Précision de la localisation : 10 - Parfaite
Crédit photo : Titanet - Sous licence Creative Commons
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
12190 Estaing - France
Code Insee de la commune : 12098
Aveyron [12] - Rodez - Midi Pyrénées - Occitanie
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
7 Rue Basse 12190 Estaing
Eléments protégés :
Le château, ainsi que les terrasses et le pavillon d'entrée, à l'exclusion de la chapelle moderne : classement par décret du 6 janvier 1945
Description :
Le château est constitué de nombreux corps de bâtiment de hauteurs différentes, organisés autour d'une terrasse. L'accès s'effectue au nord, par un portail surmonté d'un corps de bâtiment en encorbellement. L’élévation extérieure, vers le village, percée d’un simple portail surbaissé et surmontée d’une niche, présente une série de faux-mâchicoulis ornés de pierres trilobées. La pièce, située à l’étage est éclairée par une fenêtre à meneau et traverse surmontée d’un fronton triangulaire portant un décor en relief. Côté cour, l’élévation compte deux niveaux. En partie basse, une arcade double arcade supporte le corps de bâtiment du niveau supérieur. Un arc brisé et des voûtes d’arêtes soutiennent l’épaisseur de l’étage mais les corbeaux qui dessinent le mâchicoulis factice, sont plus resserrés et ne disposent pas du décor repéré sur l’élévation opposée. Si la partie ouest fait office de porche, la partie orientale, aujourd’hui obturée par un portail sert de remise. A l’étage, la pièce, précédée d’un auvent soutenu par des colonnes de pierre, est éclairée par une baie rectangulaire surmontée d’un fronton triangulaire sculpté et enrichi de boules. Le corps d’entrée ouvre sur une cour basse, dans laquelle on remarque un puits à l’ouest, près de la muraille en moellons de schiste qui ferme la cour. Modifiée en partie haute, elle compte une série de corbeaux en pierre de taille qui supportent la coursive en encorbellement dotée d’une balustrade en pierre de taille. Sur le côté est, le logis principal du château a été construit à même le rocher. Côté ouest, prend place le logis devant lequel est placé un puissant contrefort dont la partie supérieure a visiblement fait l’objet d’un arasement lorsque la porte qui ouvre au sommet fut percée. Construit en moellons de schiste, le logis médiéval repose directement sur le rocher. Très probablement aveugle en partie basse à l’origine, le mur est percé d’une large porte en arc brisé, aujourd’hui mûrée, dont les claveaux de gré correspondent au matériau du premier étage. Ce niveau est en effet construit en pierre de taille et porte encore les traces de baies étroites dont la partie supérieure était cintrée. Il s’agissait sans doute de lancettes correspondant aux transformations du logis à la fin du XIIIe siècle qui se repère également au deuxième étage, lui aussi bâti en pierre de taille et où l’on observe encore les cordons d’appui et d’imposte des larges baies à remplage dont il ne subsiste que des vestiges. Les ouvertures visibles aujourd’hui sont le résultat d’aménagements postérieurs. Au premier étage, la fenêtre qui conserve son encadrement en pierre calcaire est un vestige des transformations du XVIe siècle, contemporain du châtelet d’entrée. Les autres sont le résultat des transformations postérieures comme l’élément en encorbellement qui domine le contrefort. Il faut noter les vestiges d’une baie cintrée ancienne au deuxième étage, à proximité de l’élément saillant. Au sud, la cour est fermée par un mur percé de deux baies. La plus large sert de remise ou de garage. Un niveau de soubassement s’y remarque, accessible par un dénivelé près de la muraille. La plus étroite sert de passage couvert en berceau et donne accès à deux salles voûtées. La calade qui recouvre le sol du passage a entièrement été restituée. La première salle, dont le mur ouest est arrondi et percé d’une baie, semble avoir été utilisée comme cuisine. La deuxième salle, de plan rectangulaire est voûtée et a été aménagée en boutique. Au niveau inférieur, deux caves et un corridor sont aménagés sous chacune des salles au-dessus desquelles est aménagée une dépendance éclairée par de larges baies rectangulaires et couverte d’un toit à longs pans en ardoise. La cour haute ouvre sur le logis Renaissance et communique avec la terrasse qui relie les différents éléments du château par un escalier droit maçonné. Haut de trois étages, le logis dispose au rez-de-chaussée d’une salle basse voûtée dans laquelle prend place une cheminée (IM12002159) en pierre calcaire finement polie qui porte un décor peint. Les voûtes portent également un discret décor de rinceaux. Vers le sud, accessible par un perron de quelques degrés, prend place le salon d’Olt, ouvrant sur la rivière par deux baies rectangulaires à l’intérieur duquel est conservée l’une des plus belles cheminées sculptées du château. Ce soin ornemental s’étend à l’ensemble du logis, dont la croisée ornée de colonnettes polygonales est surmontée d’un larmier prismatique. Les baies de l’étage en pierre sont moulurées, et seules la demi-croisée du premier étage et la croisée du second sont plus sobres. L’ensemble de l’édifice est en moellons de schiste sur lequel se détachent les parements en pierre de taille où s’inscrivent les ouvertures moulurées. Le dernier niveau, en encorbellement sur un faux mâchicoulis, est éclairé par deux chiens-assis et des baies plus étroites. La tour pentagonale, datable du début du XVIe siècle, se situe l'entrée du corps principal qui domine à l'est la rivière de la Coussane. Elle est construite en moellons de schiste mais dispose d’un parement en pierre de taille. A l'intérieur, sur plusieurs niveaux, le grand escalier en vis et des dégagements distribuent diverses pièces dont seule une partie est visible. Au premier étage, le salon de famille occupe une pièce rectangulaire plafonnée et équipée d’une cheminée moulurée à côté de laquelle est percée une porte surmontée d’une moulure en accolade et dotée de meubles anciens (tapis, bancs, fauteuils, tableaux, tapisseries). La pièce voisine avec la chapelle médiévale des seigneurs d'Estain dont les voûtes de l'abside et de la première travée de la chapelle sont recouvertes d’un décor peint (IM12002154). Fermée par une grille en ferronnerie, la chapelle est flanquée par une seconde chapelle de plan rectangulaire longue de 6 travées, construite sur un axe nord-sud. Les élévations sont en moellons de schiste et la toiture à longs pans est recouverte d'ardoises. A l'intérieur, les maçonneries sont enduites et la charpente apparente est peinte. Au-dessous de la chapelle, dans le corps de logis médiéval, sont installées les salles consacrées au « musée » aménagées pour commémorer le septennat du Président Giscard d’Estaing. Au deuxième étage du corps de logis sud, les dispositions sont similaires à celles de l’étage inférieur. Une longue pièce rectangulaire, aujourd’hui dite « salon des chasses », couverte d’une charpente et équipée d’une cheminée monumentale adossée au mur, à proximité de la porte d'entrée. Les piédroits, hauts de 6 assises sont sculptés et le manteau mouluré est surmonté d'une hotte pyramidale. Un décor peint, peut-être à la détrempe, se distingue sur le manteau. Au-dessus, dans le donjon, une pièce voûtée est équipée d’une cheminée sobrement moulurée. Au dernier niveau, la pièce est charpentée et la poutre maîtresse porte une inscription « &T& AYGALENQ & L. COSTES ». On y remarque les vestiges d’une cheminée.
Historique :
Première référence de la baronnie en 1028. Construction puis remaniements du château aux 15e, XVIe et XVIIe siècles. En 1789, le château n'échappe pas au vandalisme de la Révolution. A cette époque, les écussons sont grattés, le château pillé et les bâtiments confisqués. En 1836, le château accueille les soeurs Saint-Joseph. En 1930, construction d'une chapelle près de celle des seigneurs d'Estaing (XVe siècle). Après la Seconde guerre mondiale, le château se transforme en maison de retraite pour religieuses. Le château est constitué de bâtiments de hauteurs différentes organisés autour d'une terrasse.
Les recherches récentes laissent penser que le site est occupé depuis la fin de l’Antiquité puisqu’il est avéré que saint Fleuret, mort au milieu du Ve siècle (analyses C14 des reliques, décembre 2016), est « embaumé avec des aromates dans le castrum même où il est enseveli » (Du Sollier, Acta sanctorum, 1719). Estaing fut le siège d'une importante baronnie dont la première référence remonte à 1028 avec Aldebert d'Estaing. Les plus anciens vestiges lisibles dans les maçonneries de la première cour (assises de pierre disposées en arêtes de poisson) ne peuvent être antérieur à l’an mil. Une trace de baie située en partie haute du corps de logis vers le sud prouve que les maçonneries en moellons de schiste et blocs de grès taillés sont probablement achevées au début du XIIIe siècle. On ignore le plan et la distribution du château à cette époque, car il fait l’objet d’aménagements importants dans le dernier quart du siècle. La demeure seigneuriale était alors accessible par une belle porte en arc brisé derrière laquelle on trouvait probablement un escalier conduisant aux étages. Le premier abritait des pièces éclairées de lancettes tandis qu’au second, la salle noble ouvrait largement sur le panorama environnant par de larges baies à remplage dont il ne subsiste que des vestiges. L’archivolte de ces éléments est encore conservée de même que le cordon d’appui qui permet de restituer les ouvertures. La construction médiévale fait l’objet de remaniements à la fin du Moyen Age et tout au long du XVIe siècle. Ainsi, le logis qui ferme la cour basse sur sa partie orientale est mis au goût du jour : on perce de nouvelles ouvertures à meneau et traverses de style Renaissance. On construit alors le corps de logis principal qui domine la cour haute et, pour abriter l’escalier en vis, le donjon pentagonal couronné d’échauguettes. Sa porte d’accès est délicatement ornée de fines colonnettes aux bases prismatiques qui portent des chapiteaux de feuillage. Les voussures en ogive enferment un tympan aux armes des Estaing. La chapelle gothique, aménagée en partie haute est un bel exemple de ces transformations opérées à cette époque. Elle conserve un décor peint dont le programme, récemment restauré, est partiellement lisible. Jean III d’Estaing, dans les importants travaux qu’il entreprend jusque vers 1620, transforme l’extrémité sud du logis avec sa petite échauguette et son toit mansardé. Il dote le salon d’Olt d’une cheminée monumentale avec des colonnes et un manteau sculpté, de fort belle facture. A l’opposé, il fait construire au-dessus du châtelet d’entrée un appartement dont les fenêtres, surmontées d’un fronton triangulaire de trois pignons arrondis. On lui doit également la terrasse qui surmonte le mur d’enceinte médiéval avec ses balustres qui surplombent le vide. On peut logiquement supposer que c’est sur son initiative que certains décors ont été peints sur des cheminées qui existaient antérieurement. Au rez-de-chaussée du logis, sur la cheminée de la salle basse sont représentées des scènes mythologiques inspirées des Métamorphoses d'Ovide. A l’étage, ce sont des cavaliers dans un paysage devant des murailles qui sont peints sur le manteau de celle qui se trouve dans le salon dit « des chasses ». Avec la mort en 1621 de Jean III, cesse pour près de deux siècles l’évolution architecturale du château, car ses successeurs s’éloignent d’Estaing et vont le plus souvent délaisser leur demeure. Ils se contentent de percevoir les revenus de leurs terres, que leurs reversaient des fermiers et sous fermiers d'autant moins diligents que le propriétaire absent n'assurait pas même l'entretien et les réparations nécessaires. En 1789, le château n'échappe pas au vandalisme de la Révolution. A cette époque, les écussons sont grattés, le château pillé et les bâtiments confisqués. L'édifice est racheté par Madame de Boisseul, sœur de l'Amiral d'Estaing, puis cédé à un habitant du village, Martin, qui en vendit des parties à une vingtaine de propriétaires. Sur le cadastre de 1832, il est signalé que la parcelle 76, propriété de Jean-Fleuret Girou était une cave. La parcelle 77, propriété de Guillaume Picard était une soue, la parcelle 78, propriété de Régis Durieu était aussi une cave. A partir de 1836, le château accueille les soeurs Saint-Joseph. D'abord locataires, les religieuses, dirigées par mère Ursule commencent à racheter tous les lots vendus à la Révolution qui constituaient le château. Elles procèdent à d'importantes réparations et aux aménagements nécessaires, puis créent une institution qui connaîtra un essor rapide. Il ne faudra pas moins de 40 ans pour que le château soit restitué dans son intégrité. En 1930, Elles commandent à André Boyer la construction d'une chapelle près de celle des seigneurs d'Estaing médiévale, devenue trop petite. L'architecte départemental transforma les dépendances où l’on étendait le linge pour aménager la nouvelle chapelle consacrée par l'évêque de Rodez, Charles Challiol, le 7 septembre 1929. Après la Seconde guerre mondiale, le château se transforme progressivement en maison de retraite pour religieuses qui le mirent en vente à la fin du XXe siècle. Dans les années 1970, la terrasse principale fait l’objet de travaux de rénovation.
Périodes de construction :
XVe siècle, XVIe siècle
Propriété d'une société privée
Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?
Site internet : http://estaingdouze.fr/chateau/accueil.php
Fiche Mérimée : PA00094021
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-12-01
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