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Adresse renseignée dans la base Mérimée :
35, 37 rue de la Cavalerie ; rue de la Bibliothèque
59163 Condé-sur-l'Escaut - France
Code Insee de la commune : 59153
Nord [59] - Lille - Nord Pas de Calais - Hauts-de-France
Adresse approximative issue des coordonnées GPS (latitude et longitude) :
37 Rue de la Cavalerie 59163 Condé-sur-l'Escaut
Eléments protégés :
Château : classement par arrêté du 17 février 1904 ; Immeubles accolés de part et d'autre au château : rue de la Bibliothèque (façades et toitures sur rue et sur cour) ; rue de la Cavalerie 35-37 (façades et toitures sur rue et sur cour, escalier à balustres conduisant à l'actuelle bibliothèque, plafonds décorés du premier étage) (cad. D 203 à 205) : inscription par arrêté du 3 juillet 1987, rectifié par arrêté du 19 février 1988
Description :
Avertissement : les références cadastrales renvoient à l'ensemble de l'emprise du château et de ses jardins tels que figurés sur le plan de 1754. Les bâtiments conservés sur la rue de la Bibliothèque (n° 27 à 39) et la rue de la Cavalerie (n° 1 à 5) , c'est-à-dire le château et ses ailes, sont identifiés sous les références cadastrales 2008 AP 153 à 157, 179, 216 à 219. Le propos descriptif est ici recentré sur le corps de bâtiment médiéval et les ailes sur les rues de la Cavalerie et de la Bibliothèque. Corps de bâtiment médiéval, à l'extrémité nord-ouest de la rue de la Cavalerie, façade donnant sur la place Verte : de plan massé, flanqué de quatre tourelles couvertes par des toits coniques (trois d'entre elles sont en encorbellement) , il est édifié en grès, de moyen appareil sur les faces tournées vers la ville, en moellons sur l'arrière. Les voûtes décrites plus loin sont aussi en grès. L'encadrement des ouvertures et les croisées sont en pierre calcaire (pierre de Bavay ?). En façade principale, les baies du rez-de-chaussée et du 1er étage sont closes par des châssis à petits bois, celles du 2e étage, des fenêtres à croisées de pierre, étant par contre articulées par des meneaux et traverses. La toiture à longs pans et croupes brisés se termine par un égout retroussé qui repose sur des corbeaux de pierre. Trois lucarnes en menuiserie à piedroits à volutes, couvertes par une croupe débordante, s'ouvrent vers la place Verte. L'ensemble des couvertures est en ardoise, à l'exclusion du côté vers place Verte, en feuilles bitumées. Un passage couvert, pavé, traverse le rez-de-chaussée en son centre. Voûté, dans sa section antérieure en berceau plein cintre puis, dans sa section postérieure, en berceau brisé, il comporte un assommoir côté place Verte et conserve le dispositif d'accrochage des vantaux de porte. Les deux pièces du rez-de-chaussée, voûtées de berceaux plein-cintre, s'ouvrent de part et d'autre dans le passage, l'une d'entre elles est la chambre du portier de l'inventaire de 1745. Ce passage débouche sur ce qui est maintenant une courette, vestige croupion de la cour d'honneur. L'accès à la cave et aux étages n'est possible qu'à partir de l'arrière du bâtiment. Une petite cave voûtée en berceau dont l'accès originel se faisait depuis la cour s'étend sous une partie de l'arrière du bâtiment. Un escalier en vis abrité par la tourelle ouest, la seule qui part de fond, assurait la desserte exclusive des étages jusqu'au début du XXe siècle. Son emmarchement est réalisé en pierre calcaire marbrière à l'exception du niveau d'accès au comble, en bois. Les étages du bâtiment sont planchéiés. Le 1er étage est composé de deux pièces principales et d'une antichambre (qui conserve les corbeaux ayant supporté le plafond médiéval) , ce qui pourrait correspondre à la composition du troisième appartement cité dans l'inventaire de 1745. Le 2e étage abrite une unique et vaste salle à poutres apparentes, dont les dimensions avoisinent 5 m en largeur et 14 m en longueur. Plusieurs couches d'enduit recouvrent les murs. Une cheminée monumentale est adossée au mur-pignon nord-est (voir notice IM59002507) ; la tourelle nord abrite les latrines saillant en encorbellement au-dessus de la chaussée de la rue de la Bibliothèque. Les tourelles (hors celle de l'escalier) , dallées de carreaux de céramique rouge, sont couvertes par des voûtes coniques. L'étage de comble est dallé de carreaux de céramique. L'aile correspondant aux actuels n° 35 et 37 rue de la Cavalerie comprend un sous-sol partiel, un rez-de-chaussée et un étage de comble couvert par un toit à longs pans d'ardoises. La façade sur rue, défigurée par l'application d'un parement de briquettes jaunes, ne permet pas d'approche de la mise en oeuvre architecturale, qui demeure cependant appréciable en façade arrière. Sur un solin de pierre s'élève une maçonnerie de brique interrompue par les encadrements de baies en pierre calcaire. La première travée côté cour (qui correspond au pan de mur non revêtu du briquettes côté rue) a conservé la lisibilité des dispositions de la première moitié du XVIIe siècle : une porte au chambranle mouluré en pierre surmontée d'un fronton triangulaire assez fruste, au-dessus de laquelle se développe une baie aux proportions d'une porte-fenêtre. Des reprises sont cependant visibles. Depuis la fin du XVIIe siècle, cette travée correspond à l'emplacement de l'escalier de Louis XIV, distrait en 1912 de la distribution de la maison pour permettre un accès plus commode au corps de logis médiéval abritant alors musée et bibliothèque. Cet escalier en charpente, tournant à retours avec jour, comporte une rampe d'appui à balustres plats. Il commande actuellement l'accès à la cave du bâtiment médiéval et en dessert le 1er étage. Dans cette aile, qui abritait semble-t-il l'apartement du Roy cité dans l'inventaire de 1745, sont aussi conservés les plafonds à compartiments recoupés par le cloisonnement intervenu lors de l'appropriation en appartements au début du XXe siècle (voir notice IM59002509). Au-delà du mur-pignon débordant, les n° 27 à 33 rue de la Cavalerie sont bâtis dans la continuité des n° 35-37 et en reprennent le volume. Les n° 31 et 33 sont revêtus d'un enduit de ciment, les n° 27 et 29 montrent une façade de brique, mais les façades arrière, dans lesquelles domine la brique, comprennent aussi, au-dessus d'un solin de grès, des moellons de grès et de la pierre calcaire blanche. Les percements ont été repris. Les toitures à longs pans sont couvertes de tuile ou de matériau synthétique. Une corniche de pierre blanche court du n° 27 au n° 33 tant sur les façades avant qu'arrière. Le mur-pignon du n° 27 atteste bien une construction ancienne, qui semble chronologiquement cohérente avec celle des n° 35-37. L'aile de la rue de la Bibliothèque (n°1 à 5) montre actuellement une façade résultant des aménagements des années 1906-1908. Un enduit de ciment donnant l'illusion d'un appareillage et d'une modénature de pierre dissimule la brique. L'élévation, à travées, comprend un sous-sol, un rez-de-chaussée, un étage carré et un étage en surcroît, au n° 1-3 (ce que ne prévoyait pas le projet de l'architecte Lemaire en 1906) , peut-être un 2e étage carré ou aussi un étage en surcroît plus développé au n° 5. Le toit à longs pans est couvert de bacacier, de tuiles et d'ardoises synthétiques. Les deux premières travées de façade correspondent sur l'arrière à une élévation qui se raccorde de façon pragmatique au corps de bâtiment médiéval (voir cliché) ; un burguet, et une porte donnant accès à un escalier demi-hors-oeuvre en vis, en charpente, prennent jour dans la courette du corps de bâtiment médiéval. Ces travées ont été restaurées, avec modifications des percements anciens, par l'architecte en chef des Monuments historiques (1986). L'ensemble des façades arrière, très dégradé, est élevé en brique avec encadrement des baies en pierre blanche ; la corniche est ornée d'une frise de briques posées en dents de scie. Des lucarnes à croupe débordante et piedroits à volutes gravés ponctuent la toiture couverte en bacacier et matériau synthétique.
Historique :
Le château date du XVe siècle. Les immeubles de part et d'autre du château sont quant à eux du XVIIe siècle.
Deux seigneuries se partageaient la ville de Condé au Moyen-Age, la seigneurie gagère ou du château (voir notice Château fort) et la seigneurie propriétaire, dite aussi de Bailleul, qui releva des familles de Condé-Bailleul-Moriamez jusqu'en 1391 - nom sans lien avec la ville de Bailleul en Flandre, mais plutôt d'une étymologie commune avec celui du château de Beloeil, en Hainaut belge -, puis de La Hamaide jusqu'en 1485, de Roghendorf en 1531, de Lallaing (ou Lalaing) à partir de 1559 (date à laquelle les deux seigneuries ont été réunies) et enfin de Croy à partir de 1608 et jusqu'à la Révolution. Un premier château dépendant de cette seigneurie a probablement préexisté. Le corps de bâtiment médiéval encore en place, donnant en angle sur la place Verte, a été édifié pour Jean de la Hamaide (mort à Azincourt en 1415) dans les années qui précèdent la date de 1411 autrefois portée en façade avec les armes de cette famille sur un écu toujours visible mais dont les reliefs ont été bûchés. Cette résidence est qualifiée d'hostel dès la fin du XVe siècle (cité par le Rapport sur les antiquités..., p. 39, note 17). En 1544, Christophe de Roghendorf crée une orangerie et des jardins qui s'étendent jusqu'au rempart médiéval, mais dont l'organisation n'est pas connue. Cependant, le plan cavalier aquarellé de la ville dressé par le géographe Jacques de Deventer vers 1550 (édité en 1911 dans l'Atlas des villes de Belgique au XVIe siècle) semble indiquer la présence de bâtiments conséquents en coeur de parcelle ; faut-il y lire la survivance d'une ensemble castral plus ancien ? De même, une des gouaches réalisées par Adrien de Montigny entre 1595 et 1610 pour Charles duc de Croy (publiées dans les Albums de Croy en 1986-87) et présentant des vues cavalières de la ville, paraît indiquer la présence d'une haute tour à l'arrière de l'hôtel aisément reconnaissable - à moins qu'il ne s'agisse là d'une tour d'enceinte figurée de façon hypertrophiée. Par ailleurs, c'est dans le courant du XVIe siècle que sont édifiées l'aile de la rue de la Bibliothèque puis celle de la rue de la Cavalerie (DAUVERGNE) , qui poursuivent le corps de bâtiment médiéval. Dans les années 1640, le couple Jeanne de Lallaing - Jean de Croy fait modifier l'aile de la rue de la Cavalerie, dont la façade arrière porte les armoiries des Lallaing et la date de 1643. Dans cette aile, les plafonds conservés attestent une datation de la 2e moitié du XVIIe siècle, et un grand escalier (dit escalier de Louis XIV en souvenir du séjour du roi en 1691) y est construit à la fin du siècle. La famille de Croy fait aussi construire les trois ailes intérieures en retour, délimitant ainsi trois cours ; l'aile en retour nord-est disparaît des plans entre 1727 (plan de Claude Masse) et 1754 (Plan des rues qui composent la ville de Condé). Au XVIIIe siècle, le château est régulièrement habité par la famille de Croy ; Emmanuel de Croy (1718-1784) , futur duc et maréchal, y nait. Le décès de sa femme, Angélique-Adélaide d'Harcourt (1719-1744) , donne lieu en 1745 à un inventaire qui énumère les parties constituantes du château, en donne la distribution intérieure et détaille l'ameublement (commenté par DAUVERGNE) ; une grande partie de celui-ci est ensuite déménagé vers le château de l'Hermitage. L'édifice abrite alors plusieurs appartements, les archives de la famille, des cabinets de curiosités ; la bibliothèque est conséquente, l'aile qui l'abrite fait l'objet d'un agrandissement de six pieds aux dépends de la rue adjacente, à laquelle elle donne son nom en 1784 (DION). Les appartements princiers se situent dans l'aile de la rue de la Cavalerie, l'apartement du Roy cité dans l'inventaire de 1745 s'étendait probablement au 1er étage du corps de logis médiéval. En 1748-49, des réparations (cité par DAUVERGNE) sont dirigées par l'ingénieur militaire Louis Franquet, ingénieur en chef de la place de Condé : s'agit-il des percements de la façade et du rehaussement du comble du corps de bâtiment médiéval, et de la reprise des ailes, modifications dont le style atteste le XVIIIe siècle ? Est-ce alors que les tourelles reçoivent un niveau supplémentaire et que disparaissent les mâchicoulis dont l'existence est supposée par l'historien de la fortification Nicolas Faucherre (communication orale) ? Le jardin, dont le dessin figure sur le Plan des rues qui composent la ville de Condé en 1754, est adjoint d'une orangerie et d'une pépinière ; on y pénètre depuis le passage traversant le château médiéval, qui donne accès à la cour d'honneur séparée du jardin par une clôture de plan cintré. Les communs se répartissent autour des cours occidentales. Une brasserie est mentionnée. Déclaré Bien national en 1793, le château est acheté le 24 vendémiaire an V (15 octobre 1796) par le sr. de Saint-Moulin. Le mobilier est placé sous séquestre en 1793 et les manuscrits, les objets précieux, tableaux, estampes, rapidement envoyés à Valenciennes, où ils sont rejoints par le contenu de la bibliothèque en 1796. En 1829, une ordonnance royale autorise la ville à acquérir divers bâtiments avec dépendances pour servir à l'élargissement de la rue de la Bibliothèque. L'aile longeant cette rue est alors diminuée en épaisseur, mais le sr. Mention, propriétaire du château depuis 1827, conserve la propriété et l'accès des caves situées sous la partie démolie. Un plan de 1841 montre l'organisation du jardin. Deux actes de vente en date du 14 septembre 1883 entérinent la cession à la ville par le sr. Mention et Mme Lefebvre, sa fille, du château, de ses dépendances et des terrains qui, précisait le procès-verbal de la séance du Conseil municipal du 28 décembre 1882, représentent en superficie la neuvième partie de la ville. L'année suivante, le rapport de M. Cavel, rapporteur de la commission des travaux, sur la modification de l'alignement de la rue de la Cavalerie signale le souvenir historique de l'édifice et son cachet monumental incontestable pour préconiser sa conservation. Les terrains libres derrière le château, correspondant à l'emprise du jardin, sont cédés, pour partie à l'administration des hospices dès 1884 afin de permettre la construction d'un hospice, et pour l'autre partie à des particuliers, par vente aux enchères, de 1884 à 1903. L'ensemble de la cession donne lieu à l'établissement d'un plan concerté de percement de rues (rues Faidherbe et du Maréchal-de-Croy) et de lotissement. Les anciens communs (écuries ?) qui constituaient la deuxième moitié, vers le sud-ouest, de l'aile de la rue de la Cavalerie, actuellement n° 27 à 33, ont été cédés et transformés dès 1884. Les bâtiments qui délimitaient le fond de la grande cour de service disparaissent rapidement. Le musée et la bibliothèque de la ville (fondée en 1874) sont installés vers 1890 dans le corps de bâtiment médiéval qui est classé au titre des Monuments historiques en 1904 ; mais les ailes, dont la qualité patrimoniale est moins reconnue, ne sont inscrites qu'en 1987 (arrêté rectificatif en 1988). Les anciens communs (n° 27 à 33 rue de la Cavalerie) ne sont pas concernés par la protection au titre des Monuments historiques. Ces ailes, actuellement identifiées par les n° 35-37 rue de la Cavalerie donnés en location par la ville dès la fin du XIXe siècle, et 1-3 rue de la Bibliothèque, ont nécessité leur appropriation pour l'habitation. L'architecte Edmond Lemaire est chargé du chantier. Il propose en 1906-08 un aménagement intérieur, un percement et habillage complet de la façade sur la rue de la Bibliothèque restée nue et quasiment aveugle depuis le reculement de 1829. Puis, en 1911-12, il procéde à une division de l'aile rue de la Cavalerie en deux logements de rapport, en en distrayant l'escalier de Louis XIV pour la desserte du musée - le cloisonnement de ces logements présente par ailleurs quelques différences avec celui indiqué par le projet de l'architecte. C'est peut-être lors de ces travaux que disparaissent les pas-de-moineaux qui sommaient le pignon séparant les n°35-37 des anciens communs. La façade de l'immeuble n° 35-37 rue de la Cavalerie a été revêtue de briquettes de parement, vers 1960 ; il a été vendu en 1988 à l'office des HLM de Valenciennes (actuellement Val Hainaut Habitat). La cession du 1-3 rue de la Bibliothèque à un propriétaire privé est intervenue en 1995. Des restitutions d'une partie des percements d'origine des tourelles du corps de bâtiment médiéval ont été tentées par Etienne Poncelet, architecte en chef des Monuments historiques, en 1987-88. Le musée semble avoir été fermé au public dès les années d'entre-deux-guerres ; les collections y ont été conservées jusqu'à leur transert dans l'hôtel de ville vers 1970 (quelques oeuvres sont cependant encore en place dans le château). La bibliothèque municipale a quitté le château vers 1990. Actuellement (2008) , l'édifice est sans affectation sinon l'utilisation des salles du 1er étage par l'association Archéolocale. Les couvertures sont en mauvais état, des étais renforcent l'escalier et l'une des salles du 1er étage.
Périodes de construction :
XVe siècle, XVIIe siècle
Propriété de la commune
Ouvert ou fermé à la visite, location de salle, chambres d'hôtes ?
Fiche Mérimée : PA00107436
Dernière mise à jour de la fiche Monumentum : 2024-11-30
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