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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
1 place des Arts ; 7-9 rue Sarrazinière
31700 Blagnac - France
Code Insee de la commune : 31069
Haute Garonne [31] - Toulouse - Midi Pyrénées (Occitanie)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
7 Rue Sarrazinière 31700 Blagnac
Description :
Le terrain acheté pour réaliser la nouvelle école est dans les jardins de Madame Delaux, non loin de l’école des garçons. La parcelle est en bordure de la rue Sarrazinière. Les architectes font le choix d’une composition symétrique. Deux bâtiments d’habitation symétrique s’implantent aux extrémités de la parcelle, en alignement sur rue, et entre les deux constructions, un mur de clôture délimite l’espace public de l’espace scolaire, auquel on accède par un portail central et deux portillons latéraux. Les bâtiments d’habitions proposent trois niveaux, avec quatre appartements desservis par une cage d’escalier commune. Celui du rez-de-chaussée est le plus grand, accessible par un perron indépendant, probablement prévu pour un directeur ou une directrice. Deux appartements au premier étage et un troisième au second étage complètent l’équipement. Le deuxième étage est partiellement utilisé pour une grande terrasse, équipée d’une pergola en béton. Les toitures sont en tuiles canal. Vu la proximité de l’école des garçons, il est possible qu’un des deux immeubles soit prévu pour loger le directeur et les instituteurs des garçons. Ensuite, l’école est implantée en retrait. Elle se compose de trois corps de bâtiments. Le pavillon central est sur deux niveaux duquel part de chaque coté une aile sur un niveau couverte d’une toiture à deux pentes en tuile, s’étirant jusqu’aux limites parcellaires. Ces deux ailes observent en plan un écartement d’environ 60° côté cour de récréation, lui permettant d’être orientée plein sud comme de nombreux projets scolaires contemporains. Une première aile, orientée nord/sud, comprend deux salles de classe, entre lesquelles prennent place les vestiaires, et se conclut avec une salle de couture et un réfectoire, en retour d’équerre donnant sur la cour de récréation. La seconde aile, orientée sud-est/nord-ouest, dispose également de deux salles de classe, entre lesquelles se positionnent des vestiaires, en se concluant par une salle de dessin et un gymnase. Les salles de classe possèdent toutes trois grandes baies sur ces deux façades (coté rue et coté galerie). Une galerie supportée par des doubles colonnes en béton armé longe les deux ailes côté cour, permettant de distribuer les différentes salles. Le pavillon central propose un hall encadré de deux espaces de plan semi-circulaire, l’un affecté à la concierge, l’autre au bureau de la directrice. Ce hall est précédé d’un porche. Il est dessiné en creux par les deux courbes et couvert par la terrasse de l’étage. L’étage du pavillon comprend un appartement pour la concierge. Il couvert d’une toiture terrasse. Il est à noter que les deux ailes proposent des demi-rotondes en avant de la façade en écho à celles de l’entrée, abritant d’un côté la salle de couture et de l’autre la salle de dessin, permettant un apport de lumière supérieure et de conclure la composition de l’édifice. Cette inscription urbaine originale et dynamique est magnifiée par l’écriture architecturale brique et béton peint en blanc. La polychromie s’associe à des jeux de matière différents : lisse pour le béton, rugueuse et brute pour la brique. Le soubassement, les colonnes, les appuis de baie, les linteaux, les cordons, la corniche sont en béton et peints blancs tandis que la maçonnerie de brique est utilisée pour l’ensemble des murs périphériques (45 cm d’épaisseur) et de refends des trois bâtiments. Elle montre l’emploi du grand module, soit la brique foraine soit la demi-foraine puisque la structure porteuse (poteaux, poutres et planchers) est réalisée en béton armé. Les joints verticaux sont réduits au minimum tandis que les joints horizontaux sont réalisés épais et en retrait. Les architectes n’hésitent pas à faire des calepinages variés : briques verticales en allège des baies des habitations, avec un jeu de retrait/alignement, dessin de ressauts. Ils proposent ainsi une réinterprétation de l’architecture de brique locale. Les architectes dessinent également des cordons saillants peints en blanc peu espacés au-dessus du porche et en couronnement du premier étage du pavillon central. En plus de tous les éléments cités plus hauts peints blancs, venant contrastés avec les briques, ils accentuent l’horizontalité de la composition. Le parti pris des Thuriès manie habilement architecture classique, moderne et régionaliste.
Historique :
L’ancienne école des filles, devenue école Jean-Moulin est située au centre-ville de Blagnac. Elle a été construite entre 1937 et 1939 par les architectures Pierre et Antonin Thuriès. Jeanne Hérisson, épouse Bégué, lègue en 1892 par testament à la commune sa grande maison située place du Charron (ou place Hérisson) dans laquelle elle vivait à la condition qu’elle soit affectée à une école des filles. Après consultations, la commune accepte le legs et entreprend les démarches d’acquisition des terrains mitoyens afin d’aménager trois salles de classe au rez-de-chaussée et deux logements dans les étages. En 1893, la commune de Blagnac compte 1866 habitants dont 160 enfants. L’école de garçons est alors installée dans un bâtiment communal, accueillant 70 élèves. L’école de filles occupe une maison louée mais les classes sont exiguës et les annexes insuffisantes pour accueillir dans des conditions favorables les 75 élèves. Le legs et le projet d’extension permettent de faire aboutir les divers projets qui se sont succédés depuis les dernières décennies pour réaliser une école de filles. Le projet est confié à l’architecte A. Gaubert. C’est l’entrepreneur Jean-Baptiste de Bessières qui est retenu lors de l’adjudication au rabais. La réception provisoire des travaux est prononcée le 23 mai 1895. L’école accueille en 1904 les effectifs de l’école congréganiste, une salle est aménagée dans le préau couvert pour l’école enfantine. La situation se dégrade et de nouveaux locaux doivent être trouvés. Les effectifs scolaires augmentent régulièrement dans les écoles de garçons et de filles. Des projets sont étudiés par l’architecte Thuriès dès 1928. Plusieurs solutions sont envisagées. Finalement, l’école des filles déménage dans un nouvel édifice et l’école maternelle s’installe seule dans l’école place du Charron. Les terrains sont achetés dans les jardins de Madame Delaux, en bordure de la rue Sarrazinière et contigus à l’école des garçons. Le 5 juin 1933 les plans et devis des architectes Antonin et Pierre Thuriès sont approuvés par le conseil municipal. Pierre Thuriès (1887-1946) exerce conjointement avec son frère Antonin (1885-1937). Ils construisent essentiellement dans l’entre-deux-guerres, pour une clientèle privée industrielle, entrepreneuriale et d’habitations : l’usine Job en 1931 et de nombreuses villas. Pierre est l’architecte du Pic du Midi. En tant qu’architecte des PTT, il conçoit l’hôtel central des postes de Toulouse entre 1939 et 1946. Le projet est mis en chantier. Les travaux de finition prennent du retard engendrant l’impossibilité de s’installer dans les nouveaux locaux au 1er octobre 1939. La guerre ralentit également la finalisation. En mars 1940, l’Armée de l’Air demande l’autorisation d’occuper les locaux pour loger des ouvriers polonais. L’état des lieux dressé à leur prise de possession des locaux permet de saisir l’état d’avancement du chantier : le chauffage central, l’eau et l’électricité fonctionnent. Il reste à poser quelques plinthes, des vitres, la serrurerie, des revêtements de sol. Quelques mois plus tard, les locaux sont libérés. La rentrée scolaire 1940 a lieu et les travaux doivent reprendre mais ne sont toujours pas effectuées en 1942. Les élèves de l’école de formation de l’armée de l’air sont finalement hébergés dans l’école jusqu’en septembre 1943. Ensuite, ce sont les Allemands qui occupent les locaux. A la Libération, l’Armée de l’air française occupe à nouveau l’école. Un état des lieux réalisé en 1945 dresse les dégradations suite aux occupations successives et les réparations à entreprendre. Les matériaux et les subventions manquent. En février 1950, le conseil municipal décide de terminer les travaux et la décision semble être respectée. Les écolières prennent possession de l’école et les institutrices de leurs logements. L’école devient l’école élémentaire Jean Moulin II, en service jusqu’en 2013. Une nouvelle école Jean-Moulin est construite plus au sud. L’ancienne école est intégrée à un projet de réaménagement des bâtiments municipaux situés autour de la place des Arts, dont l’actuelle mairie. Entre 2015 et 2019, le bâtiment est réhabilité et reconverti en espaces de travail. Le projet est confié à l’architecte Danièle Damon, aux urbanistes paysagistes Françoise Favarel et Catherine Roi, au bureau d’études TCE Ingerop, à l’économiste Alayrac et à l’acousticien Emacoustic. Le projet s’inscrit en continuité avec l’existant, proposant des aménagements dans le respect des dispositions d’origine et réversibles. Les menuiseries des salles de classe donnant sur la galerie ont été conservées. Celles remplacées l’ont été en bois et en respectant leur dessin d’origine. Quatre panneaux explicatifs reviennent sur l’histoire de l’école, l’architecture art déco, les architectes Thuriès et le projet de réhabilitation de 2019.
Datation de l'édifice :
1937, 1939
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2022
Fiche Mérimée : ACR0001765
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09
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