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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
rue du Général-Hoche
59155 Faches-Thumesnil - France
Code Insee de la commune : 59220
Nord [59] - Lille - Nord Pas de Calais (Hauts-de-France)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
1 Rue de la Résistance 59155 Faches-Thumesnil
Description :
Située sur un îlot bordé par les rues de la Résistance, Carnot, Général-Hoche et Anatole-France, la salle Jacques-Brel est implantée au cœur du centre-ville de Faches-Thumesnil. Voisinant deux écoles primaire et maternelle, elle s’inscrit dans un tissu urbain émaillé d’équipements publics, de commerces, et de logements. De forme circulaire, l’édifice ne manque pas d’être remarqué par les passants. Il s’agit en effet d’un bâtiment de grande envergure à l’échelle de la ville : d’une superficie de 2 680 m², sa rotondité tranche avec les alignements de maisons de ville alentours. La salle des fêtes comporte deux niveaux sur un sous-sol, élevés en maçonnerie de briques, dalle de béton et charpente métallique. En façade, si le premier niveau en briques présente une grande opacité – il est uniquement percé d’ouvertures carrées ménagées sur les flancs est et ouest – le second niveau est quant à lui vitré de manière continue sur la moitié haute. L’ensemble du bâtiment est ceint de 20 portiques métalliques au profil évasé (autrefois peints en vert) assemblés sur une couronne centrale formant le toit aux pans à faible pente, lui donnant cette allure si caractéristique de halle circulaire. Cette structure métallique permet de dégager la salle de toute structure porteuse, comme l’indique l’architecte : « L’ensemble salle-scène, formant une unité que n’interrompt aucun incident architectural, a pu être obtenu par la conception même de l’ouvrage comportant vingt demi-portiques acier supportant la couverture en panneaux Stramit revêtue d’une étanchéité multicouche. » Au niveau de l’entrée côté sud, cinq portes précédées de quelques marches permettent l’accès à la salle, protégées des intempéries par une casquette métallique. Côté nord, la rotonde présente une excroissance occupant un tiers de la façade du rez-de-chaussée, correspondant à l’arrière de la scène, éclairé par des fenêtres en bandeaux aujourd’hui occultées et ponctué par la cheminée de la chaufferie. Le mélange des matériaux en façade est singulier : les portiques métalliques expriment la préfabrication, l’architecture industrielle, les carreaux en pâte de verre de l’entrée présentent un aspect décoratif et l’appareillage de brique offre quant à lui une concession à l’architecture régionale. A l’intérieur, les espaces se divisent de manière concentrique : l’accueil et les pièces annexes se répartissent dans une couronne ceinturant la salle de spectacle au centre. Au niveau de l’entrée, le hall d’accueil reçoit deux escaliers desservant l’étage ; ils sont disposés de part et d’autre des portes d’entrée, contre la façade. Cet espace conserve encore son carrelage d’origine à petits carreaux noirs et blancs ainsi que les marches en granito et les ferronneries des escaliers dont le dessin rappelle celui des portiques métalliques extérieurs. A l’époque de la construction, ce hall est encadré par le bar (à droite) et les vestiaires (à gauche). Ces espaces sont désormais inversés et décloisonnés. Au centre de la couronne sont aménagés les sanitaires (hommes à l’ouest et femmes à l’est), accessibles directement depuis la salle. L’extrémité nord du bâtiment est quant à elle occupée par l’office, un dépôt, des bureaux et des ateliers pouvant servir de loges. Ces espaces, légèrement surélevés, sont desservis par une rampe accessible depuis les sorties de secours et menant jusqu’au fond de scène (aujourd’hui condamné), permettant le transport du matériel scénique. La salle circulaire occupe quant à elle le centre du bâtiment. Gaston Doisy écrit à ce sujet : « Il a été conçu dans l’esprit du théâtre antique, la forme circulaire de la salle proprement dite permet une vision parfaite à toutes les places, ainsi qu’une acoustique excellente. Cette salle peut recevoir 1092 personnes assises au rez-de-chaussée, et 200 personnes debout dans la galerie. Sa conception permet de réaliser dans son enceinte, un grand nombre d’activités, parmi lesquelles : théâtre, cinéma, bal, congrès, conférences, représentations chorégraphiques, certaines manifestations sportives, concerts, etc. La salle et la scène sont réunies sous un même volume ; la scène légèrement surélevée ne comporte ni rideau de scène, ni rampe, seuls deux écrans masquent une partie du fond de la scène, cette disposition permet de n’utiliser que des décors simples ou stylisés dont les changements se font à vue. » Le plafond de la salle, constitué par la charpente métallique revêtue de staff peint, a conservé le caractère monumental que lui confère le rayonnement et la profondeur des innombrables poutres convergeant vers le centre. Enfin, à l’origine, les murs étaient lambrissés de bois et le plancher en béton recouvert de parquet, apportant chaleur et qualité acoustique à l’ensemble. À l’étage, les espaces suivent la même division qu’au rez-de-chaussée, formant un anneau autour du vide central de la salle. Côté sud, les spectateurs pouvaient accéder au foyer depuis les escaliers du hall, débouchant à l’ouest sur la bibliothèque et à l’est sur une salle de réunions. Un garde-corps donnant sur la salle permettait au public d’assister aux évènements depuis cette mezzanine sur 360 degrés. Au nord, l’espace de circulation reprend le tracé de la rampe du rez-de-chaussée et donne sur le toit-terrasse aménagé au-dessus des loges. Ce niveau, largement éclairé par les bandeaux vitrés ceinturant l’édifice, est inoccupé depuis la réhabilitation de 2003-2005 ayant abouti au cloisonnement de la galerie. Un niveau de sous-sol (sous la scène et les loges), abrite les espaces de stockage et la chaufferie (aujourd’hui en partie reconvertis en cuisines). Enfin, un logement de concierge était aménagé sur deux niveaux : les pièces de vie au sous-sol et les chambres au rez-de-chaussée. Cet espace a été décloisonné et converti en lieu de stockage.
Historique :
La ville de Faches-Thumesnil, située en bordure sud de Lille, connaît une expansion démographique importante dans les années 1950, passant de 8 000 à 12 000 habitants. La ville se dote ainsi de plusieurs équipements afin de répondre aux besoins de ses administrés : écoles, infrastructures sportives, lotissements de maisons individuelles, etc. Dès 1951, le rez-de-chaussée de la mairie (autrefois située rue d’Haubourdin) est aménagé afin de recevoir une salle des fêtes, accueillant les évènements communaux. Ce local se révèle rapidement insuffisant et une nouvelle salle des fêtes est construite en 1954 rue Edouard-Vaillant (au sud de la commune), l’actuelle salle Georges-Baron. Cette salle – excentrée et exigüe – ne peut néanmoins pas satisfaire aux besoins de la population grandissante. Le 25 mars 1961, le Conseil municipal émet ainsi le vœu de construction d’un complexe comprenant une salle des fêtes, des bains-douches et une cantine pouvant accueillir les enfants des écoles voisines. A l’été 1961, la commission des travaux de Faches-Thumesnil demande à l’architecte lillois Gaston Doisy de dessiner un projet pour le bâtiment qui prendra place sur un terrain communal situé entre les rues du Général-Hoche et Anatole-France. Ce terrain, autrefois occupé par une briqueterie, est idéalement placé en bordure ouest de l’artère principale de Faches, la commerçante rue Carnot, mais également à proximité de lotissements sortant alors de terre côté est. La construction d’une école de filles et d’une école maternelle (actuelles écoles Lamartine et Victor-Hugo) à la fin des années 1950 sur ce même îlot forme l’esquisse d’un déplacement du centre urbain. Le 26 septembre 1961, Gaston Doisy présente son avant-projet comprenant vingt douches et quatorze baignoires sur 300 m², un réfectoire de 210 places sur 288 m² pour les écoliers et une salle de fêtes de 1 000 places comprenant 6 loges et des sanitaires sur 842 m². Afin de mûrir le projet, les édiles, menés par le maire Arthur François vont visiter des équipements similaires : les bains douches et la cantine scolaire de Seclin en avril 1961, les salles des fêtes de Fretin, de Loos et de Rosendaël en janvier 1962. Le 6 mars 1962, le Conseil municipal donne son accord pour la construction : estimée à 1 617 563 nouveaux francs, elle sera financée par emprunt et fera l’objet d’une demande d’une subvention à l’Etat. Le contrat entre la commune et Gaston Doisy est signé le 17 avril 1962. Le manque de documents d’archives ne permet pas de préciser si l’abandon du projet de bains-douches et de la cantine scolaire est alors déjà entériné, néanmoins, le projet technique présenté par Doisy en mai 1963 ne fait plus référence à ces équipements. En effet, en 1963 le projet est ainsi qualifié : « Ce foyer est constitué par une grande salle municipale à usages variés : spectacles, bals, banquets, réunions – et un certain nombre de salles annexes permettant le développement de plusieurs activités culturelles : bibliothèque, ateliers et salles de cours pour les jeunes ». En juin 1964, la préfecture du Nord approuve le projet de construction et la mise en adjudication des travaux est lancée le 27 juillet. Des entreprises locales sont retenues : Louis Prévost (Loos) pour le gros-œuvre, les menuiseries, l’étanchéité, etc., les anciens établissements Baudon et Cie (Ronchin) pour les charpentes métalliques et Saint-Sauveur (Arras) pour les menuiseries métalliques et la serrurerie. Le projet subit quelques modifications en septembre 1964 suite aux observations de la Préfecture notamment concernant le parking, la mobilité des sièges de la salle, la situation des toilettes et des vestiaires par rapport à la salle, ou encore le coûteux plancher de la salle, établi sur un vide-sanitaire. Les travaux commencent ainsi au début de l’année 1966 et durent 21 mois, s’achevant le 18 décembre 1967, date de la réception provisoire. Si les travaux devaient initialement durer 15 mois, le chantier a subi quelques retards dus à la mise en place des portiques métalliques par les établissements Baudon au moyen de grues gênant ainsi le reste du gros-œuvre, ainsi qu’à des problèmes de livraison et de contrôle technique des éléments métalliques. Dès 1967, il apparait que des travaux supplémentaires sont nécessaires concernant la sonorisation de la salle (réalisés en 1972), néanmoins la salle des fêtes de Faches-Thumesnil, rapidement surnommée La Rotonde, est inaugurée le 23 mars 1968. La salle reçoit de nombreux éloges et voit se produire de grands chanteurs de variété (Claude François, Joe Dassin, Julien Clerc, Stone et Charden, etc.), mais aussi des kermesses de la bière, des bals, etc. A la fin des années 1970, la salle est de moins en moins fréquentée ; ce sont alors les expositions commerciales qui prennent le relais des concerts ainsi que de nombreuses expositions et évènements locaux. C’est en 1978, à la mort de l’artiste, que l’équipement reçoit le nom de salle Jacques-Brel. Entre 2003 et 2005, la salle Jacques-Brel fait l’objet d’une restructuration par les architectes Thierry Baron et Philippe Louguet dans un souci de mise aux normes de sécurité de l’établissement. Des portes coupe-feu sont installées, la mezzanine est obstruée (modifiant la capacité de 1 200 à 650 personnes), les systèmes électriques et incendie sont révisés ainsi que le chauffage et la climatisation de la salle. Le plafond de la salle est modifié afin d’améliorer son acoustique, tandis que le hall d’entrée avec son bar et son vestiaire sont également repensés et l’ensemble reçoit une remise en peinture. Utilisée comme médiathèque de 2017 à 2021, la salle Jacques-Brel a repris son activité d’origine après la levée des restrictions liées à l’épidémie de Covid-19.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Doisy Gaston (architecte)
Datation de l'édifice :
1961, 1968
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2023