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Label Architecture Contemporaine Remarquable
Adresse renseignée dans la base Mérimée :
11 rue Marmontel
63000 Clermont-Ferrand - France
Code Insee de la commune : 63113
Puy de Dôme [63] - Clermont Ferrand - Auvergne (Auvergne-Rhône-Alpes)
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
9 rue Marmontel 63000 Clermont-Ferrand
Description :
L’édifice occupe la quasi totalité de la parcelle de forme grossièrement rectangulaire : seule une étroite bande de terrain à l’arrière n’est pas construite. Inséré dans le tissu urbain dense, il est environné par des immeubles et des maisons. La façade principale rue Marmontel ne souffre pas de problème de visibilité. En revanche, il faut rentrer dans la cour de l’immeuble n° 12 avenue de la Libération pour voir la façade arrière (orientée nord-est). Les façades latérales sont accolées aux constructions voisines. De plan globalement rectangulaire, l’église mesure hors tout environ 16,5 m de largeur et de 20,5 à 23,5 m de longueur. En effet, la rue Marmontel coupant en biais l’un des petits côtés du terrain, l’édifice est plus long au sud-ouest qu’au nord-ouest. La maquette du projet publiée en 1963 montre bien le parti général conçu par Marconnet. Au-dessus d’un volume rectangulaire, l’édifice épouse la forme d’une tente dont la toile ne serait portée que par un piquet planté au bord de la rue. L’architecte aurait ainsi voulu symboliser la tente « de rencontre » décrite dans l’Ancien Testament Au-delà de son sens religieux, ce « geste architectural » profite pleinement à la façade principale. En élévation, elle présente les quatre faces d’une pyramide irrégulière très aplatie (les deux faces inférieures étant évidées). La composition est dissymétrique (le côté gauche est plus large que le côté droit), ce qui permet de remédier au biais de la rue. Deux arêtes horizontales séparent les parties inférieure et supérieure de la façade. Verticalement, une ligne jaillit du sol : une première arête passe par le poteau galbé qui semble porter tout le poids, puis elle est prolongée par une seconde arête qui monte jusqu’au sommet de la flèche. Le dispositif crée un signal très fort qui distingue l’église dans le paysage urbain. Marconnet avait imaginé pour la « toile de tente » – un voile en béton armé de 7 cm d’épaisseur – des lignes courbes et tendues, sans rupture ni angle entre le toit couvrant l’édifice et la flèche. La coupe révèle que l’exécution ne fut pas à la hauteur du rêve de l’architecte. L’entreprise chargée de couler le voile de béton ne sut pas construire les coffrages courbes nécessaires. Ainsi, la jonction entre le toit et la flèche est matérialisée par un angle rentrant. La coupe dévoile aussi tout l’intérêt fonctionnel du bâtiment créé par Marconnet. Les commanditaires voulaient disposer certes d’une nouvelle église, mais aussi de salles d’accueil et de réunion. Certaines salles étaient destinées à la vie paroissiale, d’autres mises à la disposition d’associations et autres organismes culturels et sociaux. Marconnet plaça la nef au-dessus de deux autres niveaux abritant ces espaces et un petit appartement. Il dota ainsi l’édifice d’environ 1 100 m2 de surface utile. Le bâtiment possède donc trois niveaux : un sous-sol semi-enterré, un rez-de-chaussée surélevé, un étage abritant la nef et le chœur de l’église. Selon certains, la façade principale pourrait symboliser une Bible ouverte, dos tourné vers la rue, ou la proue d’un navire. Il semble que l’architecte ait voulu représenter deux mains jointes dans la prière. L’effet très sculptural et monumental obtenu ne le fut pas au dépens de la commodité. En rassemblant sur un seul poteau l’essentiel des descentes de charge (les planchers et la plus grande partie du toit prennent appui sur les murs latéraux), Marconnet dégagea la base de la façade de toute fonction porteuse. À gauche, des baies éclairent une grande salle de réunion. À droite, un parvis couvert se développe inégalement de part et d’autre du poteau. Il abrite l’escalier principal d’accès au rez-de-chaussée, ainsi qu’un escalier secondaire desservant le sous-sol. Entre les deux prend place un grand bac à plantes qui symbolise le Jardin d’Éden. Au-dessus du jardin se trouve une petite terrasse : à l’origine couverte de sable blanc et de fluorines, elle représentait le désert biblique. Un mur en pierre borde le côté gauche du parvis. En haut du large escalier principal, les portes en verre du hall ont été remplacées ; à droite, il subsiste cependant une baie avec ses menuiseries en bois d’origine. Le hall principal est un vaste espace rectangulaire au plafond rythmé par des poutres en béton armé. Conformément aux souhaits des commanditaires qui voulaient une église ouverte sur le monde, il est très visible de la rue grâce aux grandes baies donnant sur le parvis. L’escalier sans contremarches menant à la nef se trouve dans la continuité de l’escalier du parvis, mais légèrement désaxé. De l’extérieur, le cheminement paraît ainsi sans rupture, une petite partie de la nef est même visible. Pour obtenir cet effet, Jean Marconnet a dû ouvrir la trémie de l’escalier dans le quart sud-est de la nef. Des bancs se trouvent ainsi placés de part et d’autre de la trémie. La nef et le chœur forment un vaste espace continu. Le voile en béton armé couvre la nef. Ses lignes font converger le regard vers le chœur. Les traces du coffrage sont très visibles, mais leur disposition sans souci de régularité montre que cet état « brut » n’a pas été voulu. En effet, le projet original prévoyait semble-t-il de doubler le voile de béton par une coque ovoïde censée le dissimuler. Les atermoiements du chantier et les difficultés financières conduisirent à l’abandon de cet élément. Les murs latéraux de la nef sont aveugles ; la lumière naturelle ne pénètre que par le vitrail en verre et béton qui ferme au sud-est le mur du fond. En revanche, le chœur reçoit un éclairage naturel zénithal diffusé par les ouvertures situées en haut de la flèche . Favorisé par la pénombre de la nef, ce rayon lumineux contribue beaucoup à la mise en scène. Le sol en pente du chœur est un autre élément architectural au service de la liturgie. Ainsi surélevées, la table sainte et la chaire sont bien visibles. Aucune marche ne vient rompre la continuité entre le sol plat de la nef et le plan incliné du chœur : il s’agissait de montrer qu’il n’existe pas de séparation entre le domaine de l’officiant et celui des fidèles. Les dalles qui revêtent le sol (des lauzes en phonolite) proviennent du mont Gerbier-de-Jonc. Avec les parois et le voile en béton armé brut, elles contribuent à l’ambiance très minérale qui règne dans l’église. En harmonie avec le sol, Jean Marconnet avait prévu un mobilier en acier ou en aluminium et en pierre de Volvic qui ne fut pas fabriqué. Le baptistère, sculpté par Max Zychla est en granite rose du Mayet-de-Montagne. Les vitraux en dalles de verre blanc et coloré serties dans du béton armé ont été exécutés par le peintre-verrier Van Guy. Un paroissien, le docteur Jean Cheynel, en dessina les cartons. Il créa également les peintures sur panneaux d’Isorel qui ornent le hall d’accueil.
Historique :
Depuis 1827, l’église réformée de Clermont-Ferrand se trouvait à l’angle des rues Sidoine-Apollinaire et Jean-Richepin. L’édifice cultuel avait été reconstruit en 1909-1910 par les entrepreneurs Mège et Verdier. À la fin des années 1950, depuis longtemps jugé insuffisant, il menaçait ruine. Les membres du conseil presbytéral décidèrent de construire une nouvelle église. Il fallut toutefois trouver un autre site, des rues Sidoine-Apollinaire et Jean-Richepin étant frappé d’alignement. Le 27 mai 1960, un terrain d’une superficie de 427 m2 fut acquis rue Marmontel, au sud du centre-ville de Clermont-Ferrand. Les commanditaires lancèrent un concours d’architecture2. Dans un premier temps, quatre-vingt architectes se montrèrent intéressés. Par l’intermédiaire d’un ami du pasteur Alphonse Maillot, Le Corbusier fut même contacté verbalement. Il se déclara prêt à concevoir le projet, mais à condition de disposer d’une totale liberté financière. Évidemment, cette demande fit reculer les membres du conseil presbytéral. Finalement, dix-huit architectes concoururent. Le jury se prononça à l’unanimité en faveur du projet dessiné par Jean Marconnet. L’édifice imaginé par l’architecte nancéien avait été jugé le seul vraiment « chrétien », et il offrait davantage de surface utile. La pose de la première pierre eut lieu le 18 mars 1962, le culte de dédicace se déroula le 27 mars 1966. Le chantier débuta en février 1964 et rencontra de nombreuses difficultés. Le sol marécageux imposa par exemple le renforcement des pieux de fondation. Surtout, les travaux coûtèrent plus de trois fois la somme estimée sur le devis initial. Si les paroissiens se montrèrent très généreux (ils financèrent plus de 85 % du projet), l’édifice demeura tout de même inachevé.
Architecte ou maître d'oeuvre :
Marconnet Jean (architecte), Guyet dit : Van Guy Yvan (maître verrier), Cheynel Jean (peintre), Zychla Max (sculpteur)
Datation de l'édifice :
1961, 1966
Année d'obtention du label Architecture Contemporaine Remarquable :
2023
Fiche Mérimée : ACR0000111
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2025-01-09
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