Ecole élémentaire à Sarrancolin

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Architecture Contemporaine Remarquable Ecole élémentaire situé à Sarrancolin

Crédit photo : Llann Wé² - Sous licence Creative Commons

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Label Architecture Contemporaine RemarquableLabel Architecture Contemporaine Remarquable

Adresse renseignée dans la base Mérimée :
Place du Vivier
65410 Sarrancolin - France

Code Insee de la commune : 65408
Hautes Pyrénées [65] - Tarbes - Midi Pyrénées (Occitanie)

Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
10 Place du Vivier 65410 Sarrancolin

Description :
Le bâtiment se présente selon un plan quadrangulaire, presque carré, de 27,5 m par 28,50 m au rez-de-chaussée. Les deux travées centrales viennent en avant du nu des façades principale et arrière. Le bâtiment comporte trois niveaux. Le sous-sol présente le ruisseau canalisé, les caves associées aux logements et les canalisations. Le rez-de-chaussée comporte six salles de classes et deux préaux, des sanitaires et l’accès aux logements par la façade arrière. Il est divisé en deux parties symétriques, écoles des filles et classe enfantine d’une part et école des garçons d’autre part. Au nord, les deux classes de garçons et au sud, la classe enfantine et une classe de filles, toutes quatre positionnées dans les angles du bâtiment. Dans les deux travées centrales, on trouve sur la façade principale une classe de filles et une classe commune de dessin, travaux manuels et de couture donnant et sur la façade arrière les sanitaires filles et garçons de part et d’autre de l’entrée des logements avec la cage d’escalier menant à l’étage. Le cœur de l’édifice est occupé par un grand préau de 158 m², divisé en deux par une cloison et ouvert sur la façade sud pour les filles et sur la façade nord pour les garçons. Une rampe d’accès dessert la terrasse du premier étage. C’est une conception originale des préaux, qui d’ordinaire sont positionnés dans la cour de la récréation séparés du bâti principal. L’inspecteur d’académie a fait remarquer que les préaux manqueraient d’ensoleillement, ce à quoi l’architecte a répondu que le terrain choisi ne permettait d’envisager une solution alternative convenable. Des menuiseries vitrées en partie haute des cloisons avec les salles de classe assurent un apport de lumière complémentaire. Les salles de classe sont accessibles à partir de ce dernier. Les salles de classe mesurent toutes 7,50 m par 5,50 m pour 4,30 m de hauteur sous-plafond pouvant accueillir 36 enfants, avec un lumière naturelle unilatérale venant de gauche à droite. Le sol est en parquet chêne, les murs peints à l’huile de tons clairs et le plafond en plâtre blanc. Un radiateur alimenté par la chaufferie chauffe chaque salle de classe. Le premier étage est dévolu aux quatre logements des enseignants, organisé en U autour de la terrasse ouverte à l’est, vers le bourg, affectée au jardin d’enfants pour tenir la classe de plein air. C’est un vaste espace de 184 m² occupant l’équivalent des salles de classe de la travée centrale et une partie des préaux. Il était prévu pour être ceint d’une clôture métallique sur les trois côtés et agrémenté d’une pergola de plantes grimpantes. Une allée est délimitée sur la périphérie de la terrasse, clôturant le jardin d’enfants. Le projet prévoyait des « allées de verres » mais ces dernières ont été remplacées par des pavés de verre ponctuels répartis régulièrement sur la surface. La rampe dessert la terrasse, associée à des sanitaires et à un local jouets. L’aile en façade arrière contient la cage d’escaliers, associés à deux buanderies (foyer pour lessiveuse) et sanitaires placés de part et d’autre. Un dégagement commun dessert ensuite les deux ailes, contenant chacune deux logements. Ils comptent tous une salle, une cuisine, un office et un espace de toilettes. Ensuite il y a des appartements ne disposant d’aucune chambre et d’autres de deux chambres. Une chambre est placée entre les deux logements, avec une porte donnant dans chacun, permettant de s’adapter à la situation familiale des enseignants. Une cheminée chauffe chaque pièce. Le confort et l’hygiène sont des caractères incontournables dans la conception des logements de fonction. Chaque dégagement donne accès à un escalier droit menant dans les combles, un logement y placé dans l’aile sud. La construction des écoles combine une maçonnerie de pierre calcaire, en léger retrait, et une ossature en béton armé (linteaux, poutres, piliers, piédroits des baies) pour les murs périphériques, sur des fondations en béton de chaux. L’ensemble est enduit, actuellement de deux teintes différentes, au mortier de ciment pour l’ossature et avec un crépi rustique à la chaux tandis que le soubassement est en pierre de parement. Pour orner les deux façades latérales, un arc plein cintre en briques jaunes associé à un appui de fenêtre représente une fausse baie, contenant une jardinière et l’inscription « école de filles » d’un côté et « école de garçons » de l’autre. Le préau est construit en ossature béton de ciment armé, libérant un vaste sans point porteur intermédiaire. Les murs intérieurs sont réalisés en agglomérés. Le plancher du premier étage est en béton de ciment armé et le plancher des combles et la charpente sont en bois. L’ensemble du bâtiment est couvert d’une toiture en ardoise. L’écriture architecturale allie régionaliste et modernité. Régionalisme pour le recours aux matériaux locaux et aux formes locales, si on retient la toiture en ardoise, le faux-pan de bois traité par surépaisseur de l’enduit au-dessus des préaux et pour les combles. Modernité pour le recours au béton armé qui permet de libérer le vaste espace du préau et de créer la terrasse de classe de plein air et dans la volonté de s’inscrire dans une nouvelle pédagogie (classe de plein air, référence au mobilier méthode Montessori, etc.).

Historique :
L’école primaire de Sarrancolin se situe dans le bourg, sur la rive gauche de la Neste. L’architecte, Louis Mauny, dans son mémoire, en pièce du dossier du projet, présente les arguments défendant le projet de construction d’une nouvelle école porté par la municipalité de Edouard Lavigne, élu en 1925. Il signale que la population municipale s’accroit du fait de l’installation d’industries, notamment l’usine électrométallurgique de Beyrède, qui profitent de l’énergie hydroélectrique des Pyrénées. Ainsi, de 564 habitants avant la première guerre mondiale, le dernier recensement fait état de 751 habitants en 1926. Les industries drainent une main d’œuvre ouvrière en nombre, mettant en place des avantages pour favoriser les familles nombreuses (primes à la natalité, sursalaire familial, logements, coopératives, etc.). En effet, une cité ouvrière, avec un stade, un cinéma et une coopérative, a été édifiée à l’aval du bourg. Cette situation engendre un accroissement des effectifs scolaires. Le nombre d’enfants étant passé de 60 avantguerre à 154 en 1926, avec 197 inscriptions en juillet 1929. Il est nécessaire de former cinq classes, une classe enfantine, deux classes pour les filles et deux classes pour les garçons. L’architecte justifie ensuite le choix de construire un nouvel édifice et non pas de réutiliser celui en fonction. Il explique que ce dernier est situé au cœur du tissu médiéval dense : un groupe scolaire de deux classes et préau construit en 1910 à la place de maisons démolies. Les locaux présentent des inconvénients sanitaires, hygiénistes, de localisation et de sécurité. Le nouvel emplacement profite au contraire de nombreux avantages sur lesquels insiste l’architecte : écarté de la circulation, dans un lieu profitant d’air, de lumière, de silence et de sécurité. Le terrain à bâtir est prévu sur le bord ouest de la place du Vivier, au pied d’escarpements de rochers calcaires. Cette place est délimitée par la route nationale et le ruisseau du vivier qui lui est parallèle. Ce ruisseau, affluent de la Neste, est doublé d’un canal de dérivation de la Neste, qui alimentait un moulin. Entre les deux voies d’eau, des jardins s’étendent. La nouvelle école s’implante sur une partie du ruisseau et des jardins, adossée au canal de dérivation et avec la façade principale sur la place du Vivier. Dans le projet présenté, la cour de récréation est prévue devant l’édifice avec des clôtures mobiles. Il est possible que cette option ait duré un temps ou n’ait été qu’une hypothèse de projet et ait évolué pour placer la cour sur l’emplacement des jardins, sur la façade latérale sud. Des stationnements sont positionnés devant l’école en 1971 (prise de vue du 3 septembre 1971). Les jardins entre canal et ruisseau sont acquis également par la commune pour y installer les jardins des instituteurs et éventuellement un jardin scolaire. Dans le projet, l’architecte écrit dans son rapport que la classe enfantine est envisagée pour être équipée avec le mobilier individuel et le mobilier « de famille » de la méthode Montessori, qui a été commandé auprès de la maison « Natham » rue des Fossés Saint-Jacques à Paris, dite spécialisée dans ce genre de fournitures. Un matériel cinématographique doit également être installé dans l’école. Les documents de projet sont soumis à l’avis des autorités durant l’été 1929. Le montant des travaux est estimé à 731 000 francs. Suite à l’adjudication lancée le 24 octobre 1931, les travaux sont confiés à l’entreprise de Frédéric Bertagnolio, entrepreneur à Sarrancolin, sélectionné parmi huit candidatures dont six locales et deux éloignées (Paris, Bordeaux). La réception provisoire des travaux est prononcée le 1er octobre 1933. L’architecte Louis Mauny se présente comme ingénieur chargé des travaux du groupe scolaire de Sarrancolin. Il est installé à Arreau, village en amont de Sarrancolin, éloigné d’environ 7 km. Il est déjà actif en 1924, reconstruisant la poste de Cadéac. Il a été associé à Gély pour la construction d’une nouvelle mairie-halle entre 1929 et 1932, ayant recours aussi aux faux pans de bois en ciment à l’étage.

Datation de l'édifice :
1932

Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2022