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Adresse renseignée dans la base Mérimée :
83100 Toulon - France
Code Insee de la commune : 83137
Var [83] - Toulon - Provence Alpes Côte d'Azur - Provence-Alpes-Côte d'Azur
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
Eléments protégés :
Le fort : classement par arrêté du 11 avril 1947
Description :
La Grosse Tour de Toulon est fondée sur la pointe de la Mître à l’extrémité de la péninsule dite du Mourillon, partie sur la roche affleurante partie « à la mer » en très basses eaux. L’œuvre architecturale n’est qu’un « torrione » surdimensionné, de plan ovale tendant au cercle (52m sur 57m de diamètre à la base), mais sa conception interne, complexe, et le traitement plastique et esthétique des élévations témoigne de l’ambition du parti, sans équivalent en France à cette époque. C’est une œuvre « conceptuelle » à géométrie savante de la renaissance italienne, qui évoque les recherches sur les plans centrés appliquées tant à l’architecture religieuse qu’à l’architecture militaire par des artistes-ingénieurs complets du temps Léonard de Vinci. La conception défensive est aussi très moderne, par l’intégration de deux niveaux de tir d’artillerie sous casemates en batterie, le premier au raz de l’eau, au niveau des coques des navires ennemis arrivant dans la passe, le second au niveau des mâts des mêmes navires. L‘aspect extérieur est celui d’un ouvrage de la Renaissance, comme en témoigne la présence du cordon, marquant la transition entre le soubassement taluté et l’élévation supérieure verticale qui commence au niveau du seuil de la porte. Le traitement des parements extérieurs, à bossages rustiques, assez courant en Provence au Moyen-Âge, est ici explicitement maniériste « à l’italienne », surtout pour l’encadrement des canonnières, voire pour celui du frontispice de la porte à pont-levis.La structure interne comporte deux sous-ensembles : un noyau cylindrique ovale est inscrit dans l’enveloppe annulaire de la tour proprement dite, en dégageant une galerie casematée active (soit munie de canonnières), qui n’est conservée qu’au niveau du soubassement taluté. Cette galerie distribue sur les trois quarts de son circuit, donnant sur la mer et vers l’entrée de la tour, une série de neuf casemates ouvertes en alvéoles semi-circulaires dont le voûtement en cul de four se prolonge en berceau jusqu’au noyau central, selon un plan rayonnant « festonné ». Ce système de voûtement procure une plus grande solidité à la construction que ne l’aurait fait une voûte annulaire. Ce dispositif était reproduit à l’identique au niveau supérieur ou rez-de-chaussée ; la porte de la tour est aménagée dans une des alvéoles ou abside. Dans le quart restant du circuit sont logées, sur les deux niveaux de la tour, deux volées d’escalier divergentes et inégales (rampe à gauche, escalier plus étroit et plus raide à droite), voûtées en berceau rampant à ressauts, épousant en plan l’arc de cercle de la tour, partant d’un palier haut spacieux de plan carré haut voûté en berceau. Les volées du rez-de-chaussée sont conservées, l’élévation murale massive qui les contient (improprement nommée « donjon ») dominant la grande plate-forme ou cour actuelle et portant la petite plate-forme haute qui a porté de l’artillerie jusqu’en 1907. Le soubassement du noyau central abrite deux étages de caves aveugles, qui étaient des citernes (au plus bas) et des prisons, desservis par deux vis d’escalier. Au rez-de-chaussée subsiste un bâtiment greffé sur l’enveloppe, ancienne aile annexe du corps de caserne démoli en 1947. Les deux ailes de la batterie conservent les traces de leurs embrasures murées en 1841. Le fossé de gorge a conservé, ensevelie, une ancienne galerie de contrescarpe crénelée contemporaine de la batterie, et jadis liée à la tour en caponnière.
Historique :
La Grosse Tour, vaste « torrione » conçu par un ingénieur italien peu avant l’invention du système bastionné, est le plus ancien ouvrage de fortification moderne de Toulon, et plus généralement de Provence, amorcé sous Louis XII et achevé sous François Ier.Les archives de l’ancienne cour des comptes de Provence font connaître le nom de Giovanni Antonio della Porta, l’architecte recruté par le roi en 1514 pour concevoir et réaliser une « fortification en forme de tour » à l’entrée du port (petite rade), à la demande de la ville. Cet architecte, probable membre d’une dynastie d’artistes milanais actifs à cette époque dont un en France, n’est pas autrement connu. L’emplacement avait été choisi par les consuls et le conseil de ville, qui a la charge de gérer le financement royal du chantier de construction. Ce dernier s’étend du 14 mai 1514 à l’année 1524, date de la mort de l’architecte, toujours à Toulon. D’abord stagnante jusqu’en 1517, la marche du chantier s’accélère ensuite, employant jusqu’à 200 hommes et consommant plus de 20000 florins en 1518 et 1519, trois fois plus que la dépense de 1515-1517. Le coût total converti en livres peut être estimé à 3800 livres. Divers indices portent à croire que l’œuvre n’avait pas atteint sa perfection à la clôture du chantier en 1524. Quoiqu’il en soit, la Grosse Tour, utilisée comme arsenal par la ville, est assiégée l’année même lors de la campagne militaire conduite en Provence par le connétable Charles de Bourbon pour le compte de Charles Quint. Elle ne subit pas l’épreuve du feu, son capitaine Jean de Mottet ayant monnayé sa reddition. L’artillerie de la ville, reconstituée, est placée dans la Grosse Tour en 1543 lors de l’hivernage dans la rade de la flotte turque de Kair Ed Din, alias Barberousse. En 1634, une « petite tour » est construite par ordre de Richelieu sur la pointe de Balaguier, en vis-à-vis de la Grosse Tour, permettant de croiser les tirs d’artillerie contre les navires susceptibles de forcer la passe. En 1672-1673, une batterie basse est ajoutée au pied de chacune de ces deux tours, sur un dessin de l’ingénieur toulonnais François Gombert. Six ans plus tard, Vauban, dès sa première mission à Toulon et son premier projet pour en améliorer la défense, marque son mépris pour les batteries de Gombert et son admiration pour la Grosse Tour jugée inachevée, qu’il propose de compléter. A chacun de ses nouveaux projets toulonnais, 1692,1693 et 1701, Vauban donne des variantes à ce projet, qui, peu soutenu localement par Antoine Niquet, ne voient pas le jour.La Grosse Tour ne subit aucune modification jusqu’en 1841, date à laquelle ses batteries sont réformées par l’apport de parapets de terre. La tour est équipée d’un petit fanal en 1846 et sa plate-forme haute, dite « donjon » est aménagée en 1898 en petite batterie de quatre pièces de 47mm à tir rapide battant l’entrée de la passe. Ces pièces sont supprimées en 1909. Classée Monument Historique en 1947 après la guerre, la Grosse tour est restaurée, ce qui permit de supprimer les verrues de l’occupation allemande, mais aussi le corps de caserne, ruiné par la guerre, qui était établi sur sa plate-forme depuis le XVIIe siècle.
Périodes de construction :
XVIe siècle
Propriété de la commune
Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?
Fiche Mérimée : PA00081752
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-12-08
Consultez le programme des Journées du Patrimoine pour le Monument Historique Fort de la Grosse-Tour, dit aussi Tour Royale situé à Toulon en consultant le programme officiel des JEP 2024.