édifice présente ainsi un camaïeu de gris, du plus clair (l’aluminium) au plus foncé (les baies qui paraissent plus sombres). Les fines menuiseries métalliques, les panneaux de revêtement, l’habillage en aluminium des piliers et des parties saillantes entourant les grandes baies s’ajustent précisément.

Historique :
Clermont-Ferrand connut après 1945 une seconde phase de fort essor. Sa population passa de 108 090 habitants en 1946 à 156 763 en 1975. La ville conforta également son rôle universitaire. L’université clermontoise vit ses effectifs tripler : 4 165 étudiants étaient inscrits à la rentrée de 1959, et 15 821 à la rentrée de 1970. Cette augmentation était commune à l’ensemble de l’université française, qui vécut alors son premier choc démographique et sociologique. Un vaste programme d’équipement fut lancé à l’échelle du pays. À Clermont-Ferrand, entre 1959 et 1969, l’on édifia les facultés de Lettres et Sciences humaines, de Droit, de Médecine et de Pharmacie, ainsi que les cités universitaires du Clos Saint-Jacques (Dolet) et de la rue Philippe-Lebon. En 1967, le projet du campus des Cézeaux commença aussi à se concrétiser. Le 13 octobre 1967, le Premier ministre Georges Pompidou inaugura la plupart des nouveaux édifices. Un ouvrage publié à cette occasion dressa un premier bilan des réalisations1. Une faculté libre de Droit avait été créée par la municipalité clermontoise en 1913. En 1959, la faculté de Droit et des Sciences économiques de Clermont-Ferrand prit la suite. Jusqu’en juin 1966, les cours se déroulèrent dans les bâtiments universitaires de l’avenue Carnot. L’édifice de l’avenue Mitterrand (nommée à l’époque « Gergovia ») entra en service à la rentrée universitaire suivante. Il accueillit d’emblée 2 750 étudiants. Cet effectif passa à environ 3 300 étudiants après l’ouverture de l’École nationale des impôts (actuelle École nationale des finances publiques). L’installation à Clermont-Ferrand de l’École (créée à Paris en 1951) s’inscrivait dans une politique de « déconcentration » (sic). Les élèves, futurs inspecteurs et contrôleurs des impôts, pouvaient suivre des cours à la faculté de Droit. Le programme confié aux architectes prévoyait donc d’ériger un bâtiment abritant les locaux de la faculté et ceux de l’école. Le nom d’Eugène Beaudouin se trouve dans la plupart des ouvrages sur l’histoire de l’architecture française du XXe siècle. Formé dans la section architecture de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts (atelier Pontremoli), architecte DPLG, il obtint le Premier Grand Prix de Rome en 19282. Il fut nommé en 1933 architecte en chef des Bâtiments civils et Palais Nationaux. Associé à Marcel Lods de 1923 à 1940, il construisit des édifices qui sont devenus des icônes du Mouvement moderne : l’école de plein air de Suresnes, la maison du Peuple et marché couvert de Clichy, la cité de La Muette à Drancy, etc. Ces œuvres témoignent de son intérêt pour les programmes de logements collectifs, pour la préfabrication, pour l’urbanisme. Après la Seconde guerre mondiale, Eugène Beaudouin élabora par exemple le plan d’aménagement de Marseille et de sa région, il contrôla des opérations de grande envergure (Les Minguettes à Vénissieux, le quartier Maine-Montparnasse à Paris). Il reçut de nombreuses commandes publiques, dont des édifices universitaires. À Clermont-Ferrand, outre la faculté de Droit, il bâtit la résidence universitaire du Clos Saint-Jacques (1961-1967, rue Dolet). Il pourrait aussi avoir donné les plans de la résidence destinée aux élèves de l’école nationale des impôts (rue de la Pradelle, vers 1965-1970). La carrière de Bernard de la Tour d’Auvergne s’avère beaucoup moins connue. Peu avant son décès (survenu le 8 décembre 1976 à l’âge de 53 ans), Bernard de la Tour d’Auvergne publia à compte d’auteur un album résumant « 25 ans de réalisations »3. Il travailla semble-t-il à plusieurs reprises pour le ministère du Budget : il fut ainsi l’architecte de l’École nationale des services du Trésor, à Noisiel. L’étendue de son rôle dans la conception de l’École nationale des impôts de Clermont-Ferrand reste à étudier.

Architecte ou maître d'oeuvre :
Baudoin Eugène (architecte), Lanquette Paul (architecte)

Datation de l'édifice :
1961, 1966

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2023